Chapitre 1

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- Mais quel crétin !
Elle claqua la porte, et s'arrêta dans le jardin.
Elle était furieuse. Contre lui, bien sûr, une énième fois.
Contre elle, surtout. Comment avait-elle pu se faire avoir ? Comment avait-elle pu se faire ENCORE avoir ?
Alors qu'elle le SAVAIT ! Cela faisait des années qu'elle le savait, il ne s'en cachait même pas plus que ça. A la plage, en boîte de nuit, quand ils prenaient un café... Il fallait TOUJOURS qu'à un moment ou un autre son regard stupide vienne glisser sur les jambes ou la poitrine d'une fille insipide bêtement assise à quelques mètres.
S'en suivait invariablement les mêmes cris, les mêmes disputes, toujours...
Elle avait aimé cela, en fait, réalisa Bulma en s'asseyant dans l'herbe. Ces querelles, ces tendres réconciliations pleines de serments murmurés à mi voix... Elles faisaient partie de sa relation avec Yamcha depuis le tout début.
Mais là, elle était fatiguée.
La jeune femme soupira : elle n'était plus la toute jeune fille qui avait rencontré son beau guerrier sans peur et sans reproche. Elle avait grandi, mûri. Les événements qu'elle avait traversés l'avaient endurcie, malgré elle. Elle aspirait à une vie plus stable, elle en avait assez de cette relation d'adolescents attardés.
Elle en avait assez de Yamcha, en fait.
Mais elle n'arrivait pas à mettre un terme à leur histoire... C'était confortable, en fait. Ils se voyaient souvent à Capsule Corp, il connaissait maintenant bien ses parents, il venait s'entraîner là pendant qu'elle travaillait à son labo, et ils pouvaient aller se détendre ensemble, sortir, aller se balader.
Elle profitait pleinement de ces moments d'insouciance, sachant que, dans moins de deux ans maintenant, le pire allait à nouveau survenir quand ces cyborgs feraient leur apparition.
Et en même temps, elle ne pouvait s'empêcher de penser que, justement, elle était en train de gâcher ces quelques précieuses années de répit avec quelqu'un qui ne correspondait plus à ce qu'elle attendait.
Elle arracha un brin d'herbe en soupirant : il fallait qu'elle en finisse.
Une ombre s'interposa entre elle et la lumière du soleil ; Bulma leva les yeux.
Végéta était debout devant elle, bras croisés sur son torse luisant de sueur, et l'observait d'un œil mauvais.
Il ne manquait plus que lui...
Ravalant son désir de l'envoyer paître méchamment, elle demanda froidement :
- Qu'y a-t-il Végéta ?
- Tu dois venir faire des réparations.
- Plus tard.
- Non, maintenant.
Elle articula lentement :
- J'ai dit « plus tard ».
Un éclair de colère passa dans les yeux noirs du Prince, qui grinça des dents :
- Stupide terrienne. Au lieu de passer ton temps les fesses dans l'herbe à penser à ton abruti de petit ami, tu ferais mieux de m'aider à m'entraîner !
- Qu'est-ce qui te dit que je pense à Yamcha ?
Un sourire méprisant se dessina sur les lèvres du Prince :
- C'est évident, quand tu as cet air stupide c'est toujours que tu penses à ce minable. Vous faites vraiment la paire.
- Entre temps, tu as besoin de la copine du minable pour réparer tes précieux jouets, répliqua-t-elle.
- Non, c'est vous qui avez besoin de moi pour sauver votre insignifiante planète.
- Ah non, pour ça, on n'a pas besoin de toi, on a Son Goku ! riposta-t-elle, avec un grand sourire.
La réplique fit mouche, et Bulma vit avec une certaine satisfaction les traits du Prince se durcir. Il grogna :
- Pathétique femelle, on verra quand vous me supplierez tous de vous sauver !
- C'est ça, on verra.
Et, se levant gracieusement, Bulma rentra dans le bâtiment, la tête haute, sans plus adresser un regard à Végéta qui fulminait. Elle croisa sa mère, debout avec un plateau de petits gâteaux :
- Ma chérie, tu as encore été dure avec ce gentil Végéta.
- Ce « gentil Végéta » comme tu l'appelles, est un monstre sanguinaire, grinça la jeune femme.
- Peut-être, mais il est tellement séduisant ! minauda Madame Brief.
Bulma jeta un coup d'œil derrière elle : Végéta, furieux, retournait d'un pas vif vers sa salle d'entraînement. Son short noir laissait peu de place à l'imagination, et la sueur couvrait sa peau hâlée d'une fine pellicule scintillante.
C'est vrai qu'il y avait en lui quelque chose de... séduisant. Un charisme, un charme presque animal... et il était encore mieux bâti que Yamcha... peut-être aussi parce que, LUI, passait tout son temps à s'entraîner et non à courir les filles, se souvint Bulma en serrant les poings.
Enfin bon, séduisant ou pas, ça restait Végéta.
- Femme !
- BULMA ! Mon nom est BULMA espèce de crétin !
- Je me moque de ton nom ! La seule chose qui m'importe c'est que tu répares cette stupide machine.
- Cette « stupide machine » comme tu l'appelles, est la salle de gravité que Môôôôsieur Végéta nous a commandé pour que Môôôôôsieur Végéta puisse s'entraîner. Ce n'est pas de ma faute si tu n'as aucun respect pour le matériel et si mon père et moi devons passer notre temps à le réparer !
- Est-ce ma faute à moi si vous êtes incapables de fabriquer quelque chose qui ne tombe pas systématiquement en panne dès que je pause ma main dessus !?
- Est-ce ma faute si tu n'es qu'une brute !?
- Euh... Salut vous deux !
Bulma et Végéta se retournèrent vers la voix :
- Goku ! s'exclama la jeune femme en souriant.
- Il ne manquait plus que lui, grogna le Prince.
- Alors, comment ça va vous deux ? demanda le jeune Sayian en les regardant tout à tour.
- Ça va bien, répondit Bulma.
- Qu'est-ce que ça peut te faire ?
- Ben... rien, je passais dans le coin, je venais juste aux nouvelles... Quelque chose de spécial ?
La jeune femme et le Prince le regardèrent, interloqués. Elle répondit :
- Euh... Non... Pourquoi ? Tu t'attendais à quoi ? J'ai l'impression que tu as une idée en tête...
- Non non non ! balbutia Goku. Pas du tout ! Je disais ça comme ça moi !
Végéta haussa les épaules :
- Comme je constate que, comme d'habitude, vous n'avez ni l'un ni l'autre rien d'intéressant à dire, je retourne m'entraîner.
- C'est ça, fais donc, grogna Bulma. Et tâche de ne rien casser de plus !
Ils échangèrent un regard glacial et le Prince regagna la salle de gravité. Puis Bulma se tourna à nouveau vers Goku en souriant :
- Alors, comme ça tu ne fais que passer ?
- Oui, je... Je venais voir comment ça allait. Chichi m'a envoyé faire une course en ville, alors voilà.
- Ah. Et elle va bien ? et Gohan ?
- Ils vont très bien. On s'entraîne beaucoup avec Piccolo.
Bulma hocha la tête :
- Oui, Végéta aussi. Il passe ses journées à s'entraîner.
- Ah, murmura Goku. Tu ne le vois pas souvent alors ?
La jeune femme leva les sourcils, surprise :
- Euh.. non. Enfin si, il vit quand même ici depuis plus d'un an.
- Et ça se passe bien ?
Elle sembla hésiter, puis haussa les épaules :
- En fait, je dois dire que oui. Une fois qu'on est habitué à se faire traiter comme un esclave, et à réparer tous les jours ce qu'il détruit à chaque entraînement, je dois reconnaître qu'il n'est pas difficile à vivre.
- Ah ! ça me fait plaisir ça ! s'exclama Goku, joyeux.
Bulma ne comprenait vraiment rien à son attitude :
- Comment ça ? Qu'est-ce que cela peut te faire ?
- Ah mais rien hein ! répondit-il, paniqué. Rien du tout ! C'est juste que je suis content que tout se passe bien hein, c'est tout !
- Ah, bon.
Quelques minutes plus tard, Bulma le salua de la main quand il s'éleva dans l'air pour rentrer chez lui. Elle murmura en le regardant s'éloigner :
Il n'y a pas à dire, il est vraiment bizarre des fois....
- Piccolo, je suis un peu inquiet.
- Pourquoi ?
- Je suis passé chez Bulma aujourd'hui. Et... je ne vois pas comment elle pourrait être sur le point d'avoir un enfant avec Végéta.
Le namek fronça les sourcils :
- Tu n'as pas commis d'erreur au moins ? Tu n'as rien dit ?
- Non non ! Vraiment rien. Mais justement, je me demande s'il ne faudrait pas...
- Non, il ne faut pas.
Goku regarda son ami, surpris :
- Pourquoi ? Si tu les voyais, ils n'arrêtent pas de se crier dessus, et...
- Il y a encore du temps. Les relations humaines me sont très étrangères, mais j'ai compris qu'elles prenaient du temps. Nous ne devons pas interférer, cela risquerait de compromettre le futur de Trunk.
- Bien, si tu le dis, murmura Goku, perplexe.
Le Prince sayian s'épongea le front, leva les yeux, et s'arrêta net.
Yamcha, qui se dirigeait vers l'entrée de la maison, l'aperçut à son tour et grimaça un sourire :
- Salut Végéta.
Celui-ci ne répondit même pas et continua de s'essuyer avec sa serviette. Son regard sombre suivit le terrien quand il entra et referma la porte derrière lui.
Encore cet abruti. L'intérêt de cette femelle pour un si piètre guerrier le dépassait totalement. Après tout, elle était plutôt jolie pour une femme, puissante sur sa planète, et assez intelligente pour concevoir d'intéressants accessoires d'entraînement.
Qu'elle puisse s'unir à un type aussi insignifiant était pathétique.
Végéta haussa les épaules et s'assit dans l'herbe pour méditer quelques minutes avant de reprendre ses exercices.
Il fut désagréablement tiré de sa concentration par des éclats de voix en provenance de la maison. La porte avait beau être fermée, il pouvait percevoir la discussion grâce à son excellente ouie. Curieux malgré lui, il tendit l'oreille : Bulma et Yamsha semblaient, une énième fois en pleine crise :
- Cette fois c'est fini, FINI ! s'exclama-t-elle.
- Voyons, Bulma...
- Non ! J'en ai assez de cette relation qui ne mène à rien, de tes infidélités !
Un sourire méprisant passa sur les lèvres de Végéta : ce type n'était même pas capable de droiture et de fidélité. Il n'était pas surpris, après tout il avait souvent senti sur lui des parfums féminins fort différents de l'essence épicée caractéristique de Bulma.
- Mais Bulma, je te l'ai dit, c'est toi que j'aime ! Même Goku a dit que...
- Laisse Goku tranquille ! Il a dit cela il y a presque deux ans, et si tu crois que je vais un jour t'épouser et faire des enfants avec toi, sache qu'il n'en est pas question, car nous deux c'est terminé.
- Ecoute, je te laisse réfléchir, et...
- C'est tout réfléchi, Yamcha, murmura-t-elle d'un ton las qui fit froncer les sourcils du Sayian.
- Comment... Comment ça ?
- On ne va nulle part. Cette relation ne mène plus à rien depuis trop longtemps, et on le sait tous les deux. Ce qui nous garde ensemble, c'est juste... les souvenirs, la force de l'habitude. Il faut juste avoir le courage de se l'avouer une bonne fois pour toute.
- Tu... Tu ne m'aimes plus, alors ? balbutia Yamcha.
Il y eut un silence. Végéta ne réalisa même pas qu'il attendait la suite, tendu. Elle vint dans un murmure qu'il perçut à peine :
- Non. Je ne t'aime plus. Et depuis longtemps je crois. Je tiens beaucoup à toi, mais je ne t'aime plus. Et tu ne m'aimes plus non plus, tu le sais au fond de toi.
- C'est à cause de Végéta, c'est ça ? demanda Yamcha, soudain agressif.
Le Prince, stupéfait, se demanda ce qu'il venait faire dans la conversation. Il n'était pas le seul, à priori :
- Végéta ? Mais quel rapport avec Végéta ? balbutia Bulma.
- Oh ça va hein ! Si tu crois que je n'ai pas vu votre petit manège à tous les deux ! Ta façon de le couver, de lui passer ses moindres caprices... La façon dont tu t'es précipitée sur lui quand il a fait exploser la salle de gravité... Franchement, croire au Prince charmant à ton âge Bulma, c'est assez pitoyable.
- C'est toi qui es pitoyable, répondit-elle d'un ton glacial. Végéta ? Non mais tu dis vraiment n'importe quoi pour ne pas reconnaître que le seul en cause, c'est toi mon pauvre Yamcha !
Encore un silence. Puis la voix de Yamcha, presque un murmure :
- Je... Je vais y aller.
- Oui.
- Bulma...
- Au revoir.
Le Prince vit à nouveau la porte s'ouvrir et le terrien sortit de la maison, la mine défaite. Quand il vit Végéta, assis dans l'herbe, il se raidit et un éclair de haine passa dans ses yeux. Ce qui n'eut pour effet que de faire sourire Végéta, amusé par la pathétique situation de ce stupide garçon. Se faire jeter par une femelle, pitoyable. Bon, il devait reconnaître que ce n'était pas à priori n'importe quelle femelle, elle avait beaucoup plus de charisme et d'énergie que bon nombre de ses congénères, mais quand même.
Ce type n'était même pas capable de garder à ses côtés une compagne convenable.
.. et à priori il l'en rendait responsable, se souvint soudain Végéta, qui fronça les sourcils.
Une image lui revint à l'esprit, image qu'il avait étrangement mise de côté depuis longtemps : celle de Bulma, endormie sur sa chaise, quand il s'était réveillé après l'incident de la salle de gravité. Il avait trouvé presque... dérangeant de constater qu'elle s'était ainsi occupée de lui. A bien y réfléchir, personne ne l'avait fait auparavant, jamais. Bien sûr, c'était uniquement par intérêt, il était évidemment un de leurs seuls espoirs de sauver leur insignifiante planète... mais de là à le surveiller comme ça... et sa façon de le harceler quand il avait repris l'entraînement, répétant à longueur de temps qu'il était trop tôt, qu'il était blessé...
Non mais pour qui se prenait-elle ?
Le Prince, rageur, jeta au sol sa serviette et, se relevant d'un bond, retourna s'entraîner.

Végéta et bulma Un Amour Impossible ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant