Prologue

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Christopher. Quelques années auparavant...

— Oh, pardon ! Je suis sincèrement désolé mademoiselle !

— Il y a de quoi ! Des tagliatelles au saumon sur ma robe blanche ! Toute neuve en plus !

— Je m'engage à vous rembourser le pressing et vous offre votre repas en guise de dédommagement.

— Ça ne sera pas nécessaire. Je me doute bien que les gens comme vous font du mieux qu'ils le peuvent. 

Elle avait détourné son regard de mon costume tâché pour reprendre sa discussion avec son petit ami, un certain Kevin, d'après ce que j'avais pu comprendre par la suite. Et moi ? J'étais resté planté là, à la fixer comme le dernier des abrutis, des pâtes plein les mains.

C'est à ce moment précis que ma vie a basculé. Le soir où j'ai rencontré Zoé et ses magnifiques yeux bleus. Trois lettres et deux lagons qui sont devenus mon obsession. Je travaillais à mi-temps dans le restaurant le plus huppé de la ville, tout en poursuivant mes études de sport afin de pouvoir accéder à mon rêve et devenir pompier. Mon quotidien était alors bien huilé. Et puis, un soir, mon collègue, débordé par les demandes de cette clientèle exigeante, avait fait appel à mes services pour que je vienne m'occuper de la table numéro douze. Un jeune couple aux allures de star de cinéma y dînait et la jeune femme aux longs cheveux roux venait d'accepter la demande en mariage de son compagnon. Contrairement à mon confrère, je savais dompter les requêtes incongrues de ces gens bourrés de fric. Ma mère étant domestique, je les côtoyais depuis mon plus jeune âge. Alors j'avais appris à les connaître et à composer avec leurs airs emphatiques ridicules. Je m'apprêtais à déposer l'assiette en face de la nouvelle fiancée lorsque celle-ci avait levé la tête vers moi. Je m'étais instantanément retrouvé happé par sa beauté, perdant ainsi tous mes moyens. Le repas avait atterri sur ses genoux, la sauce l'éclaboussant jusqu'à la poitrine. Je m'attendais à des remontrances dignes des mélos que cette population adore jouer, mais au lieu de ça, elle m'avait ignoré, pris en pitié même ! J'aurais dû la détester pour son dédain, mais au lieu de ça, je l'ai tout de suite aimé.

Et la traque a commencé...J'ai épié quotidiennement ses moindres faits et gestes pour me rendre compte que, comme je me l'étais imaginé, elle était l'une de ses petites bourgeoises entretenue par     « papa maman ». Alors que le commun des mortels doit travailler pour gagner sa croûte, cette fille, n'avait rien d'autre à faire de ses journées que de se préoccuper de son nombril et de celui de son Kevin. D'ailleurs, ce type m'horripilait ! Jamais il ne m'avait été donné de voir une personne aussi prétentieuse à son âge. En plus, il traitait la femme de ma vie comme un objet, un vulgaire trophée qui n'avait rien d'autre à faire que d'être pendu à son bras lors des soirées auxquelles ils se rendaient. Et elle se laissait faire en plus ! Ce qui aurait dû me dégoûter m'obsédait totalement en réalité. J'étais décidé à lui montrer par tous les moyens que j'étais le seul homme qu'il lui fallait... Mais j'ai eu beau tout faire pour qu'elle me remarque, jamais je n'étais parvenu à attirer une nouvelle fois son regard sur moi.

Zoé vivait seule dans son immense appartement avec une domestique qui s'occupait de satisfaire ses moindres désirs. Ses parents habitaient à quelques pas de chez elle, mais voyageaient sans cesse aux quatre coins du monde. Sa meilleure amie, Sarah, me donnait de l'espoir quant au fait de faire un jour partie de sa vie. Elle appartenait plus à ma classe sociale qu'à la sienne et ne se gênait pas pour lui faire remarquer la futilité de ses occupations. J'aimais beaucoup cette fille, jusqu'au jour où j'ai fini par la haïr. Cette imbécile lui avait lancé le défi d'entreprendre une action concrète et altruiste pour donner un sens à son existence. Au début, Zoé avait catégoriquement refusé, puis face à la menace de ses parents de lui couper les vivres si elle ne se responsabilisait pas un minimum, elle avait fini par accepter l'idée. Après plusieurs recherches, ma belle rousse avait fini par porter son choix vers un voyage humanitaire en Afrique. Une expédition qui me priverait d'elle durant deux longs mois. J'avais hésité à m'engager dans cette mission à ses côtés, mais je devais passer mon concours externe. A cette époque, il y avait de nombreux postes vacants dans la caserne de ma ville et j'ignorais quand cette opportunité se présenterait à nouveau. Je m'étais également dit que cette expérience ferait une partie de son éducation. Que ça la rendrait plus humaine, ce qui augmenterait fortement mes chances qu'elle accepte enfin de poser les yeux sur moi. Alors, le deux janvier, assis sur l'un des sièges du hall d'embarquement, je l'avais regardé s'éloigner à regrets. Pendant son absence, j'errais, perdu dans ma propre vie. Sans but, j'effectuais les activités quotidiennes comme un automate, n'éprouvant aucune émotion. Elle me manquait, j'avais l'impression de m'éteindre à petit feu.

Ces soixante-et-un jours interminables avaient fini par s'écouler. En dépit de quelques difficultés lors des tests psychiques, j'avais obtenu mon concours et l'un de mes rêves les plus fou venait de se réaliser. Je devenais enfin pompier professionnel. Même si c'est un métier risqué dans lequel il faut s'investir à fond, les astreintes de quarante-huit heures et le repos qu'elles occasionnait m'avaient largement laissé le temps nécessaire à l'élaboration de mon plan concernant mon obsession. En effet, seuls mes méninges étaient restés éveillés pendant son voyage et ils avaient véritablement turbinés ! Je voulais me donner les moyens de mettre les bouchées doubles afin qu'elle s'aperçoive de mon existence... Lorsque son vol a atterri, j'étais bien évidement aux premières loges pour assister à son retour ! Même si je restais dans l'ombre, l'observer m'était déjà amplement suffisant ! Pour le moment en tout cas...

Mais à l'instant où elle était sortie de l'avion, ma chute avait été plus que brutale. A travers la vitre, je voyais un homme l'aider à descendre les marches qui la menait jusqu'à la terre ferme. Visiblement, le gars du resto avait été jeté aux oubliettes puisque c'était maintenant ce bellâtre qu'elle embrassait à pleine bouche, plus resplendissante que jamais. Une fois de plus, mon plan s'en était retrouvé avorté. Evincer un Kevin n'aurait pas été si compliqué que ça finalement. Mais le responsable de la mission humanitaire, chef d'une grande entreprise qui plus est ? Impossible !

Et les mois suivants m'avaient donné raison puisque malgré toutes mes tentatives pour faire échouer leur relation, elle avait fini par se marier avec lui pour donner naissance à un petit garçon un an plus tard. S'en était plus que je ne pouvais le supporter. Ils affichaient leur bonheur au yeux de tous alors que le peu qu'il restait du mien s'émiettait au fil des jours... Il fallait que j'agisse, et vite ! Hors de question que je laisse filer le temps comme j'avais déjà pu le faire ! A vingt-quatre ans, il ne fallait plus que je perde une seule seconde...  Au même âge que moi, elle avait déjà mari et enfant et je voulais avoir ma chance...

Aujourd'hui, c'est mon anniversaire, celui de mes vingt-cinq printemps. Je devrais être en train de faire la fête avec mes amis et collègues, mais il n'en est rien. Je suis seul, tapis dans l'ombre à l'angle d'une rue. Je l'attends... Impatiemment... Ce soir, j'ai décidé de m'offrir mon propre cadeau en la faisant mienne...

— Zoé ?

Je l'intercepte alors qu'elle vient de quitter Sarah avec qui elle était au théâtre :

— Qui êtes-vous ?

— Celui qui est véritablement fait pour toi...

Elle fronce les sourcils puis fait un pas en arrière au moment où je m'approche d'elle. Ma belle rousse trébuche sur un pavé mal scellé, tombe en arrière et se cogne la tête contre le sol. Heureusement, la rue étant déserte, personne n'a assisté à cette scène. Je m'agenouille près d'elle afin de m'assurer de son état. Elle respire encore, mais du sang s'écoule à l'arrière de son crâne. Merde, c'était pas prévu au programme ça ! Réfléchissant à toute allure, je la prends dans mes bras, façon marié qui fait entrer sa femme dans la maison au retour du voyage de noces, puis marche d'un pas rapide alors qu'elle est inconsciente...

***

Coucou mes Loulous ! Vu mon emploi du temps surchargé, il aurait été préférable que j'attende un peu avant de vous livrer le début de cette nouvelle histoire mais que voulez-vous ? Vous me manquez trop! 

Pour le moment, je n'aurais pas d'autre choix que celui de publier une fois par semaine, le mercredi je pense car je suis en train de vous préparer de nombreuses surprises en parallèles...

J'espère en tout cas que cette histoire vous plaira. N'hésitez pas à cliquer sur la petite étoile étoile de vote et surtout  me laisser vos impressions !  Car comme je le répète sans cesse, sans vous je ne suis rien.

Gros bisous mes Loulous ! Jolie Plume, encore et toujours suspendue à vos mots...

Une ombre dans mon coeur ( en pause) ( protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant