Chapitre 33 Vengeance

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Alors que la guerre faisait rage et qu'une montagne de cadavres se dressait à l'extérieur de la ville,  Stephen était encore assis dans les souterrains de Bonn, à l'abri. Il n'était pas à l'abri des cris, cela dit. Tous ces bruits de terreur et de massacre commençaient à le rendre fou. 

  - On a été appelé sur l'aile est, informa un des soldats. 

Une troupe se préparait à remonter à la surface, pour s'ajouter aux martyrs qui gisaient déjà sur la terre mère. 

  - J'aimerais que ce soit vite fini, râla un autre homme. 

  - J'aimerais surtout revoir ma femme et ma fille. 

  - On va tous y passer, y a pas moyen qu'on l'emporte, gémit un troisième. 

  - Comment tu peux savoir ça ? 

  - T'es sourd, ou tu veux juste ignorer ce qu'il se passe vraiment ? 

L'inquiétude des soldats mit Stephen mal à l'aise. Il avait l'impression qu'un vide se creusait en lui, petit à petit, et qu'il rongeait toutes ses émotions. 

Au début, il avait mal, il souffrait de tous ces cris, tout ce sang, toutes ces vies arrachées au fil du destin. Puis, la douleur fut tellement forte qu'il ne la ressentit plus. Son esprit agonisait. Tant de morts, de combats acharnés pour une parcelle de terre ou une querelle politique, Stephen était dégoûté par la bêtise humaine. 

Stephen mit rapidement ses mains sur sa bouche et se dirigea vers un coin éloigné avant de recracher tout ce que son estomac pouvait contenir. Les nausées passèrent très vite, mais il en garda un souvenir amer et un goût inoubliable. 

  - Je te trouve enfin ! 

Stephen fit volte-face. 

Nathan se tenait maladroitement le bras gauche. Son nez était recouvert de sang séché. Ses mains étaient abîmées par son précédent corps à corps. Il s'avança en boitant. 

  - Alors, ton protecteur n'est plus là ? 

  - Va te faire foutre, répondit Stephen sans réfléchir. 

Cette réponse surprit assez Nathan pour qu'il se mette à rire cyniquement. 

  - Tu as bien changé ... 

  - Si tu n'as rien à me dire, barre toi. Tu n'as rien à faire ici. 

  - Au contraire, mon frère, j'ai tout à faire ! 

Stephen fronça les sourcils. Puis, Nathan pointa du doigt des plaques d'argiles, posées gauchement sur les murs d'acier, de pierres et de terre. Un fil rouge reliait toutes les charges. 

Stephen commença à paniquer. Il tourna la tête dans tous les sens, cherchant un échappatoire, un moyen d'éviter l'explosion. Les nausées lui tordirent le ventre. Le stress monta. Le sourire de Nathan n'arrangeait rien. La sensation d'impuissance le fit grimacer.

Son frère sortit de sa poche une petite télécommande noire. 

Sous les yeux ébahis de Stephen, Nathan brisa la télécommande au sol. 

  - Ne me lance plus jamais ce regard, je t'en prie, le pria Nathan. 

Son expression avait changée. Son sourire était toujours présent, mais ses yeux reflétaient une certaine mélancolie. 

  - Pourquoi tu fais tout ça ? Je n'arrive pas à comprendre, céda Stephen dans un soupir. 

Nathan s'assit sur les bancs métalliques. Sa présence n'inquiétait pas les soldats encore présents outre mesure, sa tenue était assez discrète pour ne pas le faire passer pour un ennemi de l'Ordre. 

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