seven friends (abandonné)

14. « Sentiments complexes. »

Avec un soupir désespéré, je ferme les yeux et joints mes mains devant ma poitrine en signe de prière, ne souhaitant aucunement pousser une putain de voiture en pleine nuit, et cela en étant à moitié ivre. Il n'y a aucune chance que je le fasse, vraiment aucune. En fait, ce qui serait le mieux à cet instant, c'est d'avoir le pouvoir de se téléporter ; ce serait réellement, incroyablement, extraordinairement génialisime. Mais, trêve d'illusions, je ferais mieux de partir en courant et de laisser Natsu seul, telle la plus lâche des amies, ce que je ferais avec grand plaisir si j'avais un minimum de courage, et si j'étais dépourvu de cœur.

Du coin de l'œil, je voix que le regard vert électrique du rosé est braqué sur moi, une chose qui ne ne manque pas, d'encore une fois, me stresser plus que ça ne le devrait. Et, comme, dans la vie, j'ai énormément de chance, Natsu remarque immédiatement que je le fixe avec intensité.

- Ça va ? me demande-t-il en fonçant légèrement les sourcils, confus.

- Quoi ? Euh, oui, je vais parfaitement bien, merci de t'en soucier.

Silence. Horrible silence. Pesant silence. Gênant silence.

Ok, qu'est-ce que je dis ? Qu'est-ce que je fais ? Où est-ce que je vais ? Dans quel monde je vis ? Est-ce que je vis ? Y a-t-il une vie après la mort ? Qu'est-ce que la mort ? Après la mort, est-ce que nous nous réincarnons ? Si oui, en quoi ? Moi, je crois que je veux être un chat, ou un pot de Nutella. C'est tellement bon, le Nutella. Tiens, j'ai faim. C'était quand, là dernière fois que j'ai mangé ? Et la première fois ? Pourquoi est-ce qu'on a, la plupart du temps, mal, pour notre première fois ? Attendez. Je m'égare complètement de ma question initiale.

- NON ! hurlé-je, ce qui surprend Natsu, En fait, non, ça ne va pas, pas comme ça devrait aller, du moins. En même temps, on est en panne d'essence obligés de pousser la voiture jusqu'à la prochaine station service, donc, c'est certin, je pourrais aller bien mieux que maintenant. Et puis, quand tu conduis, tu ferai mieux de vérifier si le réservoir est bien rempli, quand même.

- Tu es en train de dire que c'est de ma faute ? s'étonne-t-il en pointant son doigt vers lui-même, dans un geste accusateur.

- Non ! Bien sûr que non, Nat. Simplement, je te donne un conseil pour la prochaine fois.

- Je ne crois pas que, n'ayant pas ton permis, tu sois bien placée pour me conseiller, dit-il méchamment en levant le frein à main.

- Ça n'a rien avoir ! Ce n'est pas parce que tu es allergique aux tomates que tu ne peux pas assurément dire que ce sont des fruits ! répondis-je aussitôt, ne cherchant pas plus loin qu'un exemple bidon et idiot.

Exaspéré de moi, levant les yeux au ciel pour le montrer, Natsu sort sans un mot du véhicule en claquant violemment la portière, et je le suis, n'ayant pas envie de le faire encore plus chier ne restant à ma place sur le siège. Nous posons tout deux nos mains à l'arrière et poussons de toutes nos forces, essayant tant bien que mal de la faire avancer.

- Désolée d'avoir insinué que c'était ta faute, chuchoté-je en forçant sur mes mains plaqué sur la peinture noire.

Sans rien répondre, Nat hausse les épaules, indifférent à mon excuse. Génial.

Je sens qu'à mesure de l'effort énorme que je fournis à ce moment, ma tête se transforme en groseille géante et mon corps en gigantesque cascade de sueur. Quant à Natsu, malgré le fait que ce soit lui qui fournisse tout la pression pour faire avancer sa voiture, il ne semble pas le moins du monde fatigué.

Mais comment fait-il, bordel ? Moi, j'ai l'impression d'avoir passé une semaine à soulever des immeubles en guise d'haltères, tellement j'ai mal partout !