d e u x i è m e m e n t

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Le lourd rideau brodé de l'appartement six bougea subrepticement.  Au-delà des voilages, un homme tentait de regarder par la fenêtre. Ses mains, tâchées par l'âge et les épreuves de la vies, se tenaient aussi fermement qu'elles le pouvaient montant de la fenêtre. Les lèvres pincées, Monsieur Simon regagna la salle à manger où la lumière se faisait rare en ce mois de janvier, et ce dirigea dans le couloir où pendait une ampoule inutile et poussiéreuse. Il frappa devant à la porte, trois coups, comme il l'avait fait durant quarante ans.

- Oui ?

Monsieur Simon, droit comme un i, poussa la porte avec assurance. Un homme d'une quarantaine d'années aux cheveux grisonnants était assis sur la canapé convertible, dans une pièce aussi grande qu'un cagibi.

- Il y a eut du nouveau, n'est-ce pas ?

Pour seule réponse, Monsieur Simon hocha délicatement la tête.

- Le parc, en face. Ils sont là. Elle est là. Lui aussi, d'ailleurs. Ainsi que le créateur.

- Le créateur ? demanda le quadragénaire.

- Je n'ai pas le temps de t'expliquer Oliver, rends toi à l'interieur du cercle, ils ne tarderont pas à entrer dans l'enceinte.

À ces mots, Oliver se leva, saisit écharpe et manteau et s'engouffra en quelques enjambées dans la cage d'escalier, fermant derrière lui la porte de l'appartement ridiculement petit vis à vis du standing affiché en façade. En sortant par la porte droite, il déboucha dans un jardin, en sphère parfaite, où trônait en son centre buissons, fontaines et bancs. Les immeubles de huit étages fermaient ce jardin privé. La hauteur des façades empêchait le jour de percer totalement dans la cour intérieure, donnant un air morose et fade aux devantures. Chaque fenêtre était identiques, chaque balcon possédait son jumeau à sa droite et à sa gauche.

En s'asseyant sur le rebord de la fontaine, Oliver eut un léger ressentit d'oppréssion : à cause de l'homogénéité des lieux, il avait l'impression qu'il était épié, fixé et enregistré.

Ce n'était qu'une impression, après tout, il ne fallait pas tomber dans le rêve, ou dans la réalité.

Il ne fallait pas.

Il ne pouvait pas.

Il ne devait pas.

M A T I N   D ' H I V E ROù les histoires vivent. Découvrez maintenant