Chapitre 44

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Pdv Camila

Une explosion venait de ravager mon cerveau, je ne savais plus quoi faire. En venant ici, jamais je n'aurais imaginé qu'une telle scène s'offrirait à moi. Et la panique, la peur m'envahissaient à cette vision. Je devais bouger, réagir maintenant mais j'étais comme petrifiée, je ne comprenais pas pourquoi mais j'étais incapable de faire le moindre pas. Et il y avait cette brisure qui s'étendait en moi à chaque inspiration et expiration, cette douleur qui faisait le siège de mon pauvre coeur. C'était un cauchemar, c'était forcément ça, ça ne pouvait être que ça. De mes poings, je frottais énergiquement mes yeux dans l'espoir que ce que je voyais n'était pas vrai, n'était qu'une énième folie de mon esprit. Mes mains enlevés et mes yeux rouverts, elle était toujours là, dans la même position. Je me mis à me pincer fort, de plus en plus fort. C'était affreusement douloureux mais je voulais me réveiller désormais, faire cesser cette horrible rêve. Mais ça ne servait à rien. Ce cauchemar, je le vivais, c'était la réalité. Lauren ... Pourquoi Lauren ? Regarde où cette folie t'avait amené. Regarde comment tes démons et tes cachotteries t'avaient mis la corde au cou ...

La jeune brune, celle que je cherchais et que je pensais au départ trouver affalée sur son lit se retrouvait étendue de tout son corps sur le carrelage, inconsciente. Ce fut ses jambes qui m'avaient bloquées l'entrée de sa salle de bain, retenant cette dernière. Ses mains se trouvaient au-dessus de sa tête et dans l'une d'entre elles reposait une bouteille. Encore ce putain d'alcool, cette saloperie qui s'était écoulée dans une partie de la pièce, causant une flaque dans laquelle trempaient les cheveux corbeaux de mon amie. Ses yeux étaient fermés, sa bouche entrouverte et un peu de sang s'échappait de son nez, s'étendant ainsi sur sa joue. Le t-shirt et le short qu'elle avait sur elle étaient tachés eux-même d'hémoglobine. De nombreux bleus ornaient ses bras ainsi que ses genoux et sa main droite possédait plusieurs coupures peu profondes. C'était affreux. Ma Lolo, mon petit ange dans une telle position, avec tout ce sang empli d'alcool qui s'écoulait de son corps, ces bleus qui couvraient son corps ... Cette vue qui m'avait de prime abord retirée mes capacités motrices me fit finalement réagir, activa un déclic dans ma tête et je sautai pratiquement en direction de la jeune femme.

-Lauren ! Lauren répond-moi, réveille-toi ! criais-je en la secouant un peu dans l'espoir d'obtenir une réponse ou un geste, peu importe quoi. Lauren, pitié ! Tu peux pas ...! T'as pas le droit ...! continuais-je vu qu'elle ne réagissait pas.

Je ne savais pas quoi faire, j'étais complètement perdue mais il fallait pourtant que j'agisse et vite. Le temps n'était pas mon allié dans ce cas qui semblait être particulièrement grave. Je m'agenouillai au côté de la brune et vint prendre son pouls par automatisme. Les battements de son coeur était toujours présents mais ils étaient faibles et peu régulier. Ce qui eut le don de m'étonner était que sa peau était anormalement froide. En plus de cela, cette dernière était moite pour des raisons que je ne connaissais pas. J'entendais d'où j'étais sa respiration irréguliere, unique chose qui, avec son pouls inquiétant, m'assurait qu'elle était encore en vie. Oui mais pour combien de temps ? Je devais me dépêcher, je devais la sauver avant qu'il ne soit trop tard. Je ne voulais pas la perdre, non. J'avais besoin d'elle, de ses sourires et de ses rires qui réchauffaient mon coeur, de sa voix rauque si mélodieuse, de ses boutades qui avaient toujours été plus drôle que les miennes bien qu'elle affirmait le contraire, de ses immensités vertes qui étaient tout mon monde, de ses bras protecteurs et rassurants, je ne pouvais pas me passer d'elle. Si notre relation était contrainte à n'être constituée que de cris et de haine, qu'importe, j'en souffrirais mais j'avais besoin de cela dans ma vie.

