Immortels I : Déluge [Edité][Version intégrale Wattpad]

Sept un fait.

                   Édit : j'ai corrigé les fautes mentionnées, désolée s'il en reste. Bonne lecture ! Merci @vixii_ecrivaillon

Dieu, par l'intermédiaire de Gabriel, n'annonça officiellement la présence du Déluge aux hommes qu'à la mi-février. Si tout-puissant soit-il, même le Seigneur avait été contraint d'enquêter sur les agissements du Saigneur avant une quelconque déclaration. Le vent de panique fut total, surtout que l'annonce retransmise en directe fut suivie d'une coupure d'électricité généralisée en Italie. Les centrales nucléaires étaient un souci majeur, nombreuses étaient celles qui allaient être englouties. La peur d'une contamination vint s'ajouter à toutes les autres. On s'attendait presque à voir débarquer les quatre cavaliers de l'apocalypse. Les morts pleuvaient autant que les averses et rien ne semblait pouvoir arrêter ce flot d'eau. Ereyne délaissa sa télévision, inutile puisqu'il n'y avait plus de retransmission et passa ses journées à observer le ciel en priant pour qu'arrive un miracle. Zelyan quant à lui se frottait les mains, les informations en provenance du globe se faisaient plus rares mais celles provenant de l'enfer le ravissaient.

L'immortel trouva sa compagne au détour d'un couloir, elle était perdue dans ses pensées, un fait de plus en plus habituel. Il s'approcha et l'enlaça délicatement. Il écarta un pan de sa chevelure et déposa un baiser dans le creux de son cou.

—     J'arrive presque à les sentir, murmura Ereyne en serrant un peu plus les bras de son compagnon contre elle.

—     Quoi donc ?

—     Tous ces gens qui meurent... Doivent-ils donc être si nombreux ?

—     La Terre a besoin d'une purge pour retrouver sa beauté d'antan, répondit Zelyan, et moi j'ai besoin d'âmes.

Ereyne songea à insister mais elle renonça, il ne changerait pas d'avis. Elle ne lui demanda pas non plus pourquoi il avait tant besoin d'âmes. Les Hommes, si « minables et faibles », conféraient à Zelyan, et par effet miroir à Dieu, leur puissance. Les dieux ne sont rien sans croyants, et les âmes regorgent d'une énergie jamais créée. C'était à celui qui moissonnerait le plus d'âmes. Zelyan avait des méthodes radicales mais Dieu n'était pas en reste, toutes ces guerres en son nom savamment orchestrées par les archanges avaient offert au Seigneur nombre d'âmes au fil des siècles.

—     Parfois je souhaite que Dieu n'ait jamais créé l'Homme tu sais ? Ainsi il aurait épargné toutes ces souffrances inutiles. Faire naître quelque chose dans le seul but de le tuer et de s'approprier sa puissance est atroce.

Zelyan eut bien une ou deux remarques peu flatteuses en bouche mais les réprima, avec difficulté. Il préféra opter pour une série de baisers dans le cou de sa compagne.

—     Arrête tout cela, tu en as le pouvoir non ? Arrête ce déluge avant qu'il ne soit trop tard.

—     Si je l'arrête ils penseront que c'est un signe de l'autre, je n'ai pas envie de lui offrir sept milliards d'âmes sur un plateau d'argent, ce serait signer mon arrêt de mort définitive.

Ereyne se tourna vers lui et lui rétorqua qu'il était immortel, il existerait toujours, qu'il ait une ou mille âmes. Encore une fois elle se fourvoyait lui assura son compagnon, c'était fort difficile de l'anéantir certes, mais l'autre était en mesure de le détruire.

—     Comme moi je pourrai le détruire lorsque la balance penchera assez en ma faveur, déclara Zelyan en tiquant, ce n'est qu'une question de temps mais nous avons toujours su qu'un jour l'un détruirait l'autre.

—     Les Hommes croient en vous deux, soupira Ereyne, ne pouvez-vous donc rester chacun de votre côté ? Cette planète est immense, l'enfer et le paradis aussi, un peu de respect est-ce vraiment trop demander ?

—     Nous avons un conflit à régler, avoua Zelyan avant de prendre un air railleur, et maintenant que j'y pense c'est encore à cause de ta mère.

