C H A P T E R II

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" Quiconque est loup, agisse en loup. "

Delia. Une autre louve-garou de la meute. À vrai dire, cette jeune louve était semblable à Alek sur plusieurs aspects. Outre l'apparence physique qui diffère de cette louve noire de naissance, l'état d'esprit de Delia est similaire à lui. Fière et reconnaissante pour ce qu'elle est, bien qu'elle fut ainsi depuis sa naissance, contradictoirement à Alek. Pendant que cette dernière aux poils macassars même plutôt noirs se penchait sur le miroir pour s'abreuver de quelques gouttes, Alek passa un coup de langue bien amical sur l'épaule que lui offrait sa jeune amie. Effectivement, il adorait faire référence à son âge vis-à-vis à la sienne. Ses jeunes 22 années de vie lupines se masque lorsqu'elle entre dans un état d'esprit d'attaque. Elle est jeune et vive, mais surtout l'une de ses compagnes d'entrainement préférée. Il frotta le dessus de son crâne aux pelages plus pâle que la femme dans le creux de son cou pour finalement retrouver son occupation précédente : sentir de nouveau sa langue transporter l'eau fraîche à son corps. Au tout début, Alek prévoyait passer une soirée assez relaxe à profiter de sa condition de loup. Pourquoi ne pas en profiter pour s'extasier complètement de cette forme? Jouer, voilà ce qu'il avait envie. Il fit volteface pour terminer face à Delia qui exprimait être du même avis. La queue de l'homme-loup valsait dans tous les sens tranchant l'air avec son surplus de bonheur. Ses griffes ébène qui lacéraient le sol ainsi que sa truffe qui voulait humer toutes les odeurs à la fois s'emballaient beaucoup trop facilement sous la pression lunaire. Il s'assit sur son postérieur dégageant ses larges épaules tout en levant le cou face au défi que lui envoyait implicitement son amie. Une course? Une chasse? Qu'est-ce que ça pouvait bien être? S'en foutant un peu, il inclina la tête pour accepter l'offre, lui qui avait tant envie de courir. Pour le faire languir un peu, elle bondissait autour de lui déplaçant à chaque seconde son attention de place. Elle était rapide. C'était une belle louve qui dégageait une de ses joies de vivre contagieuse. Puis, d'un coup, elle s'arrêta. Bien que sa queue continuait de balayer la terre, elle s'était calmée. Un peu comme le calme avant la tempête, elle colla rapidement son ventre ainsi que la partie inférieur de son poitrail vers le sol crampant son arrière-train vers le haut. Alek bandit ses muscles, entailla de nouveau la terre humide et laissa sa gueule s'entrouvrir. Il était prêt, elle aussi. Il adopta lui aussi cette position du chasseur n'arrêtant toujours pas sa queue de tournoyer comme un ventilateur à puissance maximum. Elle partit en premier en détalant vers le fond de la forêt laissant quelques secondes au métamorphe pour chavirer son poids vers ses pattes arrière et ainsi sans plus attendre se projeter vers l'avant. Il suivait de peu la louve qui courrait dans n'importe quelle direction. Tourner à droite, revenir sur ses pas, finalement prendre le virage à gauche pour passer sous une vieille passerelle en bois en piteuse état. Ses pattes touffues piétinaient un minuscule cours d'eau, probablement le début d'un ruisseau qui se lance dans le lac les journées suivant une autre pluvieuse. C'était magique comme sensation. Toujours à la course, il se permettait d'écraser de vieilles branches d'arbres qui couvraient son chemin de temps à autre. Le craquement que produisait les 8 pattes de loup sur la nature résonnait en écho dans la forêt. Lorsque la distance fut suffisante, Alek arqua son corps vers le sol pour prendre son élan et se propulser sur Delia. Au vol, il plaqua cette dernière pour l'envoyer rouler sous lui. Ils roulèrent quatre ou cinq mètre plus loin avant de s'arrêter de justesse sur le bord du lac. Bien sûr, Alek avait le dessus sur la femelle qui se faisait maintenir au sol par de musculeuses pattes sur son poitrail. Il affaissa le plus de poids qu'il pouvait sur la louve sans pour autant la blesser afin de la garder immobile. Il haussa un sourcil, signe qu'il avait gagné cette première manche. 1 à 0. Il savait déjà que l'esprit compétitif de Délia ne se laisserait pas perdre ainsi. Un lourd bruit vint résonner dans la forêt ce qui distrait le regard d'Alek sur le lac. Un poisson venait de faire un magnifique plongeon laissant des cercles répétitifs sur la surface de l'eau. Quelle stupide idée de se laisser divertir par un poisson dans cette position. Il venait tout juste de laisser la voie libre à Délia qui en profita. D'un coup raide, le dos du lycanthrope frappa le sol s'étant fait retourner.

Please, do not feed the fearsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant