Chapitre 12

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Mai

       Sous l'assaut, la guéparde miaula d'abord de douleur, tout en bondissant et secouant son dos pour déloger l'autre femelle. Mais c'est qui cette grognasse ? Elle va nous arracher un bout de peau si ça continue, fais quelque chose ! s'affola sa partie humaine. Si l'animal n'avait pas été si occupé à tenter de déloger l'ennemie,  elle aurait levé les yeux au ciel : que pensait-elle qu'elle faisait en ce moment ? Elle se tournait les pouces peut-être ?

Le félin, qui était d'ailleurs en temps normal d'un naturel joyeux à l'image de sont alter ego humain, commençait à sentir la moutarde lui monter au nez : cette femelle avait interrompu sa sieste, et désormais elle s'agrippait à elle comme une moule à son rocher. 

Bien déterminée à ne pas laisser l'énergumène lui enlever un bout de chair comme l'avait dit l'humaine, elle rua et se laissa tomber au sol avant de se rouler brusquement sur le dos.  Ecrasée sous le poids de la guéparde tout de même plus grande qu'elle, la renarde fini par lâcher prise pour grogner de douleur à son tour pour se relever en grognant méchamment. La guéparde se releva d'un bond également et se mit en position d'attaque. L'autre était plus petite, elle pouvait facilement la dominer. Elle montra les crocs, tout en jetant un coup d'œil à celui qui avait été son compagnon de jeu, qu'elle avait oublié dans la fulgurance de l'attaque, et qui pourtant ne semblait pas faire grand cas de ce qui se passait à côté.

Le léopard était allongé sur le flan, l'air paresseux avec ses yeux mis-clos et sa queue battant lentement le sol, et il regardait les deux femelles se battre, comme elle pensait qu'il regarderait un bon film. 

Au fond d'elle, la guéparde prêtait à peine attention à Mai qui se révoltait en voyant ce comportement . Non mais je rêve, qu'il ne nous aide pas surtout ! fit-elle à l'attention de  sa partie féline. Celle-ci ne répondit pas. Pour elle, il était normal de mener ses propres batailles, de se faire sa place d'elle-même dans une meute. Après tout elle était une guéparde dominante, et ce n'était pas rien dans son espèce de félins particulièrement solitaires. L'humaine parut tilter et se tut pour observer le combat en retrait, blottie au fin fond de son esprit. C'était à peine si elle ne prenait pas des notes. Alors comme ça elle était une dominante ?

Revenant au combat, le félin guettait les mouvement de l'autre femelle. Ayant échoué à la prendre par surprise, elle gémissait à présent au sol comme une pauvre petite chose fragile. Comme si elle ne venait pas de tenter de lui arracher un morceau de sa colonne vertébrale. Quel cinéma. 

La guéparde bailla avant de s'approcher de celle qui était devenue sa proie. Cette dernière s'était mise en boule et, la voyant approcher, gémit de plus belle telle une pauvre victime fragile. La guéparde la poussa de la patte tandis qu'elle geignait de plus belle. La féline en eut rapidement assez de ses plaintes et elle finit par gronder férocement une menace qui disait, en essence: " Arrête ça maintenant espèce de poule mouillée et assume tes actes ". La renarde lui jeta alors un regard haineux et, lançant un regard malheureux au léopard qui suivait le combat d'un air un peu plus attentif, se retransforma dans une explosion de poussière qui fit éternuer la guéparde. Grognasse jusqu'au bout, pensa sa partie humaine. La guéparde ne pouvait qu'être d'accord: cette vipère n'avait même pas la décence de se soumettre correctement.

Alors qu'elle reluquait sévèrement la fille rousse qui se redressait devant elle avec ce qui semblait être un sourire en coin qu'elle dissimula bien vite, elle vit du coin de l'oeil le félin tacheté se lever paresseusement, et marcher vers elles. Même si elle comprenait qu'il n'avait pas à ce mêler de ce combat, elle lui en voulait légèrement de ne pas avoir réagir le moins du monde quand la teigne rousse lui avait sauté dessus. Comme s'il savait qu'elle allait venir. 

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