Où es-tu maintenant ?

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Un rayon de soleil vint caresser la joue de Elisa, encore dans les brumes du sommeil.

Elle s'éveilla en grognant, se maudissant intérieurement d'avoir oublié hier de fermer les volets coulissants.

Près de trois mois était passé depuis le jour de la rentrée, et elle ne s'était jamais sentie aussi seule.

Plus qu'une semaine avant les vacances de Noël. Il fallait tenir.

Djevel avait réussi à monter pratiquement toute la classe contre elle, sans qu'elle sache pourquoi. Sans qu'elle sache comment surtout.
Pourtant lui restait toujours aussi souriant avec elle, l'hypocrite...

Ainsi, depuis quelques temps, tout le monde ignorait la jeune fille et surtout, personne ne semblait penser qu'elle en souffrait. Sinon, ils lui auraient présenté des excuses, non ?

Avec Hestia, son élégante mais hautaine amie, Djevel semait la terreur dans le lycée, brisant moralement les plus faibles. Cela semblait si facile pour lui ! Comme si il était né pour cela...

Descendue dans la cuisine pour le petit-déjeuner, Elisa, ne voyant pas Anne, fit un tour de la maison rapidement. Où était sa gouvernante ?

Soudain, l'adolescente entendit la voix d'Anne dans la chambre de ses parents. La pièce était tout au fond d'un couloir du troisième étage, et Elisa n'y allait jamais.

Anne non plus.

"Anne ? Est-tu là ? " se risqua Elisa en français

Les murmures de Anne se firent de plus en plus précipités et bas, comme si elle ne voulait pas que Elisa l'entende.

Celle-ci tendit l'oreille. On aurait dit des sortes d'incantations, une longue et sourde palsmodie.
Mais en quelle langue ? Elisa n'aurait pû le dire. Ce n'était pas du français. Ni de l'anglais.

"Anne ? Tout va bien ? Que fais-tu ?" Émit Elisa en un souffle, son coeur battant de plus en plus dans sa poitrine.
Elle allait poser sa main sur la poignée quand soudain, Angell apparu devant elle.

"Ne fais pas ça ! Vas-t'en avant qu'il ne soit trop tard !" Hurla-t-elle

Dans la pièce, les murmures de Anne devinrent des chants, de plus en plus forts, comme si Anne était possédée. Sa voix devint rauque et ses mots plus distincts.
Elisa parvenait à les comprendre maintenant.

Ils disaient :
"Pardonnez à cet enfant, il deviendra Vôtre comme je le suis, il Vous vengera comme je l'ai fait, il mourra pour Vous comme j'étais prête à me sacrifier.
Car le sang nouveau remplacera le sang déchu, bientôt la prophétie sera renouvelée et Vous serez couronné des lauriers de la gloire éternelle : celle du nouvel Arbitre."

Elisa, muette de stupéfaction et d'horreur, restait figée sur place tandis que la porte de la chambre s'ouvrait, laissant peu à peu apercevoir...

"Séléné ?"

La soeur de Elisa se tenait dans l'entrebaillement de la porte, le regard fou et possédé.

"Vas-t'en Elisa ! Tu ne peux plus rien pour elle !" Cria Angell

"Le sang nouveau remplacera la sang déchu." Dit Séléné d'une voix rauque, la même qu'Elisa avait entendu.

Soudain, Angell se jeta sur Elisa et entraîna la jeune fille dans sa chute dans le vide des ténèbres tandis que retentit un rire machiavélique.

"Séléné !! Non !!! Hurla Elisa
Non..."
Elle jeta des regards affolés autour d'elle. Elle était finalement de retour dans sa chambre. Tout cela n'était qu'un rêve. Mais tellement réel...

Elle éclata en sanglots. Ce n'était pas sa sœur, ce n'était qu'une illusion, ce n'était pas possible, ce n'était qu'un rêve, il fallait absolument qu'elle se calme mais comment pouvait-elle oublier qu'elle l'avait vu ?

Séléné, sa soeur qui avait disparu
depuis tellement longtemps maintenant venait de réapparaître dans l'esprit de sa sœur, plus nette qu'elle ne l'a fait jamais été.

Elisa alla chercher son carnet et écrivit :

Pourquoi les rêves ne font que réveiller les douleurs disparues ? Séléné, chère sœur trop vite partie, tu es toujours présente dans mon esprit. Mais ne me tourmente plus, il faut se résigner.
À quoi bon ressasser le passé si on ne peut plus l'atteindre ? L'esprit est rancunier, il veut nous rappeler sans cesse que nous ne sommes jamais à l'abri d'une absence.
Je suis lasse. Mais lassée de toute chose, comment peut-on vivre ?

Il était environ 14h et Elisa était en cours d'anglais. La professeur partie faire des photocopies, elle pouvait s'adonner à son sport favori, rêver. Assise seule, elle était perdue dans ses pensées lorsqu'une voix l'interpella :

"Elisa ! Si t'es si riche, ça ne te dérangerait pas de me donner un peu de fric, hein ?"

"Elisa, joue pas l'associable ! Au pire, paye-toi des amis !"

Encore. Elisa rougit et leva les yeux au ciel. Elle allait se préparer à sortir de la salle (la cloche allait sonner) quand soudain Djevel intervint :

"Allons mes amis, allons ! Ce n'est pas bien de se moquer de quelqu'un qui est dans l'incapacité de répondre ! Présentez vos excuses à Elisa."

Sans attende de réponse, il adressa ensuite à Elisa :

"Je suis navré, cela doit être ennuyeux de sans cesse constater... que l'on n'a pas les moyens de répondre."

Agacée à l'allusion de la fortune de sa famille, Elisa lui répondit alors :

"Dit ce que tu veux ! S'appeler Djevel ne doit pas être génial non plus."

Djevel partir intéressé.
"Comment ça ?"

"Djevelen. La traduction en norvégien de "Diable". Je le sais parce que ma tante est norvégienne, et elle m'a apprit des rudiments de sa langue. Tu vois, je ne suis pas la seule à être à plaindre..."

Un long silence s'était installé dans la classe. Tout le monde avait les yeux fixés sur le match Djevel-Elisa qui venait de débuter.

"Mais... qu'est ce qui te fais croire que je suis à plaindre ?" Dit finalement Djevel d'une voix moqueuse.

"Le seul fait que ton nom soit une insulte..."

Djevel ne répondit pas mais ses yeux brillèrent d'une lueur dangereuse...

"Elisa... oh Elisa... pourquoi ne vois-tu pas l'évidence même, la réponse à tes tourments ? Bientôt viendra l'heure du Nouvel Arbitre, et tu sera à ses côtés pendant l'heure de son triomphe.
À moins que..."

La Perle du Diable [En pause] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant