excursion

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John arrêta la voiture juste devant l'entrée de l'aéroport. Le temps de Noël était révolu: il fallait que je rentre au camp.

Je sortis en claquant la portière et allai chercher mes bagages dans le coffre. Owen me gratifia d'un furtif sourire lorsqu'il vit que j'avais pris l'appareil photo polaroid qu'il m'avait offert.

Je serrai mon frère fortement contre moi. Les larmes me montèrent aux yeux mais je les retins fièrement.

-Fais attention à toi là-bas... murmurai-je à son oreille.

-Ce n'est pas la première fois que je pars à ma base militaire, Alys, me rabroua-t-il gentiment.

Ça pourrait être la dernière...

Je ne pus m'empêcher de laisser surgir cette pensée dans un coin de mon esprit.

Je finis par lâcher John et à me diriger vers l'aéroport. Après un dernier signe de la main envers mon frère, j'entrai aux côtés d'Owen. Nous passâmes tous les contrôles de l'aéroport en discutant de tout et de rien.

Lorsque nous nous installâmes dans l'avion, la nervosité commença à me gagner. Ma respiration devint saccadée et les battements de mon coeur devinrent irréguliers. Je m'attendais à avoir mon habituelle attaque de panique. Mais ce fut alors que je sentis une main prendre la mienne. Elle était douce et attentionnée mais ferme en même temps. Sans tourner la tête, je savais à qui elle appartenait.

Je pressai doucement cette main pour transmettre un remerciement silencieux à Owen. L'avion s'engagea sur la piste de décollage. Je ne pouvais plus détacher mes yeux du siège devant moi pour m'empêcher de regarder par le hublot.

Ce genre de nervosité qui m'animait ne ressemblait aucunement à celle qu'on pouvait ressentir avant un examen ou un acte dangereux que l'on fait pour la première fois.

La peur qui tordait mon ventre ressemblait à celle que l'on éprouvait lorsqu'on sentait la mort tirer son âme vers elle. Et je savais de quoi je parlais...

-Alys? M'interpella Owen.

Je hochai fébrilement pour lui faire signe que je l'écoutais.

-Tu te souviens du moment où je t'ai annoncé que je passais Noël chez vous et que tu ne le savais pas encore? Me rappela-t-il.

Je sentais son sourire aussi bien que je sentais celui qui étirait doucement le coin de mes lèvres.

-Et ton jour d'arrivée au camp avec notre "chaleureuse" première rencontre quand tu m'as tenu tête? Continua Owen.

-Et que tu m'as proposé des cours supplémentaires de bonne conduite? Ajoutai-je.

Je ne pus m'empêcher de rire doucement. Malgré les tentatives d'Owen de me calmer et la chaleur que me procuraient ces souvenirs, je ne pouvais pas mettre de côté ma terreur. L'avion se mettait déjà à trembler en prenant de la vitesse.

-Ça n'a pas aidé, pas vrai? Remarqua Owen.

-Merci d'avoir essayé, soufflai-je.

Une dernière grande secousse ébranla l'avion et celui-ci s'éleva dans le ciel. Je mordis ma lèvre inférieure si fort qu'un léger goût de sang emplit ma bouche.

Owen releva l'accoudoir qui nous séparait et je ne pus m'empêcher de me lover au creu de son épaule avant même qu'il ne passe un bras autour de moi.

Je tremblai plus fort qu'une feuille automnale malmenée par le vent. Il me semblait que je pouvais m'évanouir à tout moment.

Je pris en main ce qu'il restait du peu de force qu'il me restait pour saisir ce qui m'entourait.

Military Love, Military HatredOù les histoires vivent. Découvrez maintenant