Chapitre 5 : Dans les donjons

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PDVde Tysméo

Jesuis là depuis 2 semaines. Je me les gèle, et j'ai super faim. Oui,ils servent des repas dans les donjons, mais pour eux, un repas c'estun bout de pain dur et une carafe remplie d'eau dégueulasse. Maisc'est pas la faim qui me gêne le plus, j'ai déjà connu pire. Non,le pire, c'est que je suis sans nouvelles de Kalya. Elle est touteseule, sans personne à qui se confier, alors que ses parents veulentla marier à un prince débile, lâche et trouillard, et qui veut metuer pour avoir Kalya à lui tout seul. Il peut toujours courir !Jamais je ne céderai MA Kalya. Surtout à ce prince.

J'entendsla porte du couloir s'ouvrir. C'est déjà l'heure de bouffer ?Je m'en étais pas rendu compte. En même temps, c'est pas comme sij'avais une horloge à portée de main.

Fauxespoir : c'est encore l'autre abruti qui vient sans doute medire que je vais être pendu dans la cour du château. Sauf qu'il y aquelqu'un avec lui. Mais c'est... Kalya !

- Eh bien voilà, très chère, vous avez eu ce que vous vouliez.

- Je veux lui parler. En privé. Vous n'aurez qu'à attendre dans le couloir. S'il vous plaît.

- Vous n'avez pas d'ordre à me donner, c'est moi le prince ici !

J'aienvie d'éclater de rire. Mais je me retiens : j'ai envie devivre encore quelques jours.

- Ce n'est pas un ordre. C'est une exigence. Vous n'avez donc pas confiance ? Très bien. Restez ici si vous voulez, mais ce que nous allons dire risquerait de blesser votre ego.

Çam'étonnerait que Kalya soit venue jusqu'ici juste pour insulterKislapet sous son nez ! Mais moi ça me dérangerait pas. Lui,de son côté, a vraiment l'air en colère.

- Très bien, Kalya ! Je vous accorde dix minutes, ensuite vous retournerez avec moi ! Ou bien je me ferai un plaisir de laisser vos parents vous sermonner !

C'est marrant. Ma petite sœur faisait exactement la même chose quand on était petits. Mais visiblement, ça ne fait pas rire Kalya.

- Oui, Kislapet, répond-elle avec un petite voix.

Qu'est-cequi lui prend ? On dirait qu'elle a perdu sa confiance d'un seulcoup ! Maintenant elle ressemble à ces filles bourgeoisesordinaires qui font profil bas et ne parlent presque pas en présencedes hommes.

- C'était quoi, ça ? « Oui, Kislapet » ! Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu te comportes comme si tu étais sa bonniche ! Ou sa femme ! C'est pas toi, ça !

- Disons que c'est la future moi...

Hein ?Quoi ? De quoi elle parle ?

- Tu... vas te marier... avec lui ?

Jene trouve même plus les mots. Je me contente de la regarder :j'ai tellement confiance en elle que je sais qu'elle n'avait pasd'autre choix.

- J'étais obligée. Il menaçait de te condamner à mort ! Alors on a fait un compromis...

- Kalya...

- Dès que le mariage sera fini, tu seras libre, Tysméo, je te le promets !

Maisj'ai pas envie d'être libre ! Enfin, si, quand même, mais passans Kalya !

- Mais t'es folle ! Si je suis libéré, ils vont me forcer à quitter le royaume ! Et je partirai pas sans toi, Kalya !

- Mais je n'ai pas le choix !

C'estvrai. Elle a un engagement, elle veut le tenir, parce qu'elle a desprincipes. Principes que j'ai d'ailleurs jamais compris. Des trucs debourges. Mais une idée vient dans mon esprit.

- Écoute-moi. C'est vrai, t'as pas le choix. Donc, tu vas te marier avec l'autre abruti, et moi je serai libre. Mais avant de m'en aller, je reviendrai, et on s'enfuira, toi et moi !

Sesyeux s'illuminent. Ses si jolis yeux... Son regard me dit : « Oui,je fuirai avec toi. » Mais c'est pas ce qu'elle me répond.

- Mais... que vont penser mes parents ? Et si la famille royale cherchait à nous retrouver ? Et si...

- Tu oublies à qui tu as affaire : tu seras avec un vagabond devenu expert dans l'art de disparaître, contre un prince complètement débile et incapable de faire quoi que ce soit tout seul ! Et, en ce qui concerne tes parents, je ne veux pas te monter contre eux, mais c'est de leur faute si on est dans cette situation !

J'ai un peu menti. Les parents de Kalya me détestent, alors je les déteste aussi.

- C'est vrai... C'est d'accord, je m'enfuirai avec toi.

C'estla meilleure chose qu'on m'ait dite aujourd'hui ! Bon, en fait,c'est la seule bonne chose qu'on m'ait dite aujourd'hui. Je regardeKalya : elle a l'air heureuse, mais...

- Y a quelque chose qui va pas ?

- Si je m'enfuis avec toi, nous ne serons pas seulement toi et moi.

Elle n'envisage quand même pas d'emmener ses parents avec elle !Non, ça m'étonnerait.

- Hein ? Comment ça ?

J'ail'air d'un idiot à poser la question, mais tant pis.

- Ça va faire deux semaines que j'essaye de te le dire, mais on n'a jamais eu le temps...

Ohoh, je commence à le voir venir...

- Tysméo, j'attends un enfant. Ton enfant.

Jesais pas si on peut considérer ça comme une bonne ou mauvaisenouvelle. Bonne parce qu'un enfant, c'est quand même génial, maismauvaise parce que s'il naît alors qu'on est toujours en cavale, il(ou elle) sera en GRAND danger. Mais c'est pas le moment de montrermes doutes à Kalya : elle est suffisamment inquiète comme ça.

- On trouvera un moyen pour que cet enfant soit le plus heureux du monde, c'est promis, dis-je en lui prenant les mains.

J'auraispeut-être pas dû promettre. Tant pis, je tiendrai ma promesse...Enfin, j'espère.

Etc'est là que la porte s'ouvre à nouveau à l'autre bout du couloir.

- Kalya ! Cela fait maintenant dix minutes ! Je ne peux attendre plus longtemps, nous étions d'accord !

Génial,le rabat-joie est de retour ! Le seul bon côté de ce mec,c'est qu'au moins avec lui Kalya est en sécurité. Il s'approche denous, et regarde Kalya d'un air sévère.

- Allons, ne restez pas là, venez !

Ellebaisse les yeux.

- Oui, je viens.

Avantde partir, elle m'envoie un baiser de loin. Je le lui renvoie. Quandj'entends la porte se fermer, je me retrouve à nouveau seul. Aumoins, ça me laisse l'occasion de réfléchir à tout ce que Kalyavient de me dire. Et ça me donne aussi tout le temps de planifiernotre fuite ensemble. Faut juste espérer que tout marche comme jeveux.

Kalya & TysméoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant