Jean-Marie le Pen x Donald Trump

Chapitre 4 : Douceur et volupté

La portière se referma dans un claquement sec, immédiatement emporté par le vent qui soufflait. La voiture redémarra dans un rugissement de moteur, soulevant un nuage de poussière qui retomba petit à petit sur le chemin de gravier blanc qui menait au petit pavillon perdu au milieu de la campagne francilienne. 

L'air était doux en cette fin de printemps, le soleil brillait au milieu d'un ciel sans nuage. Pas de doute : juin était bel et bien arrivé. Le gazon qui bordait le chemin était déjà sec et jauni par la chaleur étouffante qui régnait ce jour-là. Quelques touffes semblaient avoir résisté à la récente tonte et un sécateur était apposé contre la souche d'un peuplier abattu il y a de cela des années. 

Jean-Marie était heureux. Il songeait à la nuit qu'il avait passé avec son compagnon. Donald se tenait à ses côtés, le sourire aux lèvres. Il regardait le ciel, humant l'air, ses cheveux soyeux à nouveau décoiffés par le vent. Trump lui tendit une main aux doigts boudinés. Jean-Marie la saisit de bonne grâce, en prenant bien garde de ne pas abîmer ses vieilles mains fripées sur les pierreries extravagantes qui l'ornaient. Il fut aveuglé un bref moment lorsque l'un des rayons du soleil frappa l'une des bagues, se reflétant jusqu'à son œil unique qui protesta devant cette agression soudaine à grands renforts de larmes. 

Donald se retourna vers son comparse et s'étonna de découvrir une traînée humide dans le coin de son œil droit. Il l'essuya d'un délicat revers de main, le diamant de sa bague centrale effleurant la joue de Jean-Marie qui ne put réprimer un frisson de plaisir. Ce simple geste réveillant en lui les désirs les plus simples mais qui étaient aussi les plus vils, les plus primitifs. Mais il ne pouvait pas y céder. Pas maintenant du moins. La nuit était plus propice à de telles activités. Il se mit à sourire sans même sans rendre compte.

Sa mémoire qui se révélait parfois défaillante même pour réciter ses passages préférés de Mein Kampf était aujourd'hui plus claire que jamais. Il se revoyait dans cet hôtel miteux, se précipitant dans le couloir avec son compagnon sous les yeux ébahis du réceptionniste qui ne croyait guère à ce qu'il voyait. La nuit était passée si vite, trop vite. Mais pendant ce court laps de temps, il avait été heureux, oubliant sa famille, ses déboires politiques. La peau de Donald était douce et rugueuse à la fois, d'une couleur rouge vif, avec des plaques orangées par endroit où le bronzage avait été trop insistant. Il se souvenait du contact de son corps chaud contre le sien, des élans affectueux qui s'en étaient suivis. La nuit avait été torride comme en témoignant la douleur cuisante le long de sa fesse droite qui laissait présager d'une certaine sauvagerie lors de leurs ébats.  

La capsule de Viagra que Jean-Marie conservait constamment sur lui, au cas où il ferait une énième conquête comme dans le temps où il était un de ces grands loups séducteurs, ne lui avait pas servie cette nuit là. Elle était restée bien au chaud dans sa trousse à médicaments entre ses pilules contre le stress et sa goutte qui le faisait habituellement souffrir. Mais depuis quelques jours, plus précisément depuis cette fameuse rencontre, il n'avait plus ressenti la moindre douleur ni le moindre besoin de prendre ces comprimés qui altéraient ses sens en contrepartie d'un soulagement plus que limité. 

Donald Trump était le remède à tous ses maux. Son regard l'emplissait d'une vitalité qu'il n'avait plus connue depuis des années, et s'endormir dans ses bras cette nuit-là s'était révélé plus doux que tout ce qu'il avait connu auparavant. 

Ce fut l'appel de son bien-aimé qui le tira de ses rêveries.  Ils étaient arrivés devant un charmant petit pavillon, bâti entièrement en bois dont les teintes variaient du sombre au clair. Des tuiles rouge vif recouvraient l'intégralité du toit, pas un brin de mousse ne venait gâcher l'aspect impeccable du tableau qui se dressait devant leurs yeux.