May the odds be never in your favor ▹HG

03 ◊ première matinée

Ensuite, les gardes nous ont rapidement ramenés dans nos chambres. Une fois que les caméras ont cessé de tourner et que la diffusion s'est arrêtée, plusieurs murmures de contestation se sont élevés au sein des tributs. Mais les gardes ont accouru et ont séparé tout le monde avant de ramener chacun dans sa chambre. Je n'ai même pas eu le temps de parler à qui que ce soit. Et d'ailleurs, j'ai bien l'impression que personne n'a réellement envie de me parler, voir même qu'ils m'évitent. Après tout, il y a de grandes chances que je sois la tête d'affiche de ces Hunger Games, et avouons-le, celui qui me tuera sera sûrement vu comme le messie.

Je n'ai pas revu Effie en chemin, ni même mes préparateurs, ce qui fait que je me déshabille seule, et j'enlève tout ce maquillage, ces accessoires pour les laisser dans un coin de ma chambre. Et mine de rien, ça ressemble grandement au parcourt du combattant. La robe est tellement large et aérienne qu'il me suffit de la faire glisser sur mes épaules et elle tombe à mes pieds, mais le maquillage, que j'enlève avec de l'eau, me reste collé au visage et forme d'immenses plaques noires autour de mes yeux. La couronne sur ma tête est totalement emmêlée dans mes cheveux, et, d'énervement, je finis par en arracher des mèches entières.

Je me sens rapidement exténuée. Je ne sais pas quelle heure il est, mais je m'en fiche, une fois débarrassée de tous ces artifices, j'attrape mon pyjama et je m'allonge dans mon lit, m'enroulant autour de ma couette pour former un cocon protecteur.

Mon grand-père me manque. Il a peut-être été un tyran, un tueur et un manipulateur, mais il était ma famille. J'ai très peu côtoyé mes parents, cela va peut-être paraître étrange pour certain, mais lorsque mon grand-père a compris que mes parents ne s'occupaient pas réellement de moi, il m'a pris sous son aile. Je n'ai jamais manqué de rien, que ce soit d'ordre matériel, ou bien même de conseil, de compagnie, d'apprentissage. Il a pris soin de moi sur tous les tableaux. Et il l'a fait de la manière la plus humaine qui soit. Il y a mis beaucoup d'amour, je ne peux pas le nier. Bien sûr, si j'avais à dire ça à n'importe quel rebelle ou habitant des districts, il me dirait que je suis aveuglée par les dorures dans lesquelles j'ai grandi. Mais c'est faux, je pense être totalement saine d'esprit, je ne pense pas être une gamine pourrie gâtée comme toutes ces personnes qui ont grandi au Capitole. Je rêvais de vivre d'amour et d'eau fraîche, et c'est par pur hasard que je suis tout née dans cette famille. C'était le jeu du destin. Si j'étais née dans le district douze, j'aurais eu ce même rêve. Tombée amoureuse, courir dans les champs, bronzer au soleil et me rouler dans la neige.

Sans m'en rendre compte, je me suis endormie d'un sommeil de plomb, et lorsque je me réveille, en sursaut, je remarque que les affaires de la veille que j'avais laissées dans un coin ont disparu et ont laissé place à une combinaison noire aux bordures rouges écarlates. Je me frotte les yeux et me laisse retombée en arrière. Qu'est-ce qui se passerait si je décidais tout simplement de ne pas me lever ? Viendraient-ils me chercher et me traîneraient-ils à l'entraînement par la peau des fesses ? Cela ferait sûrement des images tout à fait atypiques à diffuser à la télé. Peut-être même gagnerais-je en popularité comme le clown de cette édition.

Mais je n'ai pas plus le temps de réfléchir que la porte de ma chambre s'ouvre brusquement. Le visage qui y apparaît me surprend grandement, et je reste un moment, postée sur mes coudes, les cheveux tombant devant mes yeux.

- La voilà, donc, la fameuse petite rejetonne de Snow !

J'avale ma salive avant de me redresser encore un peu plus et de ramener mes jambes contre moi, sur la défensive. La jeune femme qui me fait face a des cheveux bruns foncés attachés en un chignon sauvage, un simple trait d'eyeliner soulignant deux yeux sombres et provocateurs.

- Contente de me voir ? Je suis ton mentor, ma petite, mais crois-moi, ça va pas être un cadeau, ricane Johanna Mason, les points sur les hanches et un rictus moqueur sur les lèvres.