"J'aurai beau prononcer
Un milliard de fois la phrase
"Je hais tout le monde"
Je me mentirais.
Car je sais qu'au fond
À chaque fois que je dis ces mots
Celle que je hais le plus
Chez les autres
C'est moi-même."
Je ne sais pas depuis combien de temps que je dors sur le canapé. Il fait noir au dehors. Quelqu'un frappe à la porte. Je pense que c'est ce qui vient de me réveiller.
Moi : Qui est là ?
Je n'ai vraiment pas envie de parler.
Voix : Chloé...Ouvre Leika s'il te plait.
Est-ce que je dois ouvrir ou non... ?
J'ouvre.
Moi : Salut. Entre donc.
Elle rentre. Je la fais asseoir.
Chloé : Tu vas bien... ?
Oh bien sûr ! *sarcasme*
Moi : ça peut aller.
Chloé : Tu as les yeux tout gonflés
Je sais...
Je ne réponds pas. Je lui tourne le dos essayant de ravaler mes larmes. Ce n'est pas le moment...
Moi : Tu savais, pas vrai ?
Chloé : Oui.
Je me retourne. Les larmes coulent à présent sur mes joues. Il faut vraiment que je cesse d'être une madeleine bon sang !
Moi : Pourquoi tu ne m'avais rien dit ?
Chloé : Il ne voulait pas Leika...
Moi : Et tu oses me dire que je suis ton amie ?! Je suis une dépressive tu le sais ça ? Comment penses-tu que j'allais accueillir une nouvelle pareille Chloé ?!
Chloé : Calmes toi s'il te plait Leika.
Moi : NE ME DEMANDE PAS DE ME CALMER !!!!!!!!!!!!!!!!! VOUS N'ARRETEZ PAS DE ME DEMANDER DE RESTER CALME ! LES SECRETS FONT MAL TU SAIS CA ?!!!!!!!!!!
Je l'ai effrayé.
Elle s'est levée du canapé.
Elle secoue la tête.
Chloé : Je suis désolée Leika... Je ne voulais pas...
Bien sûr que tu le voulais.
Moi : Tu sais quoi ?
Elle me regarde. Son visage est triste.
Désolée. Je ne suis vraiment pas d'humeur à entendre des excuses de la part de quelqu'un en qui j'avais confiance. Ils sont tous les mêmes au final.
J'inspire une grande bouffée d'air.
Moi : S'il te plait vas t'en.
Chloé : Leika je t'en prie ne te...-
Moi : Je ne vais pas le répéter deux fois Chloé.
Elle prit son sac en bandoulière.
Je lui donne dos. Je fixe la fenêtre.
Je n'entends que sa voix.
Chloé : Tu comprendras tout au moment opportun. Je suis mal placée pour tout t'expliquer... J'étais passée pour te dire qu'Erich va mieux et que les visites sont possibles seulement le samedi...mais comme tu n'es pas d'humeur... Désolée pour le dérangement...Je pensais que tu aurais voulu être là pour lui tout comme il était là pour toi lorsque tu étais à l'hôpital. Je suis tout simplement déçue de ta réaction. Bonne nuit.
Je l'entends sortir.
Elle ferme la porte.
Je me laisse choir sur le sol, le regard au loin.
Tous nos souvenirs sont en train de défiler sous mes yeux.
Du premier jour où j'ai commencé à l'épier jusqu'au moment où on était sur ce lit ensemble...
J'ai mal.
Pourquoi j'ai aussi mal ?!
Je me lève.
Je monte dans ma chambre.
J'ouvre la porte de la salle de bain.
J'ouvre l'armoire à pharmacie.
Je prends le coffret qui a mes lames de rasoir.
Je ne sais plus quelle décision prendre.
« Même si tu as l'impression que tout le monde est contre toi ou que personne ne se soucie de toi, il y a peut-être quelqu'un sur cette terre qui est exactement comme toi. Je ne veux pas que tu dises autant de choses mauvaises à ton sujet s'il te plait. Peut-être que je ne suis que ton voisin, qu'on sait se voir de nos fenêtres et qu'on ne se parle que depuis peu mais je veux te dire que je suis là pour toi si tu en as besoin. Je veux te dire que je peux être ton épaule si tu as envie de pleurer, ton souffre-douleur quand tu vas mal. Tu te sens seule et je pense t'aider à te sentir accompagnée dans ce que tu vis. »
Je ferme mes yeux. J'essaie de le revoir en train de me dire ces mots réconfortants.
Je sais qu'agir de la façon dont je l'ai fait est égoïste... Je dois me calmer..
J'essaie de me calmer.
Je jette toutes mes lames dans le WC et je quitte la salle de bain.
On est vendredi. Demain j'irai le voir.
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The Lonely
General FictionJe t'assure, tu ne sais absolument rien de ce que je ressens au fond de moi.