3h21

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3h21.
Je sors de chez Mathilde. La soirée bat son plein, mais je ne veux pas m'y éterniser.
L'air froid me glace les os. Dans la rue, les lampes éclairent de leur lumière faible les coins sombres.
Des larmes froides coulent sur mes joues rougies par le froid. J'entends encore au loin les bruits sourds de la soirée, les rires et les éclats de joies.
Et moi, je marche. Encore et encore.
Je tire sur un pan de ma robe, qui remonte à chaque pas. Je suis fatiguée. Mes chaussures résonnent dans le silence de la nuit. J'arrive sur la grande avenue. Il n'y a personne. Comme si tout le monde avait décidé de rentrer chez lui, de déserter, me laissant seule dans ce monde vide de sens.
J'avance, sans but précis. Je n'ai aucune envie de rentrer chez moi, et encore moins de retourner faire la fête.
Si je retourne chez Mathilde, je vais le revoir lui. Et je n'en ai aucune envie. Alors je continue d'avancer. Mes pieds me font souffrir. J'enlève mes chaussures et les range dans mon sac.
J'ai mal au pied, j'ai froid et je suis fatiguée. Un type, sorti de nul part, m'aborde. Je ne dis rien. Je n'entend qu'à peine le son de sa voix. Je ne vois que ses lèvres prononcés quelques mots à la volée. J'accélère le pas. J'aperçois un banc, un peu plus loin. Je vérifie que le type est parti, et je cours m'assoir, soulagée. Et je pleure. Encore et encore. Je ne sais pas si je suis malheureuse, ou perdue. Je ne sais rien. Je ne sais pas ce que je veux. Je ne sais même pas qui je suis au fond de moi.
Prise dans mes pensées, je ne remarque pas que mon téléphone résonne dans mon sac. Une fois, puis deux, puis trois.

3h21Où les histoires vivent. Découvrez maintenant