Lorsque, quelques jours après la visite de la Présidente, deux gardes entrèrent dans ma chambre pour m'emmener je ne sais où, je n'émis pas la moindre opposition. Je regarde ces hommes, habillés de noir. Ils n'ont clairement rien à voir avec les Pacificateurs, signe que la guerre est belle et bien derrière nous. Tout du moins, leur guerre à eux, puisque je crois être bien partie pour mener ma propre guerre. A vrai dire, même si j'ai eu quelques jours pour avaler la nouvelle, je ne sais réellement pas encore comment appréhender ce temps dans l'arène. Cela fait deux ans que je suis résignée à mourir. Franchement, et ce n'est pas du tout dans l'intention de me vanter, mais je suis la petite-fille du Président Snow, sans aucun doute l'homme du Capitol le plus détesté, alors ma mort fait sans nul doute partie des plus attendues. Rien ne me sera épargné, j'en suis sûr. Alors pourquoi ne pas simplement attendre que les autres me tuent à la fin du décompte ? Sans me battre, sans fuir, sans me cacher, sans tuer. Ah, elle sera belle, leur vengeance, alors !
C'est marrant d'enfin sortir de sa chambre pour constater que presque rien n'a changé dans le château. C'est vrai, la plupart de la décoration a été enlevée, mais il paraît toujours aussi vide et silencieux. Je déambule dans ce château depuis mon plus jeune âge, et il n'a toujours été qu'un immense labyrinthe solitaire, pour moi. Deux gardes sont postés à mes côtés, tout deux portent un fusil, mais ils ont la décence de ne pas le braquer sur moi. Mais lorsque l'un d'eux me pousse brutalement dans l'une des salles, je me dis qu'ils n'ont peut-être pas autant de considération que je ne pensais pour moi.
La pièce est petite, tout du moins pour une pièce de ce château. Je ne saurais d'ailleurs même pas dire à quoi elle sert, tous les meubles ont été enlevés, et je ne me souviens pas avoir mis les pieds ici lorsque j'étais plus jeune. Je n'ai sûrement d'ailleurs pas côtoyé la moitié des pièces du château dans ma vie, lorsque j'étais encore libre de mes mouvements. La vie de ce château se résumait à l'interdiction de courir dans les couloirs, de croiser d'autres membres de la société sans être accompagné par mon grand-père ou l'un de ses conseillers, et les maigres trajets que je faisais seule étaient de ma chambre à ma salle de bain, qui était d'ailleurs accessible de ma chambre. C'est à dire que je n'étais quasiment jamais seule. Les deux gardes ferment la porte à clé, mais comme je n'entends pas de verrous se fermer, je me doute qu'ils se tiennent encore de l'autre côté. Je tire sur les manches du simple pull que je porte pour qu'elles recouvrent mes mains, et je m'avance vers un immense miroir posté au dessus de la cheminée. Je n'ai pas de miroir dans ma chambre, et je suis bien curieuse de voir à quoi je ressemble, après deux ans.
La fille qui se tient devant moi me paraît étrangère, et surtout, vieille. J'ai les cheveux très longs, descendant jusqu'à mes fesses, ils sont secs et épais. Les traits de mon visage sont tirés et amaigris, ce qui doit sûrement me donner quelques années de plus que mon âge actuel. Ce à quoi je me reconnais, ce sont mes yeux, ils n'ont pas changé, azur comme une mer calme, comme un ciel dégagé. Je passe une main dans mes cheveux bruns, mais mes doigts s'y emmêlent, et alors que je tire dessus pour m'en défaire, plusieurs mèches de cheveux me restent dans la main. Très glamour. Mais les deux années que j'ai passé enfermée ont été loin d'être glamour, tout du moins pour une fille du Capitol comme moi. J'ai vécu dans un monde de paillette, sans qu'on ne me laisse la chance de savoir comment les autres vivaient. On m'a préservé, je pense. Mais maintenant que tout cela est fini, personne n'a été là pour m'empêcher de penser aux autres, à tous ceux qui vivent dans les districts. Et je me doute assez facilement qu'ils n'ont pas mené la même vie que moi. Les deux années que je viens de passer ont dû ressembler aux leurs. Une douche une fois tous les trois jours, les cheveux une fois par semaine, deux repas par jour, et pour se distraire, les joies de regarder le temps passer, tout simplement.
La porte s'ouvre dans mon dos, et je sursaute, comme prise la main dans le sac. Ma mère ne cessait de me taper sur les doigts quand j'étais petite, parce qu'elle détestait que je passe ma main dans mes cheveux, elle disait que cela les graissait et les abîmait, mais c'est machinal. Je pense que même maintenant, elle serait folle de voir l'état dans lequel ils se trouvent. Mais cependant, j'oublie vite ma mère lorsque je découvre la personne face à moi. Je n'en crois pas mes yeux. Effie Trinket. Bien sûr, je connais tout de cette femme, après tout, je suis née au Capitol, j'ai été bercée par les jeux, mais cependant, je ne lui avais jamais parlé jusqu'ici. Je pensais même que pendant la rébellion, elle était morte. A vrai dire, pendant cette période, j'ai simplement pensé que tout le monde était mort, ou tout le monde finirait par mourir. J'ai été gardée de tout, à l'abri dans le château, on ne me disait rien, et je ne comprenais tout simplement rien.
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May the odds be never in your favor ▹HG
FanfictieSnow est mort. Et pourtant, une dernière édition des Hunger Games va avoir lieu, sous la direction de la Présidente Coin. Les Hunger Games du Capitole, comme ils les appellent. Pas de moisson à proprement parler, pas de répartition par District...