Chapitre 6

42 2 0
                                    

Alors que nous venions de prendre une intersection pour rejoindre la bibliothèque du lycée, Anna me prit le bras pour m'arrêter.

- Sam, si Tess n'est pas ici, on part d'accord? Mon père nous attend depuis plus d'un quart d'heure.

J'ascquiescais d'un mouvement de tête et Anna me lâcha le bras, signe qu'on pouvait continuer.

- Elle nous a peut-être juste oubliés, espérais-je.
- C'est quand même gonflé de sa part, grommela Annabelle. Elle intervient lorsque nous sommes tous les deux pour nous dire qu'elle peut nous expliquer ce qu'il nous arrive, et quand on lui donne rendez-vous, pouf! Plus personne!

Anna mimait de grands gestes dans les airs, rendant son discours théâtral.

- Elle a peut-être eu une chose urgente à faire tu sais... Ça peut arriver à n'importe qui, répliquais-je.

Ma meilleure amie fit mine d'être vexée et je souriais à voir le visage qu'elle me présentait.
Elle dû s'en rendre compte car un sourire complice esquissé son visage à son tour.

Elle tourna ensuite sa tête face à l'entrée de la bibliothèque.

- Il faudrait peut-être entrer un jour, non? lança Anna

Aussitôt dit, aussitôt fait. Je m'avançais et enclenchais la porte.

- C'est fermé, dis-je désespérément en me tournant vers mon acolyte.

Je soufflais en me disant que tout ceci n'a finalement servit à rien mais aussi car je ne pourrais pas avoir les réponses aux questions qui me tourmentaient.

Alors que je commençais à faire le chemin inverse, les mains dans les poches et le pas traînant, Anna m'interpella dans mon -très convaincant- élan.

- Sam viens voir, chuchota-t-elle soudainement. Je crois que quelque chose bloque la porte.

Je retournais sur mes pas, curieux, puis une fois arrivé au niveau d'Annabelle, celle-ci me fit signe de me pencher.

Je plis mes genoux et baisse la tête presque presque à plat du carrelage froid, pour pouvoir regarder entre l'espace de la porte et du sol.

J'observe, je me concentre sur le petit espace donné à ma vision et m'aperçois effectivement qu'un objet bloque l'ouverture.

- Je pense que c'est une chaise qui a été placée au niveau de la clanche, concluais-je en me redressant.

J'époussetais mon jean pendant qu'Anna reprit la parole.

- Tu penses que Tess c'est enfermée dans la bibliothèque? chuchotais-t-elle toujours.

Je me grattais le menton en signe de réflexion.
Si Tess était dans la bibliothèque (en supposant que c'est bien elle) alors pourquoi s'enfermer?

Je jetais un coup d'œil furtif à ma montre.

Il était bientôt 19 heures, donc personne n'était censé rester après les cours.

19 heures... Déjà?!

Le mode vibreur insistant -et fort- du téléphone d'Anna se mit à faire écho dans le couloir et celle-ci se pressa de le prendre pour regarder qui pouvait bien vouloir l'appeler dans un moment pareil.

- Oh merde, c'est mon père, s'exclama la blonde en essayant toujours de ne pas parler trop fort.

Elle raccrocha et envoya un message par derrière.

- Je lui ai dit que tu avais oublié ton manuel de maths dans ton dernier cours et qu'en allant le chercher, ton prof nous avait retenu, me dit Anna.

- On fait quoi du coup? On part comme ça où on essaie de débloquer cette porte?

Anna sembla réfléchir pendant quelques instants, pendant que je me répondais moi-même à la question.

J'espérais intérieurement que Tess se trouvait dans cette pièce et donc de trouver un moyen de débloquer l'entrée.
Je voulais mes réponses, tout était si confus.

Je ne saurai dire si Anna pensait la même chose que moi, mais même si cela devait lui occuper une bonne partie de ses pensées. L'arrivée de Tess, lui servait de bouée, au naufrage qui c'était déroulé sous nos yeux.

Il fallait le reconnaître, on s'accrochait tous les deux à cette fameuse fille à lunette et aux réponses qu'elle saurait et qu'elle pourrait nous donner.

D'un autre côté, si quelqu'un c'était donné la peine de bloqué cette porte, c'était bien pour une raison.
Et cette raison me laissait le doute d'un mauvais pressentiment.

Annabelle me sortit finalement de mes pensées.

- Tu voudrais la débloquer avec quoi? Non non, on y va. On essaiera de contacter Tess par les réseaux, décida-t-elle. J'espère que tu te souviens de son nom de famille, monsieur je-me-souviens-de-toutes-les-personnes-qui-croisent-mon-chemin.

Je me retiens de rire face à ce surnom mais reprenais vite mon sérieux.

- Evidemment que je m'en souviens, j'ai encore de la mémoire, lui répondis-je.

- Fait chier, elle nous laisse quand même complètement dans le flou. J'avais tellement de questions...

Je pris en compte le fait que je n'étais pas le seul à vouloir éluder tout ce mystère.

Je passais mon bras autour des épaules, lui faisant comprendre que je partageais ces pensées.

Restant dans cette position, Anna et moi marchâmes sur le chemin inverse lorsqu'un bruit terrible nous surprit.

On se regarda en même temps, l'air interrogateur puis nous tournâmes nos têtes en direction de la bibliothèque.

1...2...3...4...

On restait figé sur place, ne sachant comment réagir.

5...6...7...

Il fallut 7 secondes avant que la porte ne s'ouvre d'elle-même.

On entendait des pas, de plus en plus proche, mais ni mon amie ni moi n'étions décidés à partir.
La peur ou la curiosité nous en empêchait.
Ou peut-être les deux.

Les fenêtres -maintenant visibles- à l'intérieur de la bibliothèque nous laissaient apparaitre le crépuscule.

Les pas s'arrêtèrent et on pouvait désormais distinguer une silhouette à l'embrasure de la porte.

Anna me donna un coup de coude, on devait partir avant que ça ne tourne mal.

Une voix s'élèva, et ce n'étais certainement pas celle d'Anna.

Trop tard.

- Annabelle Feerman, Samuel Trent. Je vous attendais.

La voix masculine d'un homme laissait entendre un sourire dans sa phrase.
Je ne saurais dire si ce sourire était bon ou mauvais mais je peux dire qu'un frisson me traversa.

Mon pressentiment se confirmerait sans doute.
On avait attendu 7 secondes de trop.

DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant