Le psychiatre venait de quitter ma chambre. J'étais complètement perdue. Il ne me croyait pas le moins du monde. Pourquoi m'avoir demandé si c'est pour partir de cette manière ensuite ? Frustrée je tournait en rond dans ma chambre à la recherche d'une occupation puisque je n'avais apparemment pas le droit de sortir et, si j'en crois les dire du docteur MILLER, il se pourrait bien que je soit coincée ici un petit moment. Je n'avais plus toutes ces voix dans ma tête qui faisait de moi la folle que je suis. Mais malgré cela je n'arrivais pas à trouver la paix intérieur. Avec elles je n'étais pas grand chose. Mais sans elles je ne suis rien. Je n'ai aucun amis, je suis une charge pour mes parents et je n'ai jamais réussi à finir ma scolarité. J'étais vraiment bonne à rien et parfaitement incapable de dire ou de déterminer ce que la vie pourrait m'apporter de positif. Je n'avais envie de rien. Rien ne m'attirais. Et j'avais l'affreuse sensation de ne pas être à ma place, de ne pas être celle que je suis réellement. Avec le temps j'étais certaine que je pourrais le découvrir. Mais je ne voulais pas de ce temps.
Je me mis alors, discrètement, à repérer tout ce qui composait ma chambre et la salle de douche qui y était attenante. Un lit, un placard - vide -, un fauteuil près de la fenêtre - qui ne peut être ouverte -, des draps, une douche - accrochée au mur -, un lavabo, des toilettes. Ils ont également laissé à ma disposition une serviette propre et un carré de savon. Rien de très utile en soi. Le savon ? Inintéressant, le placard ? Pourrait servir si l'envie d'être tranquille me prenait. Le lit ? oui le lit ! On devrait pouvoir y trouver des vis, quelque chose de coupant tout du moins.
Je me penchais donc dessous le lit afin d'y trouver quelque chose. Il y avait en effet une vis qui eu vite fait d'attirer mon attention. Je me précipita dessus et tenta de la Desserrer en me protégeant les doigts de mon drap. Rien n'y faisait. J'étais incapable de la bouger d'un seul millimètre.
Merde... il faut que je trouve un moyen pour l'enlever ! Elle est tellement serrée qu'on pourrait croire qu'ils l'ont collée ! A défaut de pouvoir réellement mettre fin à mes jours avec, je pourrais au moins me scarifier. Ça m'occupera et ça soulagera le vide qui se trouve en moi...Ca ne sert à rien ... dit alors une petite voix dans ma tête.
Ca ne sert à rien ? Bien sur que ça me sert ... Attend... deux minutes ?! C'est moi qui est réellement pensé ça ou .. ?!
Ce n'est pas toi Aerin, en effet. Enfin si, puisque nous passons actuellement par l'intermédiaire de ton esprit pour communiquer avec toi. Mais les pensées originelles viennent de nous. Ton esprit ne sert que d'intermédiaire entre nous et toi.
Nous ? Comment ça nous ? Vous êtes plusieurs ?
Bien évidement ! As-tu vraiment cru qu'une seule personne pouvait faire autant de bruit à la fois ? Ahahah.
Vous voulez dire que... c'est vous qui vous moquez de moi depuis tout ce temps ? A plusieurs ? Genre 10, 20, 30 .. ?
Hum c'est un peu compliqué à déterminer... certaines personnes sont restées jusqu'au bout, d'autres ont changées de cibles. Mais je dirais en moyenne une centaine par jour.
Ouais je comprend mieux... mais euh ... vous êtes quoi exactement ?
Des fantômes. Des esprits. Des âmes errantes. Comme tu préfères. Nous nous faisons appeler, les Revenants.
"- Des fantômes ?! La bonne blague... en faite je suis pas schizophrène non je suis complètement folle ! Bonne à jeter ! Ce sont pas des médicaments qui vont me sauver ! "
Je me relevais dans ma lancé pour accompagner le geste à ma tirade. Cependant, je sauta trop vite sur mes pieds et me cogna la tête au bord du lit, ce qui me força à rester assise un peu plus longtemps.Faits attention ! Je t'assures tu dois me croire ! Tu as un don ! Très spécial ! Tu es unique Aerin !
