3h21

I got you.

Deux semaines sont passées depuis mon retour au bahut. Clairement, les cours ne m'avaient aucunement manqué. Mais il fallait passé par là, et il s'agissait de ma dernière année, donc la torture serait à présent bientôt terminée. 

On est samedi, il fait beau, et je n'ai pas de programme. D'habitude, j'avais tout mes samedis remplis d'activités : le matin petit jogging au parc, gym avec Mathilde juste après, et l'après-midi était réservé au shopping. Mais maintenant, je n'avais envie de rien faire. Courir ? Et pourquoi pas se pendre plutôt. Faire du sport ? Laissez moi rire. Je me lève de mon lit, et me regarde dans le miroir. Je jette un regard à ma penderie, puis à nouveau à mon reflet. Faire un peu de shopping ne me ferait pas de mal. Surtout qu'après l' "incident", comme dit ma mère, j'avais beaucoup changé. Pas tellement physiquement, mais mentalement. Avant, j'aurais mis des vêtements de couleurs, à la pointe de la mode. Aujourd'hui, rien que mettre un pull bleu marine me donne l'impression d'être un perroquet de îles. J'ai besoin de noir, de blanc, de gris. Et de couleurs dans ces nuances là. Moi , triste et dépressive ? Pas du tout. Nouvelle personnalité, nouveau style. 

Je descend à la cuisine, et y trouve ma mère sur son ordinateur. 

"Maman?", je demande, la voix mielleuse.

Elle lève le regard de son écran et baisse ses lunettes sur le bout de son nez pour me toiser.

"Qu'est-ce que tu veux?", répond-t'elle, le ton rempli de sarcasme.

"Est-ce que je peux aller faire du shopping cette après-midi, s'il te plait ?"

Elle me toise encore quelques instants, remonte ses lunettes et replace son regard sur l'ordinateur. 

"Oui, tu peux, mais rentre pas trop tard"

Je lui souris et vais lui faire un câlin, la remerciant. 

Je remonte dans ma chambre, contente. Depuis mon retour, ma mère est un peu réticente face aux sorties. En même temps, je la comprend. Je prend mon téléphone et envoie un message à Nicole.

SMS: à Nicole -> Ca te dit une sortie shopping, bébé chat ? 

SMS: de Nicole -> Pas besoin de demander, je suis chez toi dans 30 minutes.

Je souris, ouvre mon armoire, et reste plantée devant une bonne dizaine de minute avant de choisir un jean slim noir taille haute, un t-shirt Motorhead et un long pull en laine noir. Car oui, malgré le soleil, il faisait quand même froid. Je m'habille, me brosse les cheveux, me maquille et me regarde dans le miroir. Mon visage a un peu changé. Mes joues se sont légèrement creusées, et mon regard est plus froid. Je souris face à mon reflet, et me trouve plus jolie qu'avant. Même si je suis toujours pas un canon, je me trouve à moitié potable. 

Je met mes chaussures, quand j'entend sonner à la porte. Je me dépêche de finir de me préparer, saisis mon sac, mon téléphone et mes clés, prévient ma mère que j'y vais, et sors de la maison. Je suis surprise pas Nicole, qui m'accueille avec un gros câlin.  Je rigole et la serre à mon tour dans mes bras. 

On se dirige vers le centre en discutant. On parle de tout et de rien, de garçons, de mode, de musique. On se raconte des anecdotes. On rentre dans un premier magasin, puis un deuxième, puis un troisième. Au bout d'une heure et demie, on a finit la rue marchande. Fatiguées, on décide de se poser à une terrasse de café. On commande, et Nicole pointe quelqu'un au loin.

"Dis, c'est pas Isaac là-bas, avec le couple ?" 

Je me retourne, et acquiesce. Isaac me voit, sourit et se rapproche de nous, suivis par les tourtereaux. Le duo n'est autre que Max, un des gars populaires de l'école, et  sa copine, Colline. Toutes les filles la jalousent. Surtout les pétasses populaires. Quand ils se sont mis ensemble, il y a 4 ans, personne n'y croyait, dû à la mauvaise réputation de Max, qui passait pour un coureur de jupons. Mais à force, tout le monde a bien vu qu'il était croque love de sa copine. Parce que oui, devant ses amis, il fait le fort, mais une fois avec sa copine, il dégouline d'amour et de tendresse envers elle. 

Isaac et Max prennent trois chaises et s'assoient avec nous. 

On commence à discuter. Evidemment, les deux garçons relatent le match d'hier, pendant que Nicole, Colline et moi discutons de sujets importants. 

"Je t'ai jamais vue avant, tu es nouvelle ?", demande Colline à la blonde. 

Nicole acquiesce. Et les deux commencent à faire connaissance. Soudain, Isaac et Max se lèvent, et nous préviennent qu'ils vont aller retrouver d'autres amis qui sont pas loin.

"Ah ouais, c'est ça, laisse-moi", râle Colline en faisant la moue.

Max se mord la lèvre et s'agenouille devant sa copine.

"Mais mon amour, je pars pas longtemps, je vais juste dire bonjour."

Elle lève les yeux au ciel, et se tourne vers nous, qui hésitions à éclater de rire.

"Fais ce que tu veux."

Max nous lança un regard de détresse. On lui répondis pas un haussement d'épaule, indiquant qu'il était seul dans cette bataille. Il soupira, déposa un baiser sur la joue de Colline et se dirigea vers Isaac.

"Mais il est sérieux ?" , s'exclama Colline.

Avec Nicole, on se regarde, et on éclate de rire. 

La conversation continue. Soudain, le sujet vire sur les garçons. 

"Alors, aucun garçon en vue ?", demande Colline à Nicole.

La blonde trépigne sur son siège, l'air gênée. 

"Vas-y, dis nous tout." 

Nicole soupire et prend son courage à deux mains.

"A vrai dire, j'aime beaucoup... Isaac"

Colline et moi on se regarde, puis on place notre regard sur la blonde. 

"C'est vrai qu'il est mignon... Répétez pas ça à Max, s'il vous plait", lance Colline.

On éclate de rire, et on commence à imaginer une vie de rêve pour Isaac et Nicole, grande maison, combien d'enfant etc, sous les exclamations de la blonde, visiblement gênée. 

La fin d'après-midi passe comme un flash. 

Quand je rentre à la maison, je monte direct dans ma chambre, et me couche sur mon lit. Peut-être que je peut tout recommencer après tout. Un nouveau départ, en quelques sortes. De nouveaux amis, une nouvelle vie. J'en ai besoin. Et jusqu'ici, je ne suis pas déçue. Pas une seule fois j'ai pensé à ce qui s'était passé depuis ma discussion avec Isaac. J'en avais marre de trainer mon passé comme un boulet. Et je ne suis pas mécontente de lui en avoir parlé. Aujourd'hui, je ne peux pas tout à fait dire que je suis heureuse, mais en tout cas, je suis en bon chemin.