Chapitre 3

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Eva était sur le chemin du retour. Elle avait ramassé ses feuilles déchirées, puis elle avait rassemblé tous ses stylos et crayons. Dans la dignité, elle était partie.

"Fait chier."

Siffla t-elle en y repensant encore. Elle ne cessa d'imaginer les choses qu'elle aurait pu (dû ?) répondre.

Ou même, ne rien dire.

De toute manière, ils ont déchirés ses feuilles. Même si elle avait dit quoi que ce soit, ils étaient beaucoup plus fort qu'elle.

Eva se sentait à la fois honteuse et hors d'elle !

À vrai dire, elle n'avait pas compris qu'est ce qu'ils avaient contre elle. C'était juste de la violence morale gratuite.

Elle fit cette conclusion en arrivant chez elle. Quand elle ouvrit la porte, elle vit son père, au téléphone, qui marchait d'un pas sérieux.

Il énervait Eva profondément.

Et c'était sa faute si Eva c'était fait agressée, se disait-elle : s'il était un père à peu près normal et moins égoïste, Eva ne serrai pas parti ce matin, comme tous les samedis, afin de l'éviter.

Elle ne lui adressa pas la parole et monta dans sa chambre.

Quelque chose l'a saisit à ce moment. Quelque chose qui lui faisait peur et qu'elle détestait par dessus tout : l'ennui.

Elle n'avait plus la motivation de travailler. Elle n'avait pas envie d'appeler ses amies et de "potiner" pendant des heures. Elle ne pouvait pas descendre dans son salon pour regarder la télé car son père était en bas. Elle n'avait pas d'ordinateur.

Rien ne l'intéressait sauf une chose : lire.

À contre cœur elle prit les deux livres empruntés à la médiathèque un peu plus tôt. Elle n'aimait pas commencer un livre la journée car elle savait très bien qu'elle le finirait dans l'heure. Elle adorait lire un chapitre tous les soirs, c'est une sorte de fin de journée bien méritée.

Elle se mît donc à lire Maybe sometimes.

***

Lundi matin

Dans le bus, Eva rejoignit Mathilde. Elle n'avait pas eu de ses nouvelles depuis samedi.

"Salut Eva.

-Ça va ?"

Eva ne disait jamais bonjour. Ce n'était pas par manque de politesse mais c'était une sorte de mauvaise habitude. Pour elle, "bonjour" était une perte de temps sur le sujet important.

"Oui oui, ça va. Et toi ?

-Ouai." Conclu Eva en s'affalant sur le siège en face de son amie.

"J'ai révisé tout mon éco ce week end ! J'en peux plus, je te jure vivement ce fichu bac que je puisse tout oublier ! Riait Mathilde.

-Non moi j'ai fais un peu d'histoire, genre les mémoires et le socialisme en Allemagne. Après j'ai voulu faire de la philo mais..."

Eva se tut en repensant à la raison pour laquelle ses révisions s'étaient arrêtées. Mathilde ne vit pas le problème et attendait la fin de la phrase. Celle-ci insistât donc :

"Mais ?

-Mais j'avais pas la motiv'."

Cette phrase était une bénédiction pour Eva qui n'avait aucune envie de se confier. En vérité, Eva ne se confiait jamais à qui conque. Pas même à ses amies qui ignoraient l'abondons de sa mère, sa vie avec son père... Eva n'invitait jamais ses amies chez elle car elle avait honte de sa vie. Et même si elle vivait dans une belle et grande maison, elle ne voulait pas qu'on pénètre dans sa sphère privé.

Quant à Mathilde, la froideur d'Eva était une habitude. En aucun cas elle ne la prenait pour elle. Lilou, Mathilde et Alix appréciaient beaucoup Eva malgré la distance qu'elle mettait.

Les deux filles étaient arrivées à la gare. Elles descendirent et rejoignirent Lilou et Alix qui les attendaient.

Après les retrouvailles du samedi matin et le point sur les révisions de chacune, le bus des filles était arrivé.

Elles arrivèrent vite au lycée.

Eva apprit quelques nouveaux "potins".
D'abord, Lilou avait surprit Lucie sortir des toilettes avec un gars de terminal S2. Ensuite, Alix avait su, grâce à une seconde qui discutait avec ses amies en étude, que Maxence louchait sur Mathilde. Mathilde, à cet instant a fait semblant de se faire vomir. Celle-ci a raconté les nouveautés avec Tom. Eva a finit la séance en apprenant à ses amies que Maël était "amoureux" de quelqu'un. Les quatre filles se mirent à rire en même temps.

"Amoureux de qui ? Qui est cette pauvre fille ? Demanda Lilou.

-Je sais pas, mais une chose est sur on va bientôt le savoir." Avait répondu Eva.

Maël était un enfant unique et pourri gâté. Quand il "tombait amoureux" d'une fille, il faisait tout pour la séduire jusqu'à ce qu'elle craque. Une fois qu'ils sont en couple, il faisait tout pour coucher le plus vite possible. Puis il se pavanait devant ses potes en vantant ses prouesses sexuels. Il restait ensuite avec la fille quelques jours ou quelques semaines. Puis, au moment où il commençait à s'ennuyer, il larguait la pauvre fille qui pensait être différente.

"Les filles, en cours."

La CPE était arrivée à leur hauteur. Les quatre amies cessèrent de rire et partirent.

Une fois devant leur salle, les quatre filles continuèrent de discuter jusqu'au moment où Armand arriva. Il passa son bras autour de la hanche de Lilou et la rapprocha d'elle. Il lui fit un bisou sur le front puis il s'adressa aux trois filles :

"Je peux vous l'emprunter quelques instants ?"

Lilou gloussait comme une gamine de 14 ans. Eva fit un sourire et un signe de tête au garçon. Elle ne pouvait qu'être attendrit par cette scène pourtant niaise.

Mathilde attendit que le couple soit plus loin pour lancer :

"«je peux vous l'emprunter quelques instants ? fit-elle en caricaturant Armand.

-Mathilde arrête un peu, ça fait six mois. Et si elle est heureuse, respecte la ! Respecte son choix ! S'énerve Alix.

-Oui Mathilde, c'est pas leur faute ce qu'il se passe avec Tom. Essaie de faire des efforts, c'est nos derniers instants qu'on passe ensemble." Renchérit Eva.

Mathilde baissa la tête et les trois filles se turent. Chacune pensaient à leur futur vie étudiante. Elles allaient être séparées et pour sur : aucune des quatre n'avaient choisi la même orientation.

Le prof de math arriva et brisa ce moment de "nostalgie avant l'heure".

Eva s'assit à côté d'Alix au deuxième rang. Celle-ci lui sourit en sortant ses affaires.

Eva fit de même.

Mais quand elle ouvrit sa trousse, elle se rendit compte que quelque chose manquait. Elle paniqua et se mît à vraiment fouiller entre les stylos. Rien n'y fait, elle avait perdu la dernière chose qu'elle tenait de sa mère : son stylo plume.

Eva Kenesky -Un cœur de pierreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant