M A T I N D ' H I V E R

4.3

                 

- Nous te faisons dire ce que nous voulons. Tu penses être fort mais tu es comme les petits enfants, tu ne cesses de geindre, de te plaindre. Qui te dit que tout ceci est réel ? As-tu essayé de t'enfuir ? As-tu protesté ?

- Je...

- N'essaie pas Thomy, c'est trop tard. Nous sommes dans la ville d'Un, ton esprit croyait en lui. Tu savais que tu lui avait piqué Ambre, alors tu as eu de la peine pour lui. Inconsciemment, tu lui as créé un monde dans lequel il pourrait se réfugier. Bref, tu t'es donné bonne conscience. Ce que tu ne savais pas, c'est que les choses que nous créons, que nous imaginons dans notre tête, prennent vie quelque part. Pour la bonne et simple raison que tu es ton plus grand rêve, comme ton plus grand démon.

Eden lui faisait face, lui l'adolescent chétif qu'il avait déjà croisé semblait aujourd'hui imposant. Ses dents luisaient telles des crocs, prêts à le mordre d'une seconde à l'autre. Thomy qui avait toujours eut confiance en lui, se tassait : il voulait partir, fermer les yeux et ne plus jamais revenir.

Dans un dernier élan de courage, Thomy prit la parole :

- Vous avez raison.

Eden croisa les bras et esquissa un léger sourire de satisfaction, sarcastique. Mais Thomy n'en avait pas fini pour autant :

- Vous avez raison, tout ceci n'est que le fruit de mon imagination. Il suffit que j'y crois, même un cours instant. Je suis maître de moi-même, aussi bien de mon corps que de mes pensées. Il y a des mystères qui doivent rester des mystères, et je ne sais toujours pas pourquoi vous souhaitez retrouver Un. Et je m'en fiche un peu, car je ne vais pas vous aider. Je vais me réveiller car je l'ai décidé, je vais mener une vie normale car je l'ai décidé. Je suis mon propre maître et mon propre esclave, vous n'avez désormais plus aucun pouvoir sur moi.