Ur my Girl

Chapitre 18

6 heures. 6 heures que j'ai mon putain de cul posé sur cette chaise. 6 heures que je n'ai aucune nouvelle de Jenny. 

Luke est assis à ma gauche, il se triture les doigts de stresse. A ma droite, Dylan est sur son téléphone, essayant de faire passer le temps, mais surtout son inquiétude. 

Eleonore est restée à l'internat. Après tout, elle et Jenny ont eu une violente altercation avant tout ça. Puis je ne pense pas que Jenny veuille la voir.

Je souffle bruyamment, perdant patience. Merde mais on ne saura jamais ? 

Un homme aux cheveux grisâtres, portant des lunettes et une blouse blanche s'avance vers nous, un calepin dans les mains. Il lève la tête, nous détaillant un par un. Il vient à notre rencontre et tend sa main.

- Docteur O'Connell. Vous êtes les proches de Jennyfer Humphrey ?

Je serre sa main et hôche la tête, tout tremblant à l'idée que ce que je crains le plus soit arrivé.

- Bien. Votre amie a ingurgité un nombre important de gélules de Proloxane, un médicament prescrit dans les troubles important du comportement et de l'humeur.

- Vous pouvez m'expliquer pourquoi elle avait ça ?

Il paraît contrarié, surpris.

- Mademoiselle Humphrey souffre de troubles dépressifs, à tendances bipolaires, diagnostiqués depuis 2 ans. Vous n'étiez pas au courant ?

Je tombe des nues. Luke semble en colère contre elle. Il enfonce violemment son poing dans le mur, se qui fait sursauter le médecin.

- Comment elle a pu nous cacher un truc pareil putain !

- Calmez-vous monsieur, rien ne sert de s'emporter. 

- Facile à dire pour vous ! Vieux con !

Dylan emmène Luke plus loin, le temps que le médecin termine de nous dire comment elle va.

- Comment va-t-elle ?

Mon ton est inquiet, moins assuré que je ne l'aurais voulu.

- Elle a perdu une quantité importante de sang à cause des blessures qu'elle s'est infligé, mais elle va bien. Physiquement du moins. Ses actes dans sa situation sont reconnus comme tentative de suicide. Votre amie va donc bénéficier d'une hospitalisation d'urgence en soins psychiatriques.

Je reste con. Elle est malade à ce point ? Comment est-ce que je n'ai rien vu venir ? Je passe la quasi totalité de mes journées avec elle. 

- Et qu'est-ce qui va se passer maintenant ?

- L'hospitalisation d'urgence dure en moyenne entre 12 et 14 jours. Durant cette période, votre amie va rencontrer un de nos médecins en psychiatrie, et c'est à la fin de cette période qu'ils nous communiqueront si elle est capable de vivre dans un environnement social, ou si l'hospitalisation doit être prolongée.

- On pourra la voir ?

- Les visites sont autorisées. Vous pouvez rendre visite à votre amie. Elle vient de se réveiller.

Je remercie le médecin et me dirige vers la chambre de Jenny. Lorsque j'entre, elle tourne la tête vers moi, mais semble déçue de me voir entrer. Oh Jenny, si tu pense que je vais te ménager, tu te mets le doigt dans l'oeil ! 

- Tu nous as fais quoi là ? T'as cru que la vie c'était un jeu ? T'as cru que tu pouvais jouer avec ta vie comme ça ? T'es pas éternelle Jennyfer Humphrey ! Et la meilleure c'est que t'es bipolaire putain ! Et que t'es même pas capable de le dire ça ! Bah non ! C'est pas intéressant de le dire ! Surtout pas à moi qui t'ai tout dis sur mon passé ! On s'est fait un putain de sang d'encre ! J'ai cru que je te reverrais plus jamais ! J'ai vraiment cru que t'étais partie pour de bon Jen merde !

Les larmes roulent sur ses joues, et sur les miennes. Je fais les cent pas dans la petite pièce qui lui sert de chambre, passant nerveusement une main dans mes cheveux.

- Parles maintenant ! Répond moi ! Pourquoi t'as fais ça ? 

Les seuls son qui sortent de sa bouche sont des sanglots. Elle paraît désemparée.  Je passe une main nerveuse sur ma nuque. Je perds patience.

- PARLE JENNY ! PARLE ! 

- J-je s-suis dés-sol..

Elle fond encore une fois en larmes. Son regard se plonge dans le mien, et je vois bien qu'elle est détruite. J'y ai peut-être été un peu fort avec elle. Mais la peur de la perdre a fait ressurgir une rage incontrôlable de moi. 

Je m'avance vers elle, m'assied sur le lit, et prend sa main dans la mienne. 

- Pourquoi tu m'as parlé de tout ça ?

Ses sanglots refont surface. Je n'attend plus de réponse de sa part. Elle enfouie sa tête dans mon cou, et je m'allonge à ses côtés, sa tête posée sur mon torse.

***

Le silence est de mise dans la chambre, seul les sanglots de Jenny se font entendre.

- Je sais que ce n'est pas de ta faute Jen, mais je ne te laisse plus le choix. Tu vas te soigner. 

- Elle lève la tête et plonge son regard dans le mien.

- Je ne rigole plus maintenant. Luke est très en colère contre toi, Dylan est plus dépassé. On t'abandonnera pas, sauf si tu abandonne toi et que tu te laisse sombrer. Je t'abandonnerai pas, sauf si c'est toi qui l'a décidé. Tu peux y arriver Jen, je sais que t'en ai capable, mais donne toi en les moyens.