- Allô Dean, je suis désolée je n'aurais pas dû t'appeler, je vais te laisser te rendormir.- Non pourquoi pleures-tu ?
- J'ai.... J'ai fait un cauchemar.
- Alors tu as bien fait, tu as envie de me raconter ?
- Non j'avais.... Je souhaitais juste entendre ta voix, je suis désolée.
- Ne le soit pas, je te l'ai dit je suis là si tu as besoin. Comment ça s'est passé avec ta mère quand on est parti ?
- Oh comme d'habitude, elle est sortie se promener et m'a laissée seule, quand elle est rentrée elle a voulu qu'on discute.
- De quoi ?
- Rien
- Ok, t'es où là ?
- Dans ma salle de bain, je vais me laver.
- À quatre heures ?
- Oui, je vais te laisser te rendormir, merci Dean
- Dis-moi, tu aurais envie que je revienne te voir ce week-end ?
- Tu ne vas pas faire de la route pour une heure ou deux.
- Je pourrais peut-être rester avec toi pendant les deux jours ?
- Je dois y réfléchir. À toute à l'heure Dean
- Pas de soucis bisous Mia. N'hésite pas, je suis là d'accord ?
- Ok bisous.
Je suis dans la baignoire, l'eau chaude fait du bien à ma peau tremblante, cela me procure des frissons. Je n'en reviens pas qu'il ait réussi à dissiper mon cauchemar en quelques minutes. Sa voix est si douce qu'elle me fait oublier tout le reste. Comment arrive-t-il à faire ça? Je sens qu'il s'immisce sous la coquille que je me suis forgée pour ne plus souffrir. Je ne sais pas comment cesser tout ça, la situation commence à m'échapper, mais je ne sais pas si j'ai envie de l'en empêcher. Au bout d'un moment, je décide de quitter mon bain, toujours perturbée par tout ce qui me tombe dessus.
Une fois prête je me dis qu'il va falloir que je sorte, mais je ne veux pas la voir. Je dois retourner chez le médecin, car mon traitement n'agit plus comme il le devrait. Je ne sais pas l'heure qu'il est, mais je me sens désorientée, trahie par la femme qui m'a mise au monde, elle a rouverte ma plaie et y a enfoncé un coup de couteau encore plus profondément que celui que mon beau père a laissé en moi après ce qu'il m'a fait subir pendant toutes ces années. Je ne veux plus partager le même lit que ma mère, c'est hors de question, quelque chose s'est cassé entre nous, mais je ne saurais dire quoi. Je n'en reviens toujours pas qu'elle ose mettre ma parole en doute, moi, sa chair, son sang.
Une fois le courage trouvé, j'entrebâille la porte et j'entends qu'elle est debout. Tous mes muscles se raidissent, je retiens mes larmes pour ne pas qu'elles s'échappent, je ne lui donnerai pas cette satisfaction. Elle ne verra pas qu'elle m'a brisée elle aussi, jamais plus je ne montrerai ma souffrance, je vais tout ensevelir au plus profond de mon cœur, je ferai bonne figure au monde extérieur, mais cela ne restera qu'une apparence. Je crois que je ne serai jamais heureuse, le seul moment où j'arrive à oublier ma douleur c'est en présence de Dean.
Je me rends à la cuisine, ma mère me voit, mais je ne la laisse pas parler, je lui dis simplement que je pars chez le docteur pour mon suivi, et surtout pour mon traitement. Elle ne répond rien et c'est mieux ainsi. Je me dirige vers la porte et part sans un regard.
*****
Une fois sortie de chez le généraliste, je file vers la pharmacie pour aller chercher ma nouvelle potion. Comme tous les mois pendant ma visite il me répète les mêmes choses « je te sens très fatiguée... ta tension est basse... les médicaments n'effaceront rien, tu sais... tu dois voir un psychologue... ». Mais bon, je ne l'écoute plus, de toute façon ce n'est pas moi qui décide donc ça ne m'intéresse pas. J'ai mon remède, il me fait oublier et je crois que j'en deviens dépendante, car je ne peux plus m'en passer, je commence à être obsédée par les cachets. Je suis même heureuse d'avoir ma prescription en main. Je sors de ma rêverie et remarque que je suis arrivée à destination.
Je suis dans la file d'attente avec mon ordonnance et je la scrute comme si j'étais en train de l'apprendre par cœur. Une fois que c'est mon tour, la préparatrice me regarde et écarquille les yeux en m'interrogeant :
- C'est pour vous ?
- Oui, réponds-je.
- D'accord, car c'est un traitement assez fort.
- Je sais.
- Ok.
Sur la route pour rentrer à la maison, je me demande quelle sensation je vais ressentir en les avalants. Mon portable se met à sonner, je le sors et je vois que c'est Dean, un sourire se forme sur mon visage quand je décroche :
- Allô ?
- Mia comment ça va depuis cette nuit ?
- Beaucoup mieux, merci. Tes affaires sont prêtes ?
- Oui, je mange avec mes parents et je retourne à la caserne.
- Ta mère a pris comment tout ce que la mienne lui a raconté ?
- Elle a été choquée de ses propos et je pense que ça ne passera pas, pour tout te dire.
- Qu'as-tu fait de beau ce matin ?
- Je suis dehors, je devais allez voir le médecin pour mon traitement, il me l'a changé et m'a mis une dose plus forte.
- Mia tu n'as pas besoin de tout ça, et puis je suis là maintenant.
- Si, je ne peux pas faire sans, ça m'aide. Je vais devoir te laisser, je suis arrivée.
- Je peux te téléphoner ce soir ?
- Oui pas de soucis et si tu veux on peut s'envoyer des messages dans l'après-midi.
- Pas de problème à tout à l'heure, bisous Mia, je pense à toi.
- Bisous Dean
Je passe le seuil de l'immeuble et monte en direction de l'appartement, le plus lentement possible. Une fois arrivée devant l'entrée, je ferme les yeux, pose ma main sur la poignée et respire un bon coup pour me donner du courage. Je reste étonnée que ça ne soit pas clos quand je tourne et que la porte s'ouvre. Elle n'est pas sortie. Je rentre et je la vois pleurer, je m'en veux instinctivement qu'elle souffre par ma faute, même si au fond je n'ai rien fait. Je m'avance vers la salle à manger, elle m'entend approcher, elle relève la tête, je vois qu'elle a besoin de me parler, mais moi, je n'y tiens pas alors je tourne mon visage pour fuir son regard et c'est à ce moment-là que je remarque quelque chose de complètement inattendu
Fin du chapitre

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coeur meurtri
Storie d'amoreMia est une jeune femme de 28 ans, elle n'a rien d'exceptionnelle, juste une fille banale. Enfant, elle avait des rêves, comme tous les autres. Du moins, elle pensait, sauf que du jour au lendemain, on lui a tout arraché et il ne lui reste plus rien...