Un château en ruine, sans doute magnifique autrefois, du temps glorieux de la prospérité du royaume de Melrond, dressait ses tours pointues et couvertes de lierre au-dessus du niveau des plus hauts arbres de la forêt. Comment celles-ci avaient-elles pu résister aux terribles mâchoires du temps, c'était un mystère ; toujours est-il qu'un chemin, pas très praticable, menait aux ruines du château, et que le chevalier de la Coubertine avait bien l'intention de profiter de l'occasion, plutôt que de dormir, une fois de plus, sur le sol mou, spongieux et humide de cette damnée forêt.
- Vous n'êtes pas un grand fan de camping, si je résume bien ? Lança Mandalf, lorsque le Chevalier lui eut fait part de ses intentions, et des arguments, plus que rationnels, qui justifiaient son choix.
- J'apprécie le camping, quand j'ai toutes les affaires pour, répliqua le chevalier, et que je me balade pas avec des tardos tels que vous. Voilà tout.
- C'est pas très sympa, ce que vous venez de dire, fit remarquer le stupide mage.
- D'autant plus que nous sommes censés être une équipe soudée, unie, dans notre objectif de trouver l'épée sacrée qui nous permettra de vaincre le bon Godric, ce tyran sanguinaire, sans foi ni loi ! Approuva Ernestine, scandalisée par le comportement du chevalier.
- J'vous déteste TOUS ! Affirma Harry, ce qui n'était pas précisément utile dans le bon déroulement de la conversation.
- Allez tous vous faire bouffer par Rognar, conclut le chevalier.
Astrid, comme à son habitude, marqua la fin de la discussion par un ricanement strident et franchement pas rassurant.
Il fallut deux bonnes heures à l'équipe pour rejoindre le château, en raison des (très) nombreuses chutes de Mandalf, des cours d'eau en crue qui charriaient des troncs entiers, et de l'attaque d'un gang de gobelins, qui fut, du reste, résolue presque sans aucune perte. Seule Ernestine garda un souvenir durable de cette rencontre fortuite. En effet, le stupide mage, agressé par deux gobelins au faciès plutôt hideux, avait voulu balancer un sort de boule de feu majeure sur ses adversaires ; bien entendu, le sortilège s'était légèrement déréglé, déclenchant une pluie (involontaire) d'ananas sur la zone du combat. Ernestine avait eu la malchance de se trouver dans la zone d'action du sort, et s'était retrouvée ensevelie en quelques secondes. Quant à Mandalf, ayant (complètement) raté ses agresseurs, il avait gagné une superbe estafilade sur la jambe droite.
- J'ai mal, geignit-il, alors qu'ils arrivaient enfin au niveau de la porte principale de ce qui avait été un château. Je vais sûrement mourir en me vidant de mon sang, ou alors ma blessure va s'infecter et j'attraperai la peste, la malaria, l'éléphantiasis, ou alors...
- Il faut aider Monseigneur Mandalf ! Coupa Ernestine, qui n'en voulait absolument pas au stupide mage de l'avoir agressée à coups de fruits exotiques.
- Très bien, reculez, vous tous, grogna Hans, en sortant son épée de son fourreau. On va faire une petite amputation à ce cher Monseigneur Mandalf, comme ça il aura plus de problèmes à sa jambe, de TOUTE sa vie, et je pourrais enfin avoir la paix!
- Non mais, en fait, c'est bon, chuis sûr que ça va partir tout seul.
- Fermez-là.
- Oui.
- Parfait.
- Vous foutez quoi, bande de cons ? Lança Harry d'une voix désagréable. J'veux qu'on rentre dans ce château tout pourris, qu'vous m'allumiez un feu, qu'vous m'fassiez la cuisine, qu'vous...
- Oui, mon cœur ! Répondit Ernestine en se précipitant vers le gamin horripilant, dans l'espoir de l'embrasser.
Espoir rapidement déçu.
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Il était une fois...
MizahQu'est ce que peut donner la rencontre entre une peste insupportable, héritière d'un seigneur puissant, un vieux magicien renvoyé de l'académie avec une case en moins et une taupe de combat, un chevalier de première classe vaniteux, une petite paysa...