Je me mis stupidement à chercher mon portable pour appeler les secours avant de me rappeler que celui-ci était tombé par terre. Je me retournai alors et l'attrapai d'un geste vif de la main. Hélas, après moult essais pour l'allumer, je constatais que mon téléphone était hors service, kaput, il n'y avait plus rien à tirer de lui. C'était logique aussi vu la force à laquelle il s'était écrasée au sol mais autant l'avouer, j'étais complètement paniquée et je n'avais pas pensé à cela sur le coup. Mais il me fallait un téléphone, je ne pouvais pas descendre en bas pour appeler du fixe et laisser Lauren seule, tout pouvait dégénérer en quelques secondes et je devais être auprès de mon amie dans ce cas là pour empêcher un quelconque drame. Je fouillai alors la jeune brune, à la recherche de son cellulaire. Elle détestait qu'on y touche sans son accord mais c'était actuellement un cas de force majeure. Après avoir trouvé l'appareil dans la poche arrière de son short, un souffle de soulagement passa mes lèvres mais mon ait redevint bien vite sombre lorsque, en l'allumant, l'écran de déverrouillage s'afficha. Bien évidemment, pensais-je en ce moment même, tu croyais que Lauren n'avait pas mis de code ? Mon coeur s'accélèra sous le coup de la terreur et mon visage prit rapidement des teintes livides. Je ne connaissais pas son code moi, enfin à l'époque si mais Lau' avait la fâcheuse habitude de le changer très souvent et je doutais donc qu'elle avait conservé celui du temps où nous étions ensemble. Alors j'improvisais, j'essayais, je tentais. Je n'avais pas le droit d'abandonner, pas quand la vie de celle que j'aimais était en jeu. Sa date d'anniversaire ? Ce n'était pas ça. La date où notre groupe s'était formé ? Non. Le jour où elle avait rencontré the 1975 ? Raté. L'ancien nom de notre groupe : 1432 ? Toujours pas. La date de sortie de Reflection ? Hélas, ce n'est guère ça aussi ... Il ne me restait déjà plus qu'une seule et dernière tentative et si j'échouais, le cellulaire se bloquerait durant de longues minutes. Je n'avais pas d'attendre, Lauren non plus. Mais même si la chanteuse mettait souvent des dates en tant que code, il se pouvait qu'elle avait mis une suite totalement illogique de chiffres et dans ce cas là, comment pourrais-je les trouver ? À moins d'avoir une chance incroyable, impossible. Je tentais alors le tout pour le tout et inscrit son ancien code, le jour où l'on s'était mises en couple ... Contre toute attente, le téléphone se déverouilla et s'ouvrit sur une photo de nous deux. Alors elle l'avait conservée ... On s'était bien amusées le jour où elle avait été prise, aucun nuage n'obscurcissait encore le ciel de notre couple ... Mais ce n'était pas le moment de penser à cela. Avec mes mains tremblantes, je composais le numéro des secours le plus rapidement qu'il m'était possible de le faire. Ma tête me faisait souffrir et les sonneries incessantes tambourinaient dans ma tête, bourdonnaient tels des ultrasons perçants et désagréables. Alors, les larmes se mirent à couler. J'avais réussis à me retenir jusque là, trop prise par le feu de l'action pour me laisser aller mais cette courte accalmie m'avait fait craquée. Je regardais la brunette et je me rendais compte que je risquais de la perdre. Mais il n'y avait pas que moi qui courrait ce risque. Les filles aussi, sa famille, ses amis, le monde entier pourraient en une poignée de minutes voir cette âme fabuleuse monter au ciel. Je ne supportais pas cette idée. Elle était trop jeune, elle avait trop de choses encore à accomplir pour partir. Soudainement, une voix féminine et visiblement assez fatiguée résonna dans le cellulaire :

Just I love you (camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant