3h21

Sing me to sleep.

Collée contre la façade, je reste immobile, n'osant plus bouger, ni décoller mon regard du sien.
Il rentra dans l'ascenseur et m'agrippa le bras pour me faire sortir. Il me tira si violemment que je faillis tomber quand il me lâcha le bras.
Aucun mot ne sort de nos bouches quand nos regards se croisent à nouveau.
On reste immobile, l'un face à l'autre, sans rien dire, quand éventuellement il décide de lâcher la première bombe.

"Tu pensais faire quoi, là ?", commença-t'il, "T'es pas en état de quitter l'hosto."

"J'étais sur le point de partir, ça se voit pas ?", je répond froidement, "Et puis, c'est pas à toi de me dire si je suis en état ou non pour quitter cet endroit."

Je vis bien dans son regard que mon ton glacial le blessait. Après tout, il se faisait apparement du soucis pour moi et ma condition, mais il était la dernière personne que je voulais voir à mes côtés ici.
J'aurais espéré que ma mère soit là à mon réveil. J'aurais pu tout lui dire, tout lui expliquer, et pleurer jusqu'à m'endormir dans ses bras.
Mais non, même pas. A la place, j'ai droit à Isaac. Il n'y aurais pas eu toutes les histoires entre lui, Mathilde et moi, j'aurais été contente de le voir. Mais au vu des événement récents, j'aurais juste voulu oublier et recommencer à zéro, et son image me rappelait trop de souvenirs que j'aurais voulu cacher dans un coin de ma mémoire, prêts à disparaître.

"Qu'est-ce que toi tu fais ici ?", je demande, le ton froid, mais hésitant.

Isaac soupira et passa une main dans ses cheveux.

"Je voulais m'assurer que tu allais bien" , commença-t'il, "Quand j'ai appris pour toi, j'ai eu peur et je m'en voulais beaucoup. Du coup, me voilà", finit Isaac, avec un petit rire gêné, avant de planter son regard sur le sol.

Il avait l'air tellement vulnérable, tellement triste. Ça ne lui ressemblait tellement pas. D'habitude, il est toujours souriant, voyant le bon côté dans toutes les mauvaises situations. D'habitude, il n'aurait jamais admis avoir eu peur, car il était trop fier pour ça et son ego en aurait pris un gros coup.

Je ne savais  quoi répondre. J'avais tellement de questions, tellement d'incertitude. Pourquoi ? Depuis combien de temps suis-je ici ? Depuis combien de temps vient-il ici ? Pourquoi moi ? Mathilde ? Mes parents ?
J'arrivais plus à réfléchir. Ma tête ne suivait plus. Néanmoins, je voulais savoir depuis combien de temps j'étais ici.

"Combien de temps...", commençais-je.

Isaac, ayant sentit ma question venir, releva les yeux vers moi, et m'interrompit.

"1 an... Tu es ici depuis un an.."