Tom se rapprocha encore, coulant son petit corps frêle et maigre dans les ombres, risquant, à tous moments, qu'une latte du plancher disjoint se mit à grincer sous son poids, indiquant par la même occasion à ses parents sa présence indésirée.
Il se faufila silencieusement, et réussit à se dissimuler, le cœur battant, sous l'un des tabourets de la salle de séjour. Laquelle faisait également office de salle à manger, de cuisine, de remise pour stocker le peu de biens de la famille, en bref de pièce à tout faire. Une pratique courante dans la sphère sociale des communautés paysannes pauvres, qui n'avaient pas toutes forcément les moyens pour vivre dans un palace.
Son père et sa mère étaient en pleine discussion, et, à la vue de la face inondée de larmes de sa mère, il sut immédiatement qu'il avait eu raison de prendre tous ces risques pour espionner ses parents. La conversation promettait d'être riche en informations.
Il tendit l'oreille et écouta.
- Je sais que tu n'approuves pas, mais crois moi, c'est la meilleure chance que ayons de survivre à cette famine.
- Mais ce que tu me proposes là, c'est... C'est..., Sanglota la Mère.
- Je sais bien, murmura doucement le Père. Je sais que tu ne veux pas, que tu ne peux pas... Les abandonner, mais... (la Mère se mit à pleurer pour de bon, la tête enfouie dans ses mains calleuses, et Tom se dit qu'il ne l'avait jamais vue aussi triste, aussi désespérée). Écoute, il n'y a pas la moindre chance que nous survivions tous à la famine. Il faut savoir se résoudre, en ces temps de crise, à de durs sacrifices. J'emmènerais demain nos enfants aux bois, sous prétexte de rejoindre un meilleur site d'abatage, et...
- Et tu les y perdras ! Hurla la Mère. Comment peux-tu ? Comment veux-tu que je me résolve à pareil...
- Silence, voyons ! Ils dorment juste à côté !
Peu à peu, aidée par le Père et son ton rassurant, le chagrin de la Mère s'apaisa suffisamment pour qu'elle puisse entendre la suite du plan qu'il avait mijoté.
Le sang battait aux tempes du jeune garçon. Il écouta avec attention, recueillant et triant toutes les informations données par le Père, tandis que ses parents, ignorant qu'il les épiait, dévoilaient en toute impudence la prochaine trahison de leur progéniture.
Finalement, après moults palabres, larmes et négociations vaines autant qu'infructueuses, les parents décidèrent d'aller se coucher, pour pouvoir affronter la dure journée du lendemain.
Une fois le Père et la Mère couchés, Tom, toujours aussi discret qu'une musaraigne, se glissa jusqu'à la chambre qu'il partageait avec ses six frères, tous ses aînés, et donc tous plus grands, plus forts que lui.
À son entrée dans la petite pièce, les six garçons, qui n'avaient pas fermé l'œil, se redressèrent d'un même mouvement, tous parfaitement synchronisés. Pierre, le plus âgé, l'aîné des sept frères, demanda :
- Alors, Poucet, que s'est-il passé ?
- Pas grand-chose, mentit le jeune garçon. Père et Mère discutaient encore de la famine. Et de nos problèmes d'argent.
- C'est clair qu'on est mal barré, renchérit Jean, le troisième né. J'ai entendu les vieux du village parler entre eux, lorsque je suis allé porter le bois au boulanger : il paraîtrait que les prix vont encore augmenter, cette semaine.
- Non ?!
- Pas possible !!
- Mais comment qu'ils croient qu'on peut payer tous ça, nous, les impôts et tout, le Comlte et compagnie ??
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Il était une fois...
HumorQu'est ce que peut donner la rencontre entre une peste insupportable, héritière d'un seigneur puissant, un vieux magicien renvoyé de l'académie avec une case en moins et une taupe de combat, un chevalier de première classe vaniteux, une petite paysa...