Chapt'r 7 : The Fake...

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L'orage tonnait au loin. Le ciel s'était assombri en cette fin de journée. Icarus, chez lui dans son appartement new-yorkais ne sait pas encore où poser ses ailes. Il se sent mal. Il est rongé et pourtant, curieusement, pour la première fois depuis la rupture, il allait bien. Il respirait enfin sans comprendre pourquoi.

C'était ainsi.

En fait, sa mue s'accomplissait et elle n'était pas de son propre fait. Tout venait d'elle, la Maîtresse de ses nuits, de ses songes, de ses envies. Elle le tenait entre ses griffes depuis toujours, dès le premier jour et finalement, l'avait-elle vraiment aimé ?

D'après la légende, on supposerait que oui.

En avait-il douté ?

Oui avec inconscience...

Se fourvoyait-il encore à croire qu'elle reviendrait ?

Oui...

Lui avait-il vraiment montré qu'il l'aimait ?

Lui parlait-il d'amour de la même façon qu'elle l'attendait ?

Non...

Lui qui se vantait, c'est un bien grand mot mais, nous sommes en droit de se poser la question, non ? Si aimer déchire les tripes à ce point, n'était-ce pas plus de l'amertume de l'avoir perdue qu'il ressentait ?

On pourrait croire qu'il se soit trompé.

Cependant, aimer, au-delà de l'attente, c'était éprouver des sentiments incroyables à son contact. La regarder devant lui, découvrir sa force, son caractère et accepter ses choix. L'avoir dans la peau. Ressentir sa présence dans le moindre de ses souffles. Fermer les yeux et la voir ici, sous forme spectrale et entendre l'écho de ses rires... Ensemble, ils avaient les moyens de dépasser tous les clivages, tous les sondages, tous les paris que rien ne marcherait entre eux mais aussi surtout de guérir leurs blessures respectives.

Avait-elle eu conscience de ce qu'elle était vraiment à ses yeux ?

Se rappelait-elle ?

Elle l'avait pourtant guéri une première fois...

Au moment de boire son Frappuccino glacé à la vanille, face à l'ordinateur, son regard se perd vers l'horizon. Là-bas, vers l'est... Il n'est plus là. Il pense à nouveau à elle, du temps où ils étaient ensemble,au moment où sa vie a basculé grâce à elle.

Le jour où il a compris...

C'était...

Face à lui, une porte. Il savait où elle menait : la cave. Hésitant, il tarde à l'ouvrir même s'il sait qu'il n'a rien à craindre. Il n'est pas venu seul. Sa Déesse est à ses côtés. Son émeraude l'encourage à faire ce pas. Il le devine, comme elle lui a avoué :

― Il faut toujours combattre les démons de son passé.

Cependant, à l'instant même où Icarus ne possède qu'une seule option : s'élancer, la simple idée de ressentir à nouveau les effluves de renfermé issues de ce lieu qui a été sa geôle, il n'y arrive pas. Les épouvantables souvenirs réapparaissent au gré de ses réflexions.

Il pensait les avoir emmurés dans un coin de son esprit mais ressurgissant des tréfonds de son inconscient, depuis des semaines, ses nuits étaient agitées. Il cauchemarde, crie et ronfle aussi. La peur de la perdre. La peur qu'elle le juge d'être faible.

Il avait bien tenté de comprendre le mal-être qui l'habitait et jusqu'à aujourd'hui, il n'avait sans nul doute pas percuté que tout était parti d'ici : l'endroit de l'épouvantable. Par la force des choses, on est capable d'enfouir au plus profond de soi les horreurs vécues, traumatisantes et ne devraient pas exister. On se réinvente une vie en composant des souvenirs écrans pour ne plus avoir à penser à ce qui était la réalité. On délite les ressentis par le fruit de rencontres, comme avec elle. Cette femme qui l'accompagne de sa douceur. Elle qui a décidé de crever l'abcès car, sans en avoir conscience, il lui imposait déjà tellement. Il était temps de filer un grand coup de balai dans le foutoir dans sa tête.

Soul of silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant