04 ◊ l'entraineur

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Comme nous sommes livrés à nous-mêmes dans la salle d'entraînement, je vague d'un atelier à un autre sans vraiment savoir quoi faire. Et puis, j'attends toujours que le coin où je me trouve soit vide pour y aller. J'ai très bien conscience des regards des autres tributs sur moi. Je ne suis pas sûr qu'ils pensent la même chose que moi, mais au moins, une chose est claire, ils n'ont pas l'air de vouloir faire ami/ami avec moi. J'ai beau y réfléchir encore et encore, je me dis que si jamais ils ont en tête de réellement laisser quelqu'un être vainqueur de ces Hunger Games, ils feront tout pour que ce ne soit pas moi. Alors je ne suis pas vraiment la personne à approcher. Se lier d'amitié, ou ne serait-ce que se montrer gentil envers moi, ne doit pas jouer en leur faveur. Je suis la proie à abattre. Peut-être même pensent-ils que si l'un d'entre eux arrive à me tuer, il aura plus de chance de se voir gagner ces jeux. Qui de mieux comme vainqueur que celui qui a abattu la personne la plus détestée de ces jeux, voir même de bien plus ?

Assise dans un coin qui ressemble fortement à une reconstitution d'une forêt, c'est à dire que les murs ont été peints de façon à ce que nous ayons l'impression d'être entouré d'arbre, je frotte désespérément deux bâtons entre eux, espérant qu'ils prennent feu. Honnêtement, je n'y crois pas vraiment. J'ai simplement un vague souvenir d'avoir vu quelqu'un faire ça pendant des jeux, et comme je n'ai rien de mieux à faire, et que cet atelier était vide, j'ai simplement sauté sur l'occasion.

- Tu as peur ?

Je m'arrête dans mon geste, tout en gardant les yeux rivés sur les deux bouts de bois. Evaelle ne m'a pas lâché depuis que nous sommes entrés dans la salle, et bien que j'ai réussi à faire abstraction de sa présence jusqu'ici, je suis surprise de l'entendre finalement parler. Elle est vraiment discrète, je pense même que j'aurais pu oublier qu'elle était là, tout simplement. Avec un peu de chance, ça pourrait lui servir une fois dans l'arène. Elle pourrait se cacher pendant que les autres s'entre-tueront et surgir comme une fleur pour récupérer son trophée.

- Peur de quoi ? répondis-je après m'être remise à frotter mes bâtons.

Je n'ai pas particulièrement envie de la regarder. Après tout, et si je me retrouvais à la tuer dans l'arène ? Qui sait quel comportement j'aurai là-bas... Je suis incapable de savoir si je serai morte de peur, ou alors entrain de faire une crise de folie ? Mon instinct de survie prendra peut-être le dessus et je ferai tout pour avoir une chance de gagner... Alors moins j'aurais vu son visage, moins mon cerveau s'en souviendra, et moins il viendra me hanter plus tard.

- De mourir, dit-elle dans un souffle.

Je ferme les yeux quelques secondes, mes pensées résonnant en écho dans ma tête, manquant de traverser mes lèvres. Tu ferais mieux de te considérer comme morte dès maintenant. Voilà ce que j'aimerais lui dire. Parce qu'il y a de grandes chances que ce soit la vérité. Mais mon grand-père m'a appris à tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler, alors j'applique son conseil.

- Comme tout le monde, je suppose.

- Je ne veux pas mourir.

Cette fois, un souffle las s'échappe de mes lèvres avant que je ne puisse l'arrêter. Personne ne veut mourir. Personne ne veut disparaître, cesser d'exister, être séparer du monde et de ceux qu'il aime. Personne ne veut entrer dans cette noirceur, et pourtant, on a pas le choix. Si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera demain, ou après-demain, ou dans un an, ou dix.

Que veut-elle que je lui réponde ? Je ne peux pas accuser sa naïveté dans un moment pareil. Tout comme moi, elle a dû passer deux années enfermée quelque part, tout ce qu'elle se souvient du monde, c'était avant ses quatorze ans. Voilà seulement le nombre d'année où ses pieds ont foulé le sol en toute liberté.

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⏰ Last updated: Jun 12, 2016 ⏰

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