Michael Blake court dans les rues de Miami, suant à grosses gouttes sous le soleil de juin. Il oblique dans une ruelle bordée de palmiers et se maudit de ne pas avoir suivi les exhortations au régime de son médecin.
Non loin de là, une vieille dame peine à tirer son cabas. Il la dépasse en trombe, évitant de justesse la collision avec un passant.
Le hurlement lointain des sirènes de police l'obsède. Les poumons en feu, il bifurque au coin d'une deuxième ruelle et cavale au milieu des résidences luxueuses de Miami Beach.
Comment a-t-il pu en arriver là, lui le Michael empâté et ultra-connecté qui se réfugie dans sa chambre dès que sa femme hausse le ton ?
Michael gémit. Ses jambes ne le portent plus, il ralentit le rythme. Il s'est fourré dans un sacré pétrin, et il n'a aucune idée de comment s'en sortir. S'il est pris, son acte lui vaudra d'être emprisonné pour le restant de ses jours.
Il ne doit surtout, surtout pas penser à ce qui est arrivé quelques minutes auparavant. D'ailleurs, il est inconcevable que les choses se soient passées comme ça. Pourtant les sirènes de police se rapprochent...
À bout de souffle, Michael s'arrête devant une maison blanche dont l'entrée soignée est encadrée par deux palmiers. Il presse frénétiquement le bouton de l'interphone, situé à gauche de la plaque où est inscrit le numéro 12.
— Réponds ! supplie-t-il en direction de l'interphone.
Il entend l'appel ininterrompu du carillon à travers la porte d'entrée.
— Réponds, réponds, réponds !
— J'arrive ! dit une voix féminine depuis l'intérieur de la maison. Inutile de vous acharner sur mon interphone, je vous ai entendu !
La porte s'ouvre et le visage de Deborah apparaît. De toute évidence, Michael l'a interrompue en train de se coiffer, car un côté de ses cheveux est parfaitement lissé alors que l'autre abrite bon nombre de boucles brunes indomptées.
Cela n'enlève rien au charme de son visage, toujours savamment maquillé. Aujourd'hui elle a opté pour un assortiment de fard à paupières cuivré qui fait ressortir ses yeux noisette. À quarante ans, Deborah a la fraîcheur d'une adolescente.
Michael baisse les yeux. Que dirait sa femme si elle le prenait à avoir ce genre de pensées ?
— Ça alors, Michael ! s'exclame Deborah. Que t'arrive-t-il ? Tu t'entraînes pour le marathon ?
Pour une fois, Michael ne goûte pas à la plaisanterie.
— Deb, j'ai besoin de toi. Je suis poursuivi, je... j'ai...
Il s'interrompt, incapable de finir sa phrase. L'amusement de Deborah retombe.
— Entre, lui dit-elle. Tu as l'air mal en point, tu vas me dire ce qui se passe.
Soulagé, Michael s'exécute. À peine franchit-il le seuil de la maison qu'il est enveloppé d'une bouffée d'air frais. La climatisation tourne à fond pour maintenir une température d'exactement vingt degrés. Après cette course folle dans l'humidité étouffante de Miami, c'est une libération.
— Assieds-toi, je t'apporte un verre d'eau.
Deborah disparaît dans la cuisine et Michael s'affaisse sur le sofa. Il promène un regard hagard sur le salon. Son amie a fait peindre ses murs en rose pâle et a posé des rideaux assortis. Des vases de toutes tailles ornent les meubles dans un ensemble impeccablement agencé. Seul le fer à lisser, posé à la hâte sur la table basse, trouble l'ordre de la pièce.
En face de Michael, la grande télévision à écran plat est allumée mais Deborah l'a probablement passée en mode silencieux lorsqu'il a sonné. Il ne peut pas entendre le chef cuisinier disserter de la meilleure façon de préparer les échalotes. À en juger par les voix étouffées en provenance de la cuisine, la deuxième télévision est également en marche.
Deborah revient bientôt avec deux verres d'eau remplis de glaçons.
— Okay, dit-elle en lui tendant le verre. Maintenant raconte-moi tout.
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Bonjour à tous !
Merci d'avoir lu les premières lignes de Renaissance, j'espère que cela vous aura donné envie de continuer. N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de cette introduction, et à très bientôt pour la suite !
Pauline
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Renaissance
Historical FictionTrois siècles après sa mort, Louis XIV prend violemment possession du corps et de l'esprit de son descendant, Hadrien, chanteur à succès. Il n'est pas seul : Napoléon, Confucius, Ronsard, Pierre et Marie Curie et bien d'autres s'emparent également d...