Chapt'r 4 : Who cares ?

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    Narcisse n'aimait pas son image au contraire des croyances sur sa Légende. Il doutait de ce qu'il pensait de sa représentation et à force de se chercher, tout le monde connaît la suite, il se noya...   

    Tout comme elle le fit avec lui...

    Après le départ ordonné de Icarus, Nyx lavait toutes traces de la présence de l'ailé dans sa vie, à commencer par effacer, tout nettoyer chez elle, enlever les moindres particules, signes et odeurs qui pourraient lui rappeler cet homme... 

    Le passage de son amant éconduit méticuleusement, la Déesse a tout fait disparaître. Lui compris dans un marasme à la hauteur de la colère de la Maîtresse de la Nuit. Obligation selon elle pour se reconstruire, poursuivre son chemin durement gagné après tout ce qu'elle avait subi...

    Nyx, la belle, l'innocente, créature blessée depuis son enfance et qui s'est emmurée dans un silence de mort pour ne pas avoir à se découvrir aux autres. Même sa meilleure amie ne connaissait pas tout de ce qu'elle avait vécu...

    Le viol?

    Il s'agissait bien de ça. L'épine qui la rendait sale au point de croire que personne ne la méritait vraiment. Au fond d'elle pourtant, il existait cette lumière et non les brûlures de l'enfer qu'elle imposait à tous et surtout à elle. CE jour où elle a perdu ce qui la maintenait en vie parmi les autres. Personne ne fût au courant... Même sa propre mère.

    Lui, Icarus, l'avait-il deviné?

    Lui, l'avait-il vraiment compris au moment voulu?

    Écouté, entendu mais surtout repris sèchement et avec véhémence de la bouche de Nyx, peu complaisante à la maladresse de cet incongru qui racontait ses exploits avec ses comparses. Personne n'oublie ça d'un temps soit peu avisé.

    Une erreur coûteuse vraisemblablement.

    Mais incapable d'entamer la discussion avec elle, face à son mur sépulcral, il s'était tu, encore une fois. Tout était allé trop vite entre eux. Un rendez-vous manqué car ils avaient tout pour se rendre heureux l'un et l'autre... Auraient-ils fallu qu'ils se parlent ou qu'Icarus ne se laisse pas vivre...

    Remise à peine de quinze années de vie avec un homme qui l'avait molestée psychologiquement, elle avait menti durant toute cette période jusqu'au jour où, elle l'avait quitté, pour de bon, retournant vivre chez ses parents avec ses enfants... Dix huit mois d'attente avant de pouvoir emménager dans son propre chez soi mais entre-temps, elle avait rencontré Icarus...

    Peut-être avaient-ils tous les deux fantasmé leur relation?

    Tout le porte à croire, non ?

    Au regard de la réalité, elle s'était sentie emprisonnée à nouveau... Peut-être... Comme elle le proclame si bien, museler ses envies, c'est se priver d'un bonheur auquel on a droit. Le ressentir, s'épanouir en tant qu'être à part entière et en jouir. L'acceptation doit être réciproque. Ne pas porter de jugements pour ne pas être jugé.

    D'où provenait donc le problème?

    Personne ne serait jamais assez bien pour elle tant que Nyx ne se respectera pas elle-même. Projeter dans l'œil de l'autre, tout ce qui est négatif afin de quoi ? Détruire. Anéantir. Ordonner que l'on pense du mal d'elle ?

   Pour contrecarrer le fait d'accepter l'amour, le vrai, le truc qui flingue l'intérieur pour la vie, tout ça émis par l'autre, sans conditions. Le ainsi de la Nature. Le marchons ensemble avec tes phéromones encenseurs . Le parlons de choses et d'autres ou pas. Le partageons un instant de vie...

    Tout le temps ?

    Oh que non, elle ne le désirait pas. Les coups d'ailes deux fois par semaine... Au breakfast. Au lunch. Au dîner. Dans un Lounge. Chacun chez soi a sa vie. Les petites doses aussi, comme à Paris... C'est cette nuit-là que Icarus avait percé son œil et l'a vue en vrai.

    Elle était une Déesse...

    S'en souvenait-elle encore ?

    Bien sûr que oui mais son esprit était tourné vers autre chose. Sa vie. Ses enfants... Ainsi sont les Maîtresses de la Nuit... Posée au milieu de sa bibliothèque, une coupe trône avec en son sein, un cœur, qui bat, lentement mais toujours sûrement... Elle la regarde et sourit...

    Elle guérissait à sa façon ou comme elle l'aurait certainement validé : J'aime la personne que je suis devenue parce que je me suis battu pour devenir cette personne. Et bien soit. L'autre ailé pouvait souffrir ainsi en silence ou comme aurait dit Tom Gwriter :

     Un ange passe,

    Et s'écrase contre une vitre.

    Finalement, c'est pas moins con qu'un pigeon...

    Elle s'éclatait de rires à cette analogie fort à propos. Oui, elle avait réussi à préserver son intimité. Il ne saurait rien d'elle si ce n'est des signes sublimés dans l'esprit d'Icarus. De quoi s'amuser en cette correspondance inventée dans les songes du malade qui croyait qu'il pourrait la reconquérir. Grand bien lui fasse...

    Elle avait d'autres chattes à fouetter...

    D'ailleurs, allongé dans son lit, le rouquin vint la rejoindre. Le mâle de la maison. Il se vautra à la place où l'amant dormait, là où il pouvait se blottir contre ses jambes, dormant paisiblement dans un paradis perdu à la John Milton... Nyx termina sa lecture. Il était l'heure de dormir.

    Vraiment heureuse à l'image de la Playlist qu'elle écoutait, découverte, comme ça, par hasard, sur un Pdf...

Soul of silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant