Chapt'r Three : Rewards...

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    - Bonsoir jeune homme ! annonce sèchement une voix féminine.

    - Salut Sue ! Qu'est-ce que j'ai encore fait pour que tu m'appelles à cette heure-là ? Attends voir, il est 2 heures du mat chez toi.

    - Non mais on se calme. T'as craqué ?

    - Sue, ma soirée se passait tranquillement jusqu'à ce que les cieux me tombent dessus du fin fond du Styx, comme par hasard donc, tu m'appelles. Qu'est-ce que j'ai encore fait ?

    - Je viens te le dire, tu as craqué !

    - De quoi ?

    - Oh la la, il ne comprend rien. Ta parution de ce matin, tu as craqué ou quoi ? Icarus, mon cher Icarus, peux-tu rester droit dans tes bottes s'il te plaît ?

    - Sue, la distance n'empêche en rien la douleur et j'ai encore mal... Toujours. Je suis rongé de l'intérieur.

    - Oui mais elle t'a quand même mis misère non ? C'est bien elle qui a dressé un portrait peu glorieux de tout ce qui ne va pas chez toi, est-ce que je me trompe ?

    - Tu as raison.

    Bien sûr que Sue était dans la vérité sur cette histoire. Quelques semaines avant leur rupture, Icarus avait été confronté à une chronique littéraire partagée sur tous les groupes de lecture par Nyx sur un roman qui l'avait marquée. Elle ne le faisait jamais avant, de partager ses commentaires. Là, elle l'avait fait. De manière inconsciente ? Voyons, elle est innocente... Et puis, elle annonçait juste s'être reconnue dans le personnage principal et avait d'ailleurs précisé avoir embrassé les faits et causes de l'héroïne : le clash viendrait tôt ou tard...

    - C'est bien elle qui t'a demandé de quitter sa maison, un soir pour le lendemain ? rajoute-t-elle.

    - Oui...

   - C'est elle qui t'a défoncé devant tout le monde, sans se soucier de ta souffrance, de ton passé, sans avoir l'intelligence de réfléchir aux conséquences qu'elle a, elle-même, déclenchées, dis-moi si je ne m'abuse ?

    - Non, c'est vrai...

    Encore une fois, elle appuyait là où ça faisait mal. Le mail requérant des explications de la part de son être aimé avait été pourtant clair. Il se souvient des moindres lignes écrites et qui l'ont détruit un peu plus. Comment avait-elle pu se tromper à ce point sur lui ou procédait-elle ainsi, tout comme lui auparavant, annihiler toutes chances, de passer pour le méchant et ensuite, disparaître, l'esprit tranquille sans se soucier de l'autre :

    Icarus,

    Je me dois de répondre à toutes tes interrogations, je vais le faire de manière aussi précise que possible et essayer d'être le plus clair possible. (je ne promets pas d'être blessante et direct)

    Je suis loin d'être aveugle à ma situation car je pense t'avoir prévenu à maintes reprises sur mon caractère mais je ne suis pas responsable si tu es resté sourd à mes paroles. Le chacun chez soi aurait du être un avertissement bien que tu aies continué à planifier des plans sur la comète sur un avenir que tu voulais, semble-t-il à tout prix.

    J'ai voulu vérifier si mes impressions étaient les bonnes, voilà pourquoi je t'ai laissé revenir à nouveau chez moi. Mais malheureusement je ne m'étais pas fourvoyée. Pour quelqu'un qui se vante depuis nos premiers échanges de messages. Vanter est un grand mot, je te l'accorde, sur sa façon d'embrasser comme si ses baisers étaient hallucinants. Je crois que j'ai été plus que déçue de ce côté là. Puis est venu la question du plaisir, ah parlons en de ce plaisir. Je veux bien t'accorder ton stress du début puis ben y'a rien à en dire ! Quand à ton toucher, il en devient même désagréable à la longue.

    De plus, je pense que tu as une très bonne plume c'est certain qui demande peut être encore quelques améliorations sûrement je ne suis pas experte à ce point. Mais je pense qu'il faut du temps et des moyens pour cela afin de s'y consacrer totalement, toi tu as du temps mais pas les moyens d'en vivre. Vivre aux crochets d'une société, parce que le boulot qui n'est pas à ta hauteur intellectuelle c'est comment dire avilissant. Mon dieu, j'ai cru être sur une autre planète.

    Tu ne me conviens pas sur plusieurs points autre que ceux cités au dessus, nos visions sont différentes sur l'autorité, ça c'est sûr, un parent n'est pas fait pour être cool. Il aide à l'apprentissage et à l'épanouissement de l'enfant. Je ne pense rien t'apprendre bien au contraire. Toi qui as vécu tellement, qui a fait tellement de choses que certains devraient fermer leur gueule sagement parce qu'ils n'ont pas accompli autant que toi.

    Si tu avais été toi-même comme tu dis, je pense que tu n'aurais jamais pris ce train pour venir chez moi avec tes enfants. Car je ne l'aurai sûrement pas permis, lorsque je te parlais mal comme tu dis tu aurais du un minimum réagir, m'envoyer balader et l'éducation n'a rien à voir la dedans.

    Tu croyais qu'en petite provinciale, j'allais boire tes paroles comme de l'eau bénite. Pourtant même une simple question finissait par devenir un monologue interminable, si j'avais voulu un maître de conférence à la haute stature fière j'aurai mis un panneau clignotant au dessus ma tête. La région en est blindée !

    Je me fane à ton contact, tu te laisses vivre grand bien te fasse.

    - Alors ? Tu cesses de ruminer ton mal-être à la mords-moi le nœud ?

    - Je l'aime.

    - Oh que tu me saoules. Elle ne t'aime pas et il fallait réfléchir à deux fois avant de lui faire du mal. Tu veux être droit dans tes bottes ? Alors fais-le et bats-toi pour elle si c'est vraiment la femme de ta vie, comme tu le répètes. Ah oui, autre chose, efface ta parution du jour, c'est de la merde. Tu sais quoi ? Tu me saoules, ciao ! Auf wiedersehen, à plus tard...

    - Je...

    Elle a raccroché, procède ainsi souvent et compte tenu du décalage horaire, elle avait bien mieux à s'occuper que de remonter le moral à l'Icarus perdu et arrêté à nouveau sur l'asphalte à côté de la devanture d'un restaurant japonais.

    Son agent, Sue Marin, sait se faire comprendre clairement et elle en a marre que son poulain perde son temps dans du sentimental bon pour les lectrices des cabinets médicaux. Évidemment qu'elle le souhaite heureux, de retrouver la joie de vivre et le bonheur mais la déchirure est bien trop profonde pour se guérir d'un simple claquement de doigts.

    Seul lui pourra atténuer ces souffrances.

    Son âme n'attend que ça.

    Il l'appelle tous les soirs...

    Elle ne répond plus...

Soul of silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant