Destin

Chapitre 10

Puisqu'Anna et moi prenions les sujets de discussions dans l'ordre croissant du déroulement des évènements de la journée, nous décidons ensuite de parler de Tess.

En remettant les choses dans l'ordre, mon acolyte et moi-même avons finalement fait un petit descriptif sur cette mystérieuse personne.

Nous ne savons rien sur elle à part le fait qu'elle s'appelle Tess Wilkson, que je ne me souviens pas d'elle dans ma classe, que je perçois une lueur étrange autour d'elle qu'Anna ne voit pas, qu'elle m'a appelé « Adam » sans aucune raison apparente, qu'elle est intervenue dans un discussion plus ou moins surréaliste entre Anna et moi en nous affirmant qu'elle avait des réponses à nos questions, qu'on devait la retrouver à la sortie du lycée pour avoir nos explications, qu'on ne l'a pas revu depuis la discussion du midi, qu'elle a sûrement disparu et enfin, qu'elle a peut-être un lien avec l'Homme que nous avons « rencontré » lors du périple à la recherche de celle-ci.

Nous décidons aussi d'écrire sur un bout de papier des mots-clés afin d'effectuer des recherches sur internet pour s'informer en autonomie sur des choses qui nous paressent importantes. Pour le moment nous avons noté : dons – lueur – Tess Wilkson.

On sait pertinemment que Tess pourrait répondre plus simplement à toutes nos questions, sans nous prendre la tête à faire des recherches, mais si on se base sur le fait que Tess fait irruption seulement quand elle le désire alors nous devrons garder l'ensemble de nos questions pour nous et peut-être en avoir davantage.

Cela fait pratiquement 30 minutes que nous parlons des quelques sujets évoqués et je me surprends à entendre mon ventre gargouiller.

Je jette un coup d'œil au réveil posé sur la table de chevet d'Anna et voit qu'il y est inscrit « 20 :26 ».

Celle-ci me regarde déconcertée comme si elle avait oublié qu'on pouvait avoir faim à cause de tout ce qu'il s'était passé.

Puis son ventre se met à gargouiller à son tour.

Je lui lance un sourire du genre « t'aurais pas un truc à grignoter » et elle me rend mon sourire comme pour me dire « tu fais comme moi tu attends que le dîner soit servi ».

Je lève les yeux au ciel et Anna élargit son sourire.

Je ne veux même pas essayer de décoder ce sourire là.

- Ma mère nous appellera quand on devra aller manger, finit-elle par me dire gentiment.

Je lui adresse un regard, acquiesce à sa phrase et me replace tranquillement dans le gros pouf gris de sa chambre.

Un léger silence s'installe.

Un silence qui me fait penser qu'en seulement quelques heures, nos vies ont pris une tournure totalement différente de notre vie quotidienne habituelle. Et j'ai le pré-sentiment que ça ne redeviendra jamais comme avant.

Je laisse échapper un soupir et Anna, qui m'observait jusqu'à lors, me fait un petit sourire réconfortant. Ce sourire que j'aime tant voir me fait savoir que je sais qu'elle sait à quoi je pensais.

Étrangement, depuis tout petits, Anna et moi avons toujours eu cette sorte de connexion. Celle que pourrait avoir des jumeaux, j'imagine. Nous n'avons certes pas la même famille, ni la même vie sociale, mais nous savons mutuellement que nous comptons autant l'un que pour l'autre. Nous avons toujours été ensemble et soudés.

Plus jeunes, lorsque l'un mentait pour une bêtise qu'il avait commise, l'autre l'aidé dans son mensonge pour paraître plus crédible à deux. Et même si nos parents s'apercevaient de notre supercherie la plupart du temps, ils ne disaient rien car ils savaient qu'on ne se laisserait pas tomber même pour quelque chose de futile.