La Perle du Diable [En pause]

Vengeance

Elisa était agenouillée dans la neige, et pourtant, elle ressentait à peine le froid mordant qui s'emparait d'elle.

Elle était trop occupée à contempler le spectacle qui s'offrait à elle. Elle pouvait se voir sans quitter son enveloppe charnelle, les yeux émerveillés.

L'entité de la perle se débattait pour sortir. Il fallait qu'elle l'aide !

Elle tendit son bras frêle, tremblant d'excitation dans la direction de la perle et la prit dans sa main.

C'était la plus grosse perle qu'elle n'avait jamais vu. D'une couleur magnifique, noire de velours, mais sans reflets. Absolument aucuns.

Lorsque d'habitude Elisa regarde une perle d'huître, d'un bijou quelconque, elle s'amuse à observer son reflet, étiré et agrandit, déformé. Mais là, elle ne put rien voir. À part l'intérieur de la perle, ce mal cherchant à s'évader.

Malgré le pouvoir hypnotisant de la perle, Elisa finit par sentir le froid de la neige lui mordre cruellement le bas des jambes.
Encore en uniforme, elle n'avait pour se protéger de l'hiver que deux épais collants de laine. Si elle n'agissait pas immédiatement, elle aurait des plaies qui mettraient des jours voire des semaines pour s'en remettre.

Elle se releva alors, tout de suite soulagée que ses membres ne soient plus en contact avec cet amat de flocons, cette neige à la fois immaculée et destructrice.

La Perle semblait s'agiter de plus en plus.

Elisa murmura doucement des paroles réconfortantes : l'entité sembla se calmer. Puis elle recula vers le fond de la perle couleur d'ébène, et soudain, traversa la paroi de nacre qui la maintenait prisonnière.

Elle se précipita sur Elisa qui poussa un petit cri de surprise et recula précipitamment de quelques pas.

"De quoi as-tu réellement peur ?" Ricana une voix.

Apeurée, Elisa regarda autour d'elle, par instinct.
Elle ne contrôlait plus rien. Des flashs dans sa tête lui apparaissaient, tour à tour.

"Elisa ! Nous sommes rentrés ! Pour deux jours. Il ne faut pas dire que tu vaut la peine que l'on reste plus." Minaudaient les voix mielleuses de ses parents

"Elisa ! Où as-tu encore traînée ! Tu est déroutante. Pourquoi jouer avec des gens de famille modeste ? Va te laver, tu sens la sueur et la boue ! Et après, tu iras faire tes devoirs au lieu de rêvasser, comme d'habitude." Fit la voix d'Anne, plus sèche que d'habitude.

"Oh, Elisa. Tu ne sais pas à quel point tu me déçois. Ainsi ma mort n'a servit à rien ? Toujours cette enfant déprimée et déprimante ?" Fit la voix de Séléné.

"Elisa, es-tu sérieuse ? Comment tu as pu croire que tu étais ma meilleure amie ? Tu n'en vaut pas la peine !" Fait la voix d'Angell, pour partir dans un rire cristallin.

Soudain, les voix s'arrêtèrent.

Elisa tomba à genoux en un cri de désespoir.

"Arrêtez, arrêtez ! Vous me reprochez ce que vous n'avez pas eu la force de faire. Vous me reprochez vos éloignements, vos trahisons. Était-ce ma faute !"

"Ce n'était pas ta faute. Ce ne l'a jamais été."

Elisa releva la tête. Devant elle, contrastant avec la blancheur de la neige, se trouvait un homme imposant, avec une peau couleur de sang. Ses cheveux étaient noir corbeau, tout comme ses yeux. Il était habillé d'une queue de pie et un haut-de-forme noir, et tenait une canne noire surmontée d'un pommeau rouge vermeil.  Son air courtois cachait pourtant une lueur bestiale au fond de son regard.