Romane & Juliette

Chapitre 7

Les parents de Romane arrivèrent à la morgue.

Un silence régnait ; les corps des jeunes filles se trouvaient sous des draps dans deux salles différentes. La porte du bâtiment s'ouvrit, un couple en pleurs vint s'écrouler au devant de l'accueil. Les parents de Romane se soutenaient avec le peu de force qu'il leur restait. Ils ne pouvaient plus contenir leurs larmes. Un médecin légiste leur témoigna ses plus sincères condoléances avant de leur annoncer qu'ils pourraient bientôt voir leur fille. Le père hocha la tête tandis que la mère éclata en sanglots. Quelques instants plus tard, les parents de Juliette entrèrent à leur tour dans la morgue. De là, la mère de Romane se leva de sa chaise et courut vers la mère de Juliette.
- Elle est morte par ta faute !"
- Pardon ?! C'est à cause de toi qu'elles se sont enfuies ! D'abord tu débarques dans ma maison pour rabaisser ma famille puis tu m'accuses de la mort de ma fille ? Mais pour qui tu te prends ?

La colère s'empara des deux femmes, des mots tous plus violents les uns que les autres sortirent de leurs bouches.
"On aurait pas du les laisser se fréquenter..." dit la mère de Juliette
" Tu aurais du y penser avant que ta fille ne vienne chez moi !"
" Comment peux tu parler d'elle? Tu ne la connais , connaissais.. pas. Juliette était tout pour moi..."
" Tu as d'autres enfants, Romane était ma fille unique, je n'ai plus personne, tu me l'as enlevée !"
Les cris se confondaient dans la salle, le calme avait laissé place à la souffrance.

L'agent de police, Monsieur Marin, remit aux familles les biens de leurs enfants. Un téléphone sonna dans les affaires de Juliette. Le sergent Marin prit le téléphone et décrocha pendant que son supérieur repartait dans la direction inverse. Une voix paniquée lui hurla dans les oreilles:
"Juliette?!
- Non, Monsieur Marin, agent de police d'Ambérieux.
-Pardon? Que lui est-il arrivé?
-Vous êtes une proche de Juliette?
-Je m'appelle Marie Falier et je suis la meilleure amie de Juliette, on se connait depuis 12 ans. Mais pouvez-vous me dire ce qui se passe t-il s'il-vous-plait?
-Je suis désolé mademoiselle mais j'ai une mauvaise nouvelle."
Il attendit quelques secondes avant de reprendre :
"Juliette et Romane sont décédées dans un accident de voiture. Je suis désolé. Vous pouvez venir les voir une dernière fois si vous le souhaitez."
Marie éclata de sanglots. Ses phrases étaient incompréhensibles pour le policier. Il réussit juste à entendre "J'arrive".

Marie arriva rapidement à la porte des pompes funèbres. Les larmes coulaient abondamment sur son visage . Dans le couloir, elle vit les parents des deux filles. Ils se faisaient face mais ne se regardaient pas. Les seuls bruits qui se faisaient entendre étaient les sanglots et les reniflements. Elle leva les yeux et vit leurs regards posés sur elle. Marie resta immobile avant que la mère de Juliette ne la prenne dans ses bras . Le silence dura encore quelques secondes.
Nostalgique, la jeune fille dit : "Elles allaient tellement bien ensemble...". Cette phrase fit exploser la colère du père de Romane : " Comment osez-vous dire ça ? C'est à cause de cette relation que ma fille est morte ! "
"C'est de votre faute ! ajouta-t-il en désignant les parents de Juliette
- Je ne peux pas accepter ce que vous venez de dire ! Notre fille aussi est morte ! C'est arrivé parce que vous ne les laissiez pas vivre leur vies !"

Marie les écoutait se disputer en prenant sur elle pour ne pas intervenir. Les quatre adultes, en plus de se rejeter la faute, commençaient à s'insulter Elle attendait qu'ils arrêtent, mais cette dispute semblait interminable.
"On est dans une morgue, merde ! s'exclama Marie, hors d'elle. Vos filles, mes amies, sont mortes ! Vous venez vous engueuler ici ! Soyez un minimum respectueux envers elles !"
Un silence gênant s'installa. Marie s'écarta. Elle laissa les deux couples seuls. Ils se regardaient
-C'est vrai que notre fille était heureuse avec la vôtre.