L'immortelle se retourna et leva le bras afin de lui décocher une gifle mais il avait senti le coup venir. Il attrapa le poignet de la jeune femme au vol et ne le lâcha pas.

—     C'est la pure vérité ma douce, je suis désolé de te l'annoncer ainsi mais tout a commencé avec elle.

—     Laisse... ma... mère... en... dehors... de... cela, grinça Ereyne. Ta misogynie et toi me tapez sérieusement sur les nerfs.

—     Tu vois tout en termes de sexe ma douce, mais je n'y suis pour rien, c'est factuel.  Toutes les deux, vous êtes très douées pour semer la discorde dans le cœur des mâles.

Il arborait cet air arrogant si caractéristique qu'elle détestait, Ereyne se détacha de lui et recula. Elle scruta son visage pour y détecter une quelconque trace de mensonge mais elle ne vit aucun signe pouvant la mettre sur la voie.

—     Tu mens, murmura-t-elle, ma mère n'aurait jamais fait quelque chose qui puisse mettre les autres en danger.

—     Je te l'accorde ma douce, d'ailleurs je n'ai jamais dit qu'elle avait fait quelque chose de mal. Sinon elle serait en train de rôtir en bas.

La surprise laissa place à la colère, Ereyne était persuadée qu'Eve avait été condamnée à l'enfer, elle l'avait même vue lorsqu'un missile avait frappé le château de plein fouet.

—     Elle m'a dit que tu l'avais prévenue, que tu l'avais envoyée. Je l'ai vue !

Elle en était sûre et certaine, elle avait reconnu sa démarche, sa voix, son allure, sa douceur. Seule sa mère avait ce pouvoir bienfaisant. Ereyne ne s'était pas trompée, c'était bien Eve qui lui était apparue. Zelyan haussa les épaules et nia toute implication, Eve avait disparu voilà fort longtemps et personne ne l'avait revue depuis des millénaires. Ereyne déclara que Seth lui avait assuré qu'elle n'était pas en-haut, ce à quoi Zelyan répondit que l'autre camp était aussi peu fiable que le sien. Il eut droit à un regard dédaigneux mais il l'ignora.

—     Où est-elle alors ? demanda Ereyne, où ?!

Elle avait presque crié ces derniers-mots, emportée par un flot de sentiments contradictoires. En un sens elle était heureuse de savoir Eve hors de l'enfer, mais de l'autre...

—     Si elle est sur Terre elle va se noyer...

La peur monta aussi vite qu'elle redescendit à l'écoute de la réponse de l'immortel qui rétorqua qu'Eve avait déjà vécu un déluge, ce n'était pas son coup d'essai. L'air de rien cela suffit à calmer Ereyne, un petit peu, s'ajouta l'espoir de revoir sa mère en vie et elle fut tout de suite d'humeur plus joyeuse, plus déterminée.

—     Tu vois ma douce ? glissa Zelyan entre deux baisers, la puissance de la foi, il te suffit de croire pour qu'aussitôt tu sois plus forte. Alors pense à toutes ces âmes qui rejoignent mon cheptel en bas, dans quelques semaines le déluge aura emporté la majorité des Hommes et les armées de Dieu, si actives soient-elles en ce moment, ne pourront jamais combler ce retard. D'ailleurs tu as remarqué ? Ils ne cherchent pas à stopper la pluie, ce qu'ils veulent c'est convertir un maximum de gens avant leur mort afin de grappiller des âmes. La vraie bataille aura lieu plus tard.

Ereyne songea à Seth, son frère qui, aidé par une partie des armées de Dieu, œuvrait pour la sauvegarde de l'espèce humaine. Il était retourné à New-York et agissait dans l'ombre des couloirs de l'ONU.  Le lieu avait les pieds dans l'eau mais était resté l'une des places décisionnelles humaines jusqu'à que la plupart des télécommunications soient coupées. Ne restaient actifs que les dispositifs militaires. Seth savait-il que Dieu ne voulait pas sauver le monde ? Agissait-il de concert avec lui ou était-il aveuglé par les préceptes et beaux discours d'Adam comme toute la fratrie l'avait toujours été ?

Une conclusion s'imposa rapidement dans l'esprit d'Ereyne. Décidément ils n'avaient pas fini de la décevoir, tous autant qu'ils étaient.

—     Vous ne valez pas mieux l'un que l'autre, grommela Ereyne.

—     Tu as enfin compris ma douce.