Elle m'avait remarqué, m'avait poursuivi, et alors qu'elle levait l'arme pour m'exterminer, je cru que c'en était fini, elle jeta un dernier regard à ses collègues, puis tandis qu'ils s'éloignaient, son arme tomba au sol après qu'elle ait maladroitement jonglé avec. Elle la récupéra, m'aida à me relever et me demanda mon nom.
J'étais abasourdi de découvrir qu'ils n'étaient pas tous pareils, qu'il existait un peu de gentillesse chez tout le monde, et qu'ils puissent confier une arme à des gens aussi malhabiles. Elle eut même le courage de s'excuser pour tout ce que son peuple faisait. Plus elle parlait, plus je sentais la bonté, la douceur et la fragilité en elle. Son sourire était magnifique, et il reflétait son personnage. Je lui demandai pourquoi elle faisait cela, pourquoi elle m'avait sauvé. Elle me répondit qu'elle n'était pas une criminelle et qu'elle ne voulait pas tuer, comme la majorité de son peuple.
-Vous n'êtes donc tous pas d'accord avec la situation actuelle ?
-Non. La majorité l'est, certains le font sans vraiment comprendre ce qu'ils sont réellement en train de faire, d'autres sont contraints d'obéir et n'ont simplement pas le courage de se révolter. Je dois avouer que je fais partie des derniers. Alors j'évite un maximum de devenir comme eux. Je ne veux pas être comme eux.
Suite à sa dernière révélation, je souris. Je souris parce que j'étais soulagé de savoir que tous les autres n'étaient pas des criminels. Je souris parce que je pourrais peut-être avoir de l'aide de leur part. Ce plan était totalement fou mais l'espoir de la paix, l'espoir d'une vie sans se cacher était de retour. La confiance que j'avais en elle ne cessait d'augmenter au fil des mots, au fil des phrases, au fil de ses révélations. On m'avait toujours dit : « Ne fait pas confiance aux étrangers ». Et je faisais le contraire en ce moment-même, parce que je savais qu'elle était sincère. Nous parlâmes durant quelques minutes, elle me raconta sa vie sur sa planète.
-Votre planète se dégradait-elle vraiment ? Est-ce vraiment pour cela que vous êtes venus sur la nôtre ?
Ma voix portait tellement d'émotion. Je serais réellement triste si c'était la réalité.
-Oui, mais n'ai pas pitié de nous, dit-elle en rigolant légèrement. Parce que c'était à cause de nous.
Son regard s'intensifia et ses yeux bleus me percèrent le cœur. Elle était en colère contre son espèce.
_Nous la polluions, nos ressources était nocives pour elle, la plupart de nos innovations aussi. Nous gaspillions tout ce qui nous était essentiel, utile. Le pire dans tout ça, c'est que nous savions ce que nous faisions. Certains cherchaient des moyens pour s'en sortir, mais nous ne faisions que regarder notre planète se dégrader tout en ne faisant rien. Nos recherches pour la sauver n'étaient que superficielles.
-C'est affreux.
-Oh oui, mais ce n'est pas le plus affreux.
-Qu'est-ce qui peut-être plus affreux, demandé-je, le souffle court.
- Gâcher notre monde n'était pas assez amusant, alors nous nous entretuions, une personne par-ci, un peuple par-là ! Lorsque nous sommes partis, nous étions en pleine guerre. Quelques maladroits n'avaient rien d'autres à faire que de s'exploser pour tuer des gens innocents.
Je n'en revenais pas. J'écarquillais les yeux, alors que je l'écoutais raconter l'affreuseté de leurs actes.
_Au fil des siècles notre peuple n'a fait que se battre. Nous étions en pleine guerre contre ces gens-là, contre ceux qui ne veulent pas que l'on soit libre. Libre d'apprendre, libre de lire ou d'écouter la musique, libre de vivre. Et le plus ironique dans tout ça, c'est que nous sommes comme ça depuis longtemps. Lorsque nous nous battions contre ceux qui avaient des croyances différentes, ou pour avoir leur territoire. On nous rabâchait les oreilles que ce n'était pas bien, qu'il ne fallait absolument pas que l'on recommence. Et voilà qu'aujourd'hui, nous faisons la même chose. « Ah, mais attention, c'est sur une autre planète, nuance ! » Voilà ce que nous disent nos supérieurs. Ah ! Ils me font bien rire ! Nous tuons ceux qui sont différents, les étrangers, les inconnus. Ceux qui nous ont aidés, en plus. Nous avons évolués grâce à tout le travail fourni par nos ancêtres. Les bons ancêtres, qui lorsqu'ils faisaient une erreur, la réparait. Nous sommes les ancêtres des futures générations, et nous aggravons notre situation. Alors pourquoi ne changeons-nous pas le monde ? Au lieu de simplement vouloir le changer.
J'étais sidéré d'apprendre toutes ces horreurs. Pourquoi s'entretuaient-ils ? C'était complètement ridicule de vouloir la paix, et de se battre constamment.
-Dans mon monde, continua-t-elle, les femmes sont considérées inférieures, les richesses ne sont pas réparties, des pays n'ont juste pas accès aux ressources essentielles, tandis que d'autres gaspillentleur argent dans des choses futiles. Les personnes qui soignent et qui sauvent des vies gagnent leurs vies moins bien que de simples personnes qui tirent dans un ballon, c'est tellement logique. Mon espèce se pense supérieur et maltraite la nature qui était déjà là avant notre naissance.
-Il n'y a donc que des horreurs dans ton monde ?
-Non, bien sûr que non. Nous avons une fabuleuse planète, un peu capricieuse de temps en temps, mon espèce est capable de faire de fabuleuse chose, elle a tellement bien évolué en si peu de temps. Elle est capable de nombreuses choses, nous avons des dons.
J'avais du mal à croire qu'ils étaient capables de tout ça.
_Nous les utilisions juste très mal, rajouta-t-elle, le regard dans le vide.
Juste après qu'elle ait fini de parler, deux des siens passèrent derrière le bâtiment, ce qui nous ramena à la réalité. Beaucoup de temps avait passé, nous avions parlé plus longtemps que prévu. Le temps de nous quitter était déjà arrivé.
-Je dois partir, lui dis-je. J'espère te revoir, j'espère trouver d'autres gens de ton espèce comme toi. Si vous pouviez nous aider, ce serait merveilleux. Améliorons le monde, sauvons-le, sauvons-nous.
-Je serais ravie de vous aider. Cette planète n'est pas faîte pour nous, nous devons rester sur la nôtre. Fais attention à toi, j'espère te revoir aussi.
Elle reparti de son côté, et alors que je la regardai s'éloigner, elle s'emmêla les jambes et s'écrasa au sol, très gracieusement. Je commençai à ma précipiter vers elle, mais elle se releva et cria :
_Tout va bien !!
Elle me fit rire et je repartis aussi de mon côté, sans tomber, et heureux d'avoir fait cette rencontre qui avait illuminée ma vie.

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Projet Joanne
Ciencia Ficción« Mes chers enfants, futures générations de notre planète, asseyez-vous et prenez le temps de lire ce passage de l'Histoire... » Petite histoire de science-fiction, de huit chapitres. Bonne lecture ! ;)