Si tu traverses l'enfer, ne t'arrête pas... Winston Churchill
L'odeur du soufre, il la connaît, l'a respiré durant de nombreuses années, parfois enfermé dans une cave... Là où il chuchotait dans le noir à soigner ses ecchymoses. Icarus ouvre les yeux d'un coup. Les cauchemars reviennent...
Il est dans son lit. Milieu de la nuit ? Aux alentours des 1:45am... Par réflexe, il porte l'une de ses mains sur son cœur. Le trou est toujours là, tout comme elle dès ses premières pensées. Il se relève à la hâte, allume la lampe de chevet, un vrai phare pour ses yeux encore endormis, en boxer short, torse nu rasé, il voit son reflet dans le miroir de sa chambre, à vue de nez, encore six à sept kilos à retirer de son corps...
Au 36è jour de son enfer, des traits se dessinent enfin sur sa poitrine et le haut de sa ceinture abdominale. Ses bras aussi. Il fond, comme neige au soleil et elle ne le voit pas. Les efforts commencent à payer mais ce n'est pas assez. Il enrage encore contre lui-même, se dirige vers son ordinateur, l'allume et lance la playlist de sa phase de réveil sur Deezer, Solitaire et hauteurs...
Il sourit.
Son esprit s'emballe au premier son de Etienne de Crecy sur le morceau, Le patron est devenu fou. Il pense à mille et une chose à la fois. Elle apparaît à ses yeux. Que fait-elle ce matin? Et puis, il lâche d'un trait :
- Allez ! En position...
Les reproches qu'il était trop mou, pas assez réveillé : un temps révolu. La première série de pompes s'enchaîne sur un bon tempo. Jusqu'à la 36è, il les enquille et plus au ralenti par la suite. Il sent ses muscles le tirer, se tétaniser. Il le sait qu'il est sur le bon chemin...
Son visage s'émerveille d'un coup : la cinquantième est atteinte...
Redressé et encore légèrement sous le poids de l'effort, face à l'écran de son ordinateur, la page en question, ses yeux sont chargés, gonflés mais son esprit analyse, dissèque le monde alentour sur le fil d'actualités. Puis, il clique sur la page favorite. Par plaisir. Par euphorie. Par amour pour elle...
Sans qu'elle ne le sache, il l'observe de son promontoire des enfers : son appartement... Seul. La pause obligée, écrite et paraphée sur le grand livre de la vérité de cette Odyssée. Sa pénitence pour avoir fauté. Perché à regarder vers l'Est, de son matin de là-bas chez elle, Lady Nyx, sa douce, sa belle a déposé la photographie de son bon jour. Il détourne le regard.
Comprend-il un supposé message adressé à son intention?
Voilà où peuvent mener les délires.
Aveu de faiblesse alors?
Non, d'amour...
Expier par le physique le poids de sa peine : de lui avoir fait du mal. Sa tête explose déjà alors qu'il marche les cents pas dans l'appartement le temps d'enchaîner une autre série. Sa vie est devenue ainsi. Souffrances mentales de la culpabilité...
Au terme de 1h20 plus tard, il est prêt à s'en aller de chez lui, parcourir les 17 kilomètres de marche à pied quotidiens qu'il s'impose. Pas de transport en commun. L'asphalte pour un périple forcé dans les Avenues et rues de Manhattan et trouver escale pour son petit déjeuner. Réfléchir... Lui écrire. Lire.
Se reposer ?
Non...
Ses blessures le font bien trop souffrir encore. Elles doivent cicatriser. Son dos où Lady Nyx s'est penchée dessus à le déplumer par pan entier, les rayons d'Hélios en terrasse seront d'un grand réconfort. La radio a annoncé des températures extrêmement clémentes. Il partira de nuit.
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Soul of silence
RomanceLady Nyx ne voulait plus de lui. Icarus l'imbu, l'inconstant, le rejeté fuit le cœur arraché et laissé entre les griffes de sa Déesse. Un acte d'amour dont il n'a pas encore pleinement conscience, trop affublé par la séparation infondée selon lui. ...