Chapitre 5

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Il s'arrêta, haletant. Il avait volé droit devant lui, pendant des heures. Là où il se trouvait, c'était à peine l'aube.
Le paysage autour de lui était désertique, grandiose. Il ne le vit même pas.
Il tentait de reprendre son souffle et de maîtriser les pensées qui se bousculaient dans sa tête. Il poussa finalement un hurlement de rage et frappa du poing sur le sol rocailleux. Une large fissure s'ouvrit dans un grondement sourd et des oiseaux affolés s'envolèrent de toutes parts.
Le Prince tomba à genoux.
C'était donc ça. Une femme. Il avait des sentiments pour une femme. Une terrienne, une misérable terrienne.
De rage, il enfonça ses doigts dans le sol.
Cela ne devait pas arriver. Cela ne pouvait pas arriver. C'était le prince de la planète Végéta, l'unique héritier de sang royal.
Au service de Freezer, il n'avait connu que les plus belles, les plus magnifiques courtisanes de la galaxie. Bien plus belles que cette terrienne. Bien plus dociles, bien plus conscientes de l'immense honneur qu'elles avaient d'être approchées, ne serait-ce que pour quelques heures, par le Prince Végéta.
Et jamais il n'avait ressenti cela. Il le savait, il était inutile de le nier. C'était même impossible à nier. Cette vague d'une énergie nouvelle, inconnue. Ces sensations dévastatrices qui, un court instant, lui avaient totalement fait perdre le contrôle de lui-même. Il savait qu'il n'avait jamais ressenti cela avant, c'était une limpide évidence.
Il était tombé aussi bas que Carot.
Et soudain, l'image de Son Goku s'imposa à son esprit. L'image de ce crétin souriant, avec sa mégère et son gamin. Cette image insupportable pour Végéta, qui avait toujours considéré que Carot avait bafoué sa race en s'avilissant au point de fonder une famille.
Et pourtant....
Végéta resta quelques instants immobiles, laissant l'atroce idée germer en lui :
Et si cette vie misérable avait quelque chose à voir avec la puissance de cet imbécile ? Il l'avait déjà entendu, le couplet sur le fait que Carot était capable de se sacrifier pour sa famille, que s'il était si fort c'est qu'il voulait protéger ceux qu'ils aimaient... Il avait toujours trouvé cela totalement ridicule. Et cependant, réalisa-t-il en grinçant des dents, il n'avait en effet jamais rien ressenti de comparable à la sensation des lèvres de Bulma sur les siennes.
Mais l'équation n'était pas logique : il s'était senti... vulnérable.
Cette simple pensée lui donna presque la nausée. Mais il se força à continuer sa réflexion :
Comment pourrait-il devenir plus fort... en étant plus vulnérable ? Comment devenir un guerrier encore supérieur... en s'abaissant à des... sentiments ? et pour une terrienne ?
« Pas n'importe quelle terrienne », lui glissa une désagréable petite voix intérieure.
Végéta se passa la main sur le visage, décontenancé. Il ne se reconnaissait plus. Il n'arrivait plus à comprendre ce qui lui arrivait, il perdait le contrôle. Elle avait déjà trop, beaucoup trop d'emprise sur lui.
La tuer ?
Ce serait si facile... Si simple... L'affaire d'une milliseconde...
Il écarquilla les yeux, stupéfait : cette pensée lui était encore plus insupportable que celle de sa propre vulnérabilité !
Pour un peu, il en aurait hurlé de rage. Mais il se releva lentement, vaincu. Car il le savait, maintenant, c'était d'une clarté insoutenable : il était trop tard. Il voulait essayer, il voulait savoir si là était le secret de Carot.
Il voulait, surtout, revivre l'intensité de ce qu'il avait partagé avec Elle.
Il haussa les épaules et se sourit à lui-même : après tout il serait toujours temps de faire machine arrière, après. Il était le Prince Végéta. Il serait libre de ses choix, toujours.
Honnêtement, il s'attendait à tout sauf à ça. Elle aurait du... l'attendre dans sa chambre, ou se jeter à son cou, éperdue, ou le remercier à genoux de l'honneur qu'il daignait lui faire.... Mais pas ça.
Elle n'avait pas levé les yeux vers lui. Et, attablée dans la cuisine, elle continuait de siroter son café. Tranquillement.
Sans manifester la moindre intention de se jeter aux pieds du Prince.
Décontenancé, il resta immobile dans l'embrasure de la porte, les bras bêtement le long du corps. Sentant déjà la colère bouillir, il l'appela sèchement :
- Femme !
Elle tourna une page de son magasine et grogna :
- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça.
- Je t'appelle comme je veux, surtout maintenant !
Pour le coup, elle tourna la tête vers lui et demanda d'un ton innocent :
- Maintenant ? Maintenant que quoi ?
Pris de court, il balbutia :
- Mais... que... que tu es à moi !
- PARDON ?
Elle resta un instant pétrifiée, puis éclata de rire :
- Attends, on s'est embrassés une fois hier, et tu crois que je t'appartiens ? Non mais je ne sais pas comment ça se passait sur ta foutue planète, mais ici cela ne se passe pas du tout comme ça ! Je ne t'appartiens pas, je ne t'appartiendrai jamais ! Si je devais appartenir à tous les garçons que j'ai embrassés, il faudrait tenir un vrai livre de compte !
Elle mentait, effrontément. Elle avait embrassé peu de garçons, très peu. Très très peu. Et jamais comme ça. Mais Végéta, tout à sa rage, ne perçut pas le manque d'assurance dans les propos de Bulma, et c'est bien ce sur quoi elle comptait.
Vibrant de colère, il n'avait toujours pas bougé. Estimant qu'elle en avait assez fait – il ne fallait quand même pas tenter le diable... - elle se leva. Enfonçant les mains dans les poches de son petit short en jean, elle s'approcha lentement de lui, et lui sourit :
- Je veux bien te laisser une chance. Après tout, tu n'es pas d'ici, nos coutumes sont nouvelles, et...
Elle s'interrompit, ayant perdu le fil de sa réflexion. Elle fixait sans s'en rendre compte les lèvres fines du sayian, qui s'étirèrent en un sourire supérieur. Il demanda, amusé :
- Tu disais ?
Comme éveillée en sursaut de sa rêverie, elle leva les yeux vers Végéta, et rougit. Presque hypnotisée, elle le regarda glisser son visage vers son cou, inspirant son parfum. Il frôla à peine de ses lèvres la peau frémissante de la jeune femme quand il murmura à son oreille :
- Je viendrai chercher mon repas à l'heure habituelle, Bulma. Qu'il soit prêt à temps, hein. J'ai déjà faim...
Et l'instant d'après, il s'était écarté d'elle et sortait de la cuisine pour rejoindre la salle d'entraînement d'un pas tranquille.
Bulma s'appuya d'une main au mur et serra le poing de colère : ce type l'horripilait, Prince ou pas. Et en même temps...
Elle se mordit la lèvre, tâchant de retrouver une respiration régulière. L'effet qu'il avait sur elle... la façon dont il prononçait son prénom.... Elle se savait irrémédiablement projetée dans un gouffre sans fond qui la terrifiait.

Végéta et bulma Un Amour Impossible ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant