Chapitre 8

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Essoufflés, Anna et moi arrivons finalement à la voiture.

Alors que nous prenions place dans le 4x4 de Matthieu, nous avons à peine eu le temps de boucler notre ceinture de sécurité et de rassembler le peu d'esprit qu'il nous restait que le père de la blonde se retourna pour nous faire face accompagné d'un regard loin d'être accueillant.

- Avez-vous la moindre idée de l'heure qu'il est ? lança t-il les dents serrées avec un ton plus calme que prévu. Peut-être trop calme.

- Papa, on est désolé, essaya Anna.

- Désolé ? Ca fait presque une heure que je vous attends et vous êtes désolés ?

- C'est de ma faute, j'ai oublié mon manuel d'histoire et mon professeur m'a retenu, tentais-je. Anna n'a rien fait à part me presser pour partir.

Je pouvais sentir le regard appuyé d'Annabelle.

Nous seulement Matthieu était furieux après nous mais d'après le regard appuyé d'Anna en ma direction je me doutais que j'avais dit une bêtise.

Matthieu émit un rictus, sortit son portable et lu à haute voix :

- Dix huit heures trente-deux, premier texto reçu de la part de ma chère fille m'indiquant de vous attendre un peu. Dix neuf heures zéro deux, deuxième texto reçu de la part de ma chère fille m'écrivant que Samuel ici présent avait oublié son manuel de maths et que son professeur de maths l'avait retenu.

Matthieu faisait exprès d'appuyer chaque syllabe de chaque mot et lorsqu'il insista sur le mot « maths » je compris mon erreur.

- Dix neuf heures seize, je vous appelle. Samuel décroche, ayant l'air d'être en train de courir, le ton pressant me disant de venir vous chercher en face du lycée.

Le père d'Anna continuait d'énumérer les faits tout en essayant de rester calme.

Il fermait les yeux pour rester concentrer sur ce qu'il voulait nous dire.

- Vous arrivez sept minutes plus tard, essoufflés, et la première chose que vous me dites et que vous êtes désolés mais qu'en plus le fameux manuel oublié n'est plus celui de mathématique mais d'histoire ? dit-il d'un ton condescendant.

Anna et moi regardions son père et je sais qu'à ce même moment nous essayons avec acharnement de trouver une bonne excuse.

La vérité était encore trop présente dans mon esprit pour en plus chercher une nouvelle excuse.
Je commençais à m'avouer vaincu lorsqu'Anna prit la parole.

- On peut tout expliquer Papa, commença-t-elle d'une petite voix.

- Et comment que vous allez m'expliquer ! Me faire patienter une heure et vous présenter dans ma voiture, tout pâles et en manque d'oxygène, tout ça pour un simple bouquin d'étude, je ne vois que deux solutions : soit le professeur qui a retenu Sam ne doit non seulement pas être beau à voir mais en plus il doit avoir beaucoup de choses à dire. Soit vous m'avez menti et vous avez fait tout autre chose.

Sa dernière proposition me donna un léger frisson.

Matthieu venait d'énumérer les faits un à un prouvant que notre alibi ne tenait pas la route. Il sait donc forcément que nous mentons.

Anna dû s'en rendre compte aussi car lorsque je me permis un regard furtif dans sa direction pour savoir ce que nous devions faire, ses yeux fixaient son père mais son regard était vide et son visage ne voulait pas se permettre d'exprimer quoi que ce soit par peur de la réaction de son père.

Elle savait aussi que Matthieu nous avait percés à jour.

- Sam, dit-il en se tournant vers moi, montre moi le manuel que tu as été chercher et dis moi ce que ton professeur à bien pu te raconter de passionnant, tu veux ?

Je blêmis. Je devais ressembler à un cadavre.

Je baisse instinctivement la tête en signe d'abandon.

- C'est bien ce que je me disais, conclu-t-il d'un air las.

Se sachant dans le bon jugement, il se tourna face à son volant, enclencha la première vitesse et nous confia :

- Si vous ne voulez pas en parler tout de suite c'est votre choix, mais je ne vous lâcherais pas jusqu'à ce que je connaisse la vérité.

Anna et moi acquiesçons d'un commun accord.

Durant le reste du trajet, aucun bruit ne se faisait entendre.

C'est à peine si on osait respirer.

J'en profitais pour penser à cette journée. Une journée qui aurait du être comme les autres.

Je ne sais pas pourquoi tout cela nous arrive à Anna et moi.

Beaucoup trop de questions se bousculent dans ma tête.

Qu'est-ce qu'était cette lueur autour de Tess ?

Pourquoi Anna et moi avons plus ou moins une affinité avec la nature ?

Si nous supposons que nous avons vraiment des dons, pourquoi cela ne s'est pas déclenché avant ?

Pourquoi Tess m'a appelé « Adam » ?

Pourquoi j'ai des mauvaises impressions sur Noa ?

Qui était cet Homme ? Et comment connait-il Tess ?

Qui est Tess ?

Pourquoi nous ?

Est-ce que Tess va bien ? A-t-elle disparu ?

Je n'ai aucune réponse mais pourtant tellement de questions.

Cette journée est vraiment des plus surréaliste.

Quand on y pense, la seule chose normale qu'il y ait eu aujourd'hui c'est la réaction de Matthieu. Si on se met à sa place, je pense que j'aurais été tout aussi inquiet.

Après une vingtaine de minutes à être resté dans mes pensées, nous arrivons finalement chez Anna.

Matthieu ne nous fait aucune remarque et nous laisse entrer dans sa maison sans un mot.

On salue Marie, la mère de ma meilleure amie puis Anna me fait signe de la suivre.

On monte les escaliers qui mènent à sa chambre et nous entrons dans celle-ci.

Sa chambre n'est pas rose comme on pourrait se l'imaginer d'une fille comme Anna, elle ressemble plutôt à une chambre masculine, les caleçons en moins.

Les murs sont gris et il y a du petit bordel un peu partout.

Elle n'a de posters mais quelques photos d'elle et ses amis accroché ça et là.

Dans le coin de la pièce, il y a une coiffeuse où trône la majeure partie de ces produits de beauté.

Anna prend place sur son lit et je me place face à elle sur l'un de ses poufs.

- On fait comment ? sont les premiers mots qui sortent de sa bouche avant que le debrief sur les événements de la journée ne commence.

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