11# Je suis ton pire cauchemar !! (Part 1)

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- J'en peux PLU-UU-UUU-U-UU-UU-US !! gémit l'héritier (uniquement) plein de défauts, pour la trentième fois d'affilée.

- Je crois que le fier Héros légendaire n'en peut plus, glissa poliment Mandalf, en jetant par-dessous son parapluie (rose) un regard plein de compassion et d'amour paternel au morveux pathétique.

- Y a mon chéri qu'en a plein les pattes et qui doit se reposer ! Ordonna Ernestine, en prenant sa pose N°56, version C, c'est-à-dire le « croisement des bras au niveau de la poitrine, avec rentrée du ventre et maintien impérieux du visage, moue des lèvres et expression légèrement bornée et boudeuse ».

- Y a le petit con avec *Hips !*... sa fraise au cou

Qui vous demande 'xprèssément à vous

Si l'on pourrait pas faire... *Hips!* une pause

Histoire d'se reposer, dormir, c'te genre de choses,

Entonna l'archer bourré d'une voix confuse et incertaine, lui-même bien entamé par la fatigue (ce qui n'avait rien d'étonnant, du reste, puisque là où les autres suivaient un chemin en ligne droite, le Sieur Robert de la Forêt faisait des zigzags et autres doubles huit avec saltos arrières, qui multipliaient au moins par deux la distance parcourue par rapport à ses pairs).

- Quelque chose à dire, la taupe ? Susurra le chevalier de la Coubertine d'un ton doucereux.

Après une pleine journée à tourner en rond en écoutant les commentaires et autres blagues carambar que récitaient sans discontinuer la bande de cons sur ses talons, il était dangereusement près d'une explosion totale et définitive de son système nerveux.

De péter un câble, quoi.

- Niak, kian-nui kanui enakui ! Souffla la garde du corps du stupide mage, un sourire de dément à moitié fou sur son visage de taupe.

- Je suppose que tu viens de me répéter exactement la même remarque que ces quatre abrutis monumentaux, histoire de me faire manger mon bouclier.

La taupe guerrière se contenta cette fois-ci d'hocher frénétiquement la tête, savourant le plaisir que lui procurait cette provocation sadique, complètement gratuite et sans raison.

- Je crois qu'elle veut dire oui, mon très cher Chevalier, remarqua Mandalf, songeur, en plissant les yeux. Encore qu'en Ouangadamandien, ce signe de la tête signifie plutôt « Regarde, j'ai ma tête sur mes épaules ! »...

- J'en peux PLU-UU-UUU-U-UU-UU-US !! gémit l'héritier plein de défauts, pour la trente-et-unième fois d'affilée.

Le chevalier mangea son bouclier, et Astrid la taupe ricana.

La nuit était tombée depuis quelques heures déjà, surprenant les compagnons dans leur (très) lente progression en milieu forestier (ce qui, sommes toute, n'était pas si étonnant que ça, à bien y réfléchir). Le chevalier Hans, en tant que guerrier expérimenté et entraîné, au meilleur de ses capacités, ayant par ailleurs participé à plusieurs stages commandos proposés par le Naldarod's Circle for the Imunisation against all types of Savages (ou N.C.I.S.), aurait pu continuer pendant encore trois bons mois, vu le rythme de limace asthmatique auquel il était contraint de progresser, avant de sentir les prémices d'un très léger début de commencement de tiraillement potentiel de son mollet droit (le moins entraîné des deux). Malheureusement, il devait aussi compter dans l'équation ses autres équipiers, ou plutôt les nombreux boulets qu'il devait se trimbaler du point A au point B : Mandalf, le puissant spécialiste de la nullité, qui passait plus de temps à dégager sa robe de chambre, je veux dire de mage, des buissons de ronces dans lesquels elle se prenait tout le temps, qu'à progresser ; Robert de la Grande Gueule, l'archer bourré le plus mauvais chanteur du monde, qui aurait presque pu atteindre une vitesse de croisière de type normale, s'il ne s'obstinait pas à tituber dans la mauvaise direction ; les deux gamins braillards, enfin, qui se soutenaient l'un l'autre, s'encourageaient, se relayaient même dans le but unique et Oh combien jouissif de pourrir la vie du chevalier. Sans compter la taupe psychopathe, qui passait son temps à lancer des éclats de rire à faire frémir l'asphalte des trottoirs de New-York, ou à décapiter tout ce qui passait plus ou moins à sa portée, dans un rayon d'environ dix mètres, de manière à enrichir sa collection de têtes coupées. Les bois de cerfs qui traînaient dans son sillage indiquaient bien qu'elle prenait tout ce qui venait à elle, du moment que ça pouvait exprimer sa douleur par des cris et des hurlements. À eux cinq, ils étaient plus difficile à encadrer qu'une classe de quatrième, uniquement composée de garçons, lors d'un cours de SVT entièrement consacré à la sexualité.

Il était une fois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant