Chapitre 41

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Pdv Camila

Flasback

Je ne voulais pas. Je ne voulais pas faire ça. Je désirais juste fuir le plus loin possible, courir, courir puis encore courir jusqu'à exploser mes poumons mais je n'y arrivais pas, j'étais comme petrifiée devant cette large porte de bois qui était l'ultime frontière avant la déchéance et la chute. Je la craignais, cette porte que j'avais tant de fois ouvert auparavant, j'avais peur de la franchir en connaissant la tâche ingrate et horrible qu'on m'avait imposé et que je devais mener à bien. Je n'avais plus le choix pourtant, j'étais déjà arrivée au dernier jour de l'ultimatum que Shawn m'avait accordé et demain, il sera trop tard. Je pouvais m'estimer heureuse qu'il disait, j'avais gagné deux semaines supplémentaires auprès de ma copine puisqu'après tout, je devais à la base la quitter le soir même du jour où le jeune homme avait commencé son odieux chantage cependant je n'en avais pas trouvé le courage et le canadien avait "gentiment" daigné prolonger le dit ultimatum. Je ne devais donc pas me plaindre, qu'il répétait, j'avais de la chance ... Et quelle chance hein ? Durant deux semaines, je n'avais pas cessé d'angoisser, de paniquer en voyant le jour J se rapprocher lentement. Je m'étais fait convoquée des centaines de fois pour bosser sur la chanson soi-disant alors que la plupart du temps, le plus jeune me dictait en long et en large comment je devais quitter celle que j'aimais plus que tout, me menaçait en répétant ce qu'il n'hésiterait pas à faire si je désobéissais. Je me renfermais en sentant que je perdais le contrôle de ma vie, que je perdais l'indépendance de mes gestes et de mes mots. Je souffrais en voyant le bonheur dont j'allais privé Lauren, ce même bonheur que je désirais juste lui donner. Je sentais mon estomac se contracter désagréablement à chaque caresses et baisers de ma copine, sachant et craignant le fait que ces tendresses pourraient être les dernières. Et je simulais mes sourires et mes rires pour n'inquiéter personne. Vous rendez-vous compte à quel point j'étais chanceuse ? Ses semaines ne furent que des flots incessants et déplaisants de peine et d'inquiétude, mais je devais être heureuse de les avoir vécu encore au côté de celle que j'allais présentement quitter, n'est-ce pas ?

Mais il est vrai qu'au moins, j'avais encore pu profiter de la plus vieille durant ces deux semaines. Je lui avais accordé tout mon temps libre, cherchant à passer le plus de temps avec ce dont on allait me priver. J'avais essayé d'enregistrer les sensations et les sentiments que faisaient naître toutes les choses qui allaient me manquer une fois que j'aurais brisé nos coeurs : les regards doux et tendres que Lauren portait sur moi, les magnifiques sourires qui illuminaient son visage, les rires dont j'étais la cause, les mains quelque peu baladeuses qu'elle avait des fois, les nuits passées dans ses bras avec comme fond sonore son coeur qui battait de manière de plus en plus régulière contre le mien et son souffle léger qui faisait voleter mes cheveux, les réveils à base de baisers et de caresses dont elle seule avait le secret ... En fait, je n'avais même pas été capable de tout retenir pour la raison logique et évidente qu'absolument chaque moindre geste, parole ou attitude que pouvais avoir la jeune femme avec moi me manquerait. J'avais désespérément besoin d'elle et cela n'avait jamais été aussi flagrant que durant ces deux semaines où je comprenais chaque jour un peu plus que j'allais la perdre. J'aurais tant aimé trouver le moyen de supprimer ces stupides preuves qui m'enchaînaient pour pouvoir sauver notre couple mais bien que le canadien passait la majeure partie de son temps avec moi pour me surveiller, je n'avais pu avoir accès à son portable qu'une seule fois. Il gardait toujours ce dernier dans sa poche ou très proche de lui et l'unique fois où il s'était éloigné de son cellulaire, je n'avais hélas rien pu effectuer avec l'appareil puisque je ne connaissais pas le code qui permettrait de le déverrouiller. Mes stupides essais se sont donc succedés sans jamais n'avoir d'autre succès que de foutre Shawn en rogne. J'aurais pu tout expliquer à ma copine pour ainsi pouvoir offrir une continuité à notre couple, elle aurait sans doute compris la situation et nous aurions pu réfléchir à une contre-attaque, à une défense contre ce que m'obligait à faire mon "ami". Cependant, cette perspective ne restait qu'un songe idéaliste et irréalisable, une pensée tentante mais impossible. Si j'avais mis Lauren au parfum et que Shawn l'eut appris, on aurait tout de même chuté et comme ce dernier était toujours fourré avec moi ces temps-ci ... Et pourtant, j'aurais dû tout lui avouer le soir même de ce jour où j'avais mis les pieds dans le plat, où j'avais sans ni le vouloir ni le savoir plongé dans la gueule du loup. Plutôt que de jouer aux devinettes pour lui faire comprendre qu'un problème allait nous frapper de plein fouet, j'aurais dû tout lui dire, lui expliquer pourquoi notre couple était en danger. Mais j'avais eu peur, trop pour faire le premier pas. Les mots et les menaces rébarbatives que le jeune canadien m'avait rentré dans la tête à force de répétition m'étaient revenus comme un boomerang en pleine figure et alors que j'allais commencer à faire part de ce que l'on risquait, je m'étais rétractée et avais préféré un moyen plus subtil pour qu'elle comprenne, moyen qui n'avait hélas pas fonctionné.

Just I love you (camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant