Rencontre

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Arthur

Je suis dans une colère noire ! Ça fait au moins une heure que cet imbécile de Sébastien me tient la jambe pour essayer de me convaincre de le laisser reprendre ce dossier. Mais ce qu'il n'a pas l'air de bien comprendre, c'est que je me moque éperdument de ses arguments à deux balles, ça n'est pas lui que je veux. Je suis également furieux contre moi-même car j'ai fixé ce rendez-vous matinal pour la revoir au plus vite, manquant ainsi l'anniversaire de mon fils, et elle n'est pas capable de venir à l'heure ! Au lieu de me trouver dans ces bureaux sordides, je devrais être tranquillement dans ma voiture en train de plaisanter avec Charles, installé à l'arrière, après lui avoir chanté une énième fois un «  Happy Birthday », exprès pour l'embêter. Et malgré son regard voilé par la tristesse due au manque de sa mère en ce jour si spécial, il aurait ri. Alors qu'en ce moment, il est avec Brad- notre voiturier- et ce sont les derniers massacres de la nuit qui parviennent en boucle à ses oreilles. Il y a encore eu un attentat... Dans une église cette fois... Ces fous vont de plus en plus loin, un prêtre a été assassiné, c'est horrible. Je sais que jamais mon fils ne me pardonnera une telle attitude. Une fois encore, j'ai préféré mon travail à sa compagnie et mon acte de père indigne restera gravé dans sa mémoire pour le restant de sa vie. Sauf qu'aujourd'hui, les raisons de mon absence sont louables ! Si Zoé avait un temps soit peu respecté son agenda, si le plan que j'avais établi la veille s'était concrétisé, j'aurais pu lui offrir le retour de sa mère pour son anniversaire ! Toute la nuit, je me suis imaginé nos réactions à tous les trois. De l'incompréhension de leur part tout d'abord, cette envie de ne pas y croire propre à l'humain. Puis ensuite des larmes. Le symbole d'une joie d'avoir enfin retrouvé la partie qu'il nous manquait au plus profond de nous-même. Et enfin, une fois que nous aurions couchés notre fils, les retrouvailles des adultes, comme nous avions coutume de le faire auparavant. Une réconciliation des plus intenses grâce à cette soif de l'autre qui nous a toujours caractérisé et ce, depuis la première fois où nous avions franchi le pas. Je me suis réveillé de cette nuit le sexe gonflé comme il ne l'a pas été depuis longtemps... Même en essayant les stratagèmes habituels pour me calmer, mon érection n'a pas voulu redescendre, si bien que j'ai du rapidement me soulager en me repassant inlassablement les images de nos parties fines qui occupaient mon esprit depuis maintenant dix ans. Mais cette fois, c'était encore plus fort, puisqu'un bout de mon esprit savait que je pouvais les retrouver dans une proche réalité.... Bien sûr, depuis sa disparition je n'ai pas fait voeu de célibat, je suis humain après tout. Et même si je suis loin d'être en manque de sexe, je me suis rendu compte que j'étais en manque d'elle. En manque de tout ce que je ressentais lorsque j'étais à ses côtés, et ce, dès les premières secondes.

Mais une fois dans les bureaux de la société , après avoir constaté son absence, suite aux propos de son patron, tous les espoirs naissants se sont transformés en absurdes chimères. Reformer rapidement notre cocon relevait de l'impossible, il allait falloir du temps pour reconstruire notre famille. J'ai tout d'abord été soulagé par son histoire d'amnésie, car finalement, c'est contre sa volonté qu'elle nous a oublié. Mais j'ai ensuite flippé. Comment avait-elle fait pour survivre ? De quelle manière avait-elle réussi à refaire sa vie pour atterrir dans cette boîte de publicité alors que rien ne l'y destinait ? J'ai essayé d'en savoir davantage, mais Sébastien a refusé de m'en dire plus, me signifiant que je frôlais l'indiscrétion. Que si je voulais plus de détails- élément qui semblait lui échapper complètement- je n'avais qu'à interroger Zoé quand elle reviendrait.

Je m'apprêtais à repartir pour ne pas coller un pain à ce satané responsable lorsque les portes de l'ascenseur se sont ouvertes pour laisser apparaître sa silhouette. J'ai une nouvelle fois eu l'impression de voir un fantôme se tenir devant moi et il a fallu que je la touche pour la matérialiser dans mon univers :

Une ombre dans mon coeur ( en pause) ( protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant