Je me réveillai au doux son de cris dans le couloir qui longeait ma chambre, mêlant voix féminine et masculine, ce qui était du moins inhabituel, ce bâtiment étant réservé à la gente féminine. Ils allaient m'entendre. Je n'avais pas pu prendre tout mon temps de sommeil, j'avais mal à la tête, et mes tympans étaient sur le point d'exploser. Je vis en un rapide coup d'œil que Lena n'était toujours pas rentrée de son entraînement, et je me décidais à aller régler le compte de ces deux imbéciles qui beuglaient juste à côté.
Je ne cherchais même pas à savoir si j'avais l'air présentable. Je pouvais sentir les nœuds dans mes cheveux semi-attachés, qui tombaient en une sorte de carré plongeant, ainsi que les traits d'un sommeil interrompu trop tôt sur ma joue. Je sortis telle une furie(et c'est peu de le dire), claquant la porte au passage, marchant d'un pas rapide dans ce qui me semblait être une démarche déterminée.
Un soupir de découragement s'échappa de ma bouche lorsque je vis la raison de tout ce tapage. Encore lui. Toujours lui. Toujours là pour me pourrir la vie, toujours là pour me donner une raison en plus de commettre un meurtre. Son meurtre. Alton.
A première vue, personne ne pourrait imaginer à quel point ce jeune homme était manipulateur et énervant. C'était un demi-elfe noir,et contrairement à toutes les idées reçues, il étaient très courant que des mères humaines donnent naissances à un croisé tel Alton, les femmes elfes noires étant pour la plupart infertiles et dénuées de tout sens maternel. Ainsi, les croisés n'étaient pas si mal vus, faisant maintenant parti d'un communauté de plus en plus nombreuse, malgré le dédain des purs envers eux. Alton était un peu spécial, car il n'était pas né d'une mère humaine et d'un père elfe, mais d'une mère croisée et d'un père elfe, ce qui le rendait à la fois plus puissant que n'importe quel croisé, plus compréhensif que n'importe quel elfe noir envers la race humaine et ses caractéristiques, sa culture. Même si je devais avouer que je ne l'avais jamais vraiment vu être compréhensif avec quelqu'un. De sa lignée un peu spéciale, il possédait les caractéristiques physiques : grand, peut être 1m80, le teint tirant entre le gris et le violet terne, un élégance et une agilité qui se reflétait dans son allure, ainsi que de longs cheveux raides,nuancés entre gris et blanc. Cependant, ses yeux étaient eux très humains, et on pouvait y lire ses sentiments tellement facilement...d'une teinte verte sombre virant au marron à la pupille, ses yeux faisaient ressortir son visage et sa peau d'une manière tellement rare que l'on ne pouvait s'empêcher de se retourner sur son passage, même si ce dernier n'accordait aucun regard au monde extérieur.
Oui,je pouvais dire sans mentir qu'Alton était d'une beauté rare, mais aussi dangereuse que lui pouvait l'être. Il était aussi maléfique que sa beauté transcendante. Oui,dangereux, ça il l'était. Héritier des deux races, il possédait une magie propre aux elfes noires, brute et puissante, féroce, ainsi que l'aisance et l'agilité que lui conférait son physique. Mais des humains, il avait aussi l'intelligence et le contrôle de soi, ainsi qu'un sens stratégique très développé, ce qu'un pur elfe noir ne pouvait pas avoir, aveuglé par son désir de sang, qui l'empêchait d'être clairvoyant et prudent.
En résumé, il était ce que j'appelle couramment un ange de la mort ;magnifique et dangereux.
Mais le fait était que je l'était autant que lui, et qu'il commençait sérieusement à me taper sur les nerfs.
Alton était en train de crier comme un gamin sur deux petites de 8 ou 9ans, que je ne connaissait pas vraiment, pour être arrivées à l'EAC quelques mois auparavant, pour je ne sais quelle raison, mais je m'en foutais totalement. Il n'avait rien à faire ici.
«Alton ! m'écriai-je d'une voix empreinte de colère, lui lançant en même temps un regard qui se voulait noir, mais qui devait plutôt refléter une certaine fatigue à en voir sa réaction lorsqu'il se retourna au son de ma voix.
- Victoire...,dit-il en me voyant, déjà rentrée ? continua-t-il en prenantun air dépité.
Il me fatiguait déjà. Deux phrases, et j'avais déjà envie de lui crier de se taire. Il vit que je me contrôlais afin de ne rien faire de stupide, et en profitant pour continuer :
- Benquoi ?? Tu ne me fais pas de câlin ? ricana-t-il avec unelueur malicieuse au fond des yeux, t'as pas assez dormi ou quoi ?On dirait un zombie, et encore, je ne pense pas que ces derniersapprécieraient la comparaison !
Il avait vraiment ce don pour m'énerver.
- Quoi,je t'ai dérangée ? Tu étais en train de te reposer c'estça ? recommença-t-il, la mission était trop compliquée pourtoi ?
Il fallait que je me calme maintenant, ou j'allais commencer à le frapper.
- C'estsûr que niveau mission, toi tu assures ! Pourtant... attends,il est où ton nom déjà sur la liste ? Ah oui ! Deuxièmeplace c'est bien ça ? Ah c vrai, je t'ai encore battu,répliquai-je avec un malin plaisir en voyant ses yeux étincelersous la colère. Ben quoi ? J'ai dis quelque chose qui nefallait pas ?
Les deux petites avaient profité de notre inattention pour filer, ce qui n'était pas plus mal pour elles au final, voyant Alton commençant à s'énerver, fermant les poings. Les elfes avaient unetelle fierté qu'ils étaient tellement faciles à mettre en colère... et Alton n'y échappait pas, tombant à chaque fois dans le panneau.
- Aumoins, moi j'ai quelqu'un à qui montrer ce dont je suis capable ! commença-t-il, un mauvais sourire au coin des lèvres.
Le sang me monta à la tête d'un seul coup, et sans même réfléchir une seconde à ce que je faisais, j'avais renversé Alton, tête contre le sol, genou contre sa poitrine, poing levé, prêt à frapper sa petite tête stupide d'arrogant. Il ne se débattait même pas, rigolant en me regardant avec un plaisir malsain!
- Quoi,j'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ? Ils sont où tesparents Vicky ? Elle est où ta famille ? Ah c vrai !...t'en as pas. J'avais oublié... tu es toute seule", continua-t-il enappuyant sur chaque mot, comme des coups de couteau. Exclue. Lapetite Vicky de la 12ème. Abandonnée. Seule.
Il me crachait ces mots à la figure tel un venin qui se répandait dans mes veines après la morsure. Je les connaissais ces mots, je la connaissais cette vérité, mais même après 14 ans, elle faisait toujours aussi mal à entendre. J'avais beau essayé de rester de glace, j'avais beau essayé de ne pas réagir, mon cerveau ne fonctionnait plus normalement dès que ces mots éclataient, comme un coup de tonnerre dans un ciel d'été. Abandonnée. Rejetée. Seule.Sans famille. Monstre. Je les connaissais ces mots, je les connaissais tellement bien...
Un sanglot commença à monter, comment est ce que je pouvais être aussi faible ?! Une colère sourde commença à résonner dans mes oreilles, et je me mis à frapper Alton au visage, à la poitrine, plusieurs fois. Un coup dans le nez. Un autre dans la joue.Mon genou dans sa poitrine. Plus de souffle. Plus de rire. Juste un son répétitif qui résonnait dans l'air. Il ne criait même pas, il me connaissait assez bien, sachant que je n'arrêterai que lorsque la colère serait passée, que lorsque la douleur et l'amertume m'auront un peu quittée. Celles qu'il avait provoquées. Comme d'habitude. Et dans ses yeux, je n'y voyais que mon reflet, petite fille brisée qui tentait de se relever. Encore un coup. Et un autre. Je finis par m'effondrer contre le sol. Épuisée. Il ne régissait plus, je crois que je l'avais pas mal sonné, mais bon ce n'était pas la première fois, et les dirigeants toléraient nos bagarres tant que nous donnions le meilleur de nous même pendant les missions, et cette petite « compétition » leur plaisait aussi je crois. Je regagnais ma chambre doucement, toujours étourdie, ces quelques mots résonnant encore et encore dans ma tête :
Abandonnée.Exclue. Dernière. Dernière de la 12ème.
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Broken Genes
Teen FictionIl y en a 13. 13 familles, un clan. Chacune aux talents différents, plus ou moins puissants. Il y en a 13. Secrets. Trahisons. Exilés et délaissés, maudits. 11, 12, 13. Une guerre silencieuse, malsaine. Deux écoles, opposées. Ils sont de chaque fa...