Uniquement débile oui !
Un bruit de pas pressé se fit entendre au bout du couloir. Je voulu me relever en vitesse en m'aidant du drap mais celui-ci ne fit que me tomber dessus. Je me retrouva alors dans une situation encore plus complexe et suspecte lorsque l'infirmière entra dans ma chambre.
"- Mademoiselle, que faites-vous comme ça ? Et à qui parliez vous ?
- Je suis tombée et je ne parlais à personne, mentis-je à moitié. Il n'y a que moi ici. A qui voulez vous que je parle ?
- Tout le problème est bien là, c'est que ce n'est pas la première fois que vous discutez avec votre imaginaire. Et tout le personnel infirmier vous a entendu crier ! Vous avez même parlé de fantôme et de ne plus vouloir de vos médicaments. Vous savez pourtant que ça ne serait pas une bonne chose de faire cela ! Je vais devoir en référer au docteur MILLER, mademoiselle. En attendant, ADAM va venir vous voir."
Sur ces mots elle sorti de ma chambre. Au moins cinq bonnes minutes passèrent - car je n'avais pas de montre pour le certifier - quand Adam poussa la porte de ma chambre. Entre temps, je m'étais relevée et installée dans le fauteuil près de ma fenêtre.
Plutôt jeune pour un médecin, me fit remarquer la voix masculine dans ma tête.
Il est interne, pas médecin. répondis-je instinctivement, oh et puis pourquoi je prends la peine de te répondre ?! Je ferais mieux de faire comme si je ne t'entendais pas !
"- Aerin ! Vous m'entendez ?! me demanda Adam tout en passant sa main devant mon visage.
- Ah euh oui, excusez-moi j'étais perdue dans mes pensées, dis-je un peu paniquée.
- Dans vos pensées ou dans celles des autres ?"
Je ne sus pas répondre du tac au tac à cette question pour le moins inhabituelle. Peut être est-ce comme cela qu'il appelle "les voix" avec les autres patients. Peut être pour éviter de les perturber. De toute manière, cela ne changeait rien à mon problème, je ne pouvais lui dire que les voix étaient revenues, enfin UNE. Ils auraient alors eu la confirmation au fait qu'ils pensaient tous que je mentais. Je devait maintenir ma position. D'autant plus que de toute manière j'ai bien compris que la médecine ne pourrait rien y changer. Autant essayer de rester à minima rationnelle et essayer de sortir le plus rapidement possible d'ici.
"- Les miennes bien évidemment Adam ! Comme s'il était possible de rentrer dans l'esprit des gens ! Je fis alors mine de m'esclaffer pour appuyer mes propos.
Je vis son regard me scruter avec attention. Il n'eu pas l'air tout à fait convaincu mais ne le dit pas.
- Oui vous avez raison, ma question était un peu idiote. D'après une des infirmière du service vous étiez un peu agitée. Il faudrait que vous arriviez à vous reposer après ce que vous avez vécu. Je vais vous injecter de quoi vous faire dormir quelques heures. On viendra vous apporter votre repas du soir sur un plateau. Comme d'habitude.
- Est-ce vraiment oblig...
- On ne discute pas. C'est pour votre bien Aerin. Affirma-t-il avec un large sourire.
Après cela deux autres infirmiers entrèrent dans ma chambre avec une aiguille. Ils m'injectèrent le produit translucide dans le bras. Ma vision devient alors floue pour me faire sombrer de nouveau dans les ténèbres. Un rituel qui me semblait plutôt fréquent ces derniers temps.
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Le voile de la folie //PAUSE\\
General FictionPourquoi la vie ? Pourquoi la mort ? Que représentent réellement les pensées ? Que sont-elles ? Que savons-nous réellement des innombrables vérités qu'abrite ce monde ? Qui sommes nous réellement ? Quel est notre raison d'être ? Et si nos croyances...