Devoir se lever est un vrai supplice. Tout du moins, quand on s'est couché à 4h du matin. Et encore plus quand le réveil sonne à 6h 30...
Elisa, dérangée par de nombreuses pensées toutes plus noires les uns que les autres n'avait pas trouvé le sommeil avant le petit matin.
Peu importe, il fallait qu'elle soit en forme pour cette rentrée en première.
Elle s'habilla après avoir pris une douche pour se sortir des brumes du matin, puis elle se dirigea vers la cuisine où s'échappait une sublime odeur de toasts grillés...
Une heure plus tard, après un solide petit-déjeuner, un maquillage léger (elle était dans sa période de coquetterie...) et une course pour rattraper le bus qui partait sans elle, Elisa s'affalait sur son siège, essoufflée après avoir couru, et légèrement rouge et décoiffée. Un silence de mort régnait dans l'habitacle : à part elle, il n'y avait personne... cela ne l'étonnait pas : cette ligne ne reliait pas grand chose à part les quartiers riches où elle habitait...
Elle put donc se préparer physiquement (un coup de déodorant ni vu ni connu n'a jamais fait de mal à personne) et moralement à revoir le lycée dans lequel elle a déjà passé une longue année de moqueries, et de supplices, heureusement altérée par le comportement d'Angell.
"Tu as toujours su me défendre. Tu as toujours su te faire des amis pendant que je restais seule, et tu prenais toujours ma défense en attaquant à ma place. Pourquoi tu ne me regardes même plus ?"
En ces temps de déprime, Elisa avait l'habitude de sortir un carnet et de noter ce qui lui passait par la tête, et si elle n'en avait pas, elle écrivait sur sa main.
Cette habitude persistait avec le temps, et Elisa sortit donc un carnet de son sac. Elle avait ce côté poétique qui faisait d'elle une rêveuse incontestable et invisible, ce qui ne l'empêchait pas d'être très souvent la cible de moqueries de part sa grande réussite scolaire.
Comment peut-on être seule et aimée en même temps ? En ces temps sombres et vides d'émotions mais tellement remplis de désarroi, Tu n'es plus là pour me secourir. Tu n'es plus là et ne le sera plus jamais maintenant. Partie à jamais, Tu cours pour rattraper tes erreurs, mais ne t'aperçois pas qu'elles sont derrière toi et ne fais que les distancer. Et Tu me laisse seule à jamais.
Quand elle écrivait, ses soucis paraissaient moins pesants, moins préoccupants. Elle se sentait libérée d'un poids, sans expliquer pourquoi.
Peu après, perdue dans ses pensées, elle ne vit pas qu'elle était arrivée à destination.
Il fallut que le chauffeur fasse un tour du bus, et la sorte de sa torpeur pour qu'elle n'arrive pas en retard...
Le Hightschool Southwarm était une grande et imposante bâtisse de granit, austère et sordide à l'extérieur, mais un peu plus accueillante à l'intérieur.
Quand Elisa arriva devant les hautes grilles de l'établissement, elle fut soulagée de remarquer qu'elles n'étaient pas encore ouvertes. Mais elle se surprit alors à chercher Angell du regard...
"Non, pas cette fois."
Se répèta-t-elle avec force.
Il fallait qu'elle l'oublie. Désormais, elles ne faisaient plus partie de la même catégorie de personnes, conclut Elisa avec tristesse.
Elle alla donc s'adosser à un des pilier du grand et haut portail, grille de fer rouillée par le temps (le lycée avait ouvert ses portes en 1897) et les fréquentes intempéries du Nord de l'Angleterre.
Perdue dans ses pensées, engourdie par le froid du petit matin et par l'attente, elle ne vit pas le jeune adolescent qui marchait et n'enleva pas ses jambes à son passage, ce qui eut pour effet la chute soudaine et maladroite du garçon.
Elisa se releva en sursaut et détaillé le garçon du regard, curieuse :
Brun avec des cheveux coupés très courts, il avait les yeux bleus et un air blasé. Il était plus grand que Elisa et sûrement de son âge, voir un an de plus. Il la regarda comme si elle était transparente, attendant sûrement qu'elle s'excuse.
Il fallait toujours que ce soit Elisa qui s'excuse, même si elle avait raison. Cela faisait partie des règles de la victimisation, sans doutes.
Mais pas cette fois. Elle décida de l'accuser lui.
"Mais fais donc attention quand tu marche ! Tu voyais pourtant bien que j'étais là !!"
L'individu plissa légèrement les yeux, et la regarda d'un air mauvais. Il répliqua :
"Je ne suis pas sûr de vouloir engager la conversation avec une fille comme toi, que je ne connais pas et qui se permet de m'engueuler sans raison. Au revoir."
Sur ce, il parti, laissant Elisa honteuse et furieuse de s'être fait humiliée, encore une fois.
Heureusement, le portail s'ouvrit à ce moment, et Elisa fut le première à s'y engouffrer, encore rouge de honte.
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La Perle du Diable [En pause]
FantasyAdolescente maltraitée par le destin depuis toute petite, Elisa est au bord de la dépression et croit sombrer dans la folie quand un soir, un être tout droit sorti d'un conte fantastique lui propose vengeance contre ce monde qu'elle hait tant. Ce qu...