Chapitre 4

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Note : Les personnes trop sensibles sont priés de laisser ce chapitre.. Enfin tu continues seulement si tu peux encaisser ce qui va suivre.





Du démaquillant et un coton tige pour enlever le noir qui est sur mes joues. Du mascara, un coup de crayon noir, de la poudre et un joli sourire. Un pull à manches longues pour cacher les coupures et du parfum pour ne rien oublier, et voilà. Je suis prête à jouer mon rôle toute la journée. Le rôle que je porte pour ne pas décevoir les gens qui m'aiment, ou plutôt, qui font semblant de m'aimer. Le rôle qui me détruit, et m'anéantis petit à petit.







J'ai envie de soulever un point important dans ton apprentissage de ma vie. Je me souviens que dans le début de mon récit, je t'avais parlé de ma mère. *Larmes qui coulent sur mes joues* *Ma main qui essaie de les chasser*. Eh bien voilà... ça me fait mal. Mal de ne pas avoir la mère désirée. Des fois, j'ai tellement envie qu'elle me dise qu'elle est là pour moi, qu'elle ne va laisser personne me faire du mal. J'ai envie qu'elle me réconforte. Qu'elle sèche mes larmes... Ça ne t'arrive jamais de vouloir enlacer ta mère et de lui dire que tu l'aimes ? Ou du moins lui donner un câlin seulement pour sentir la chaleur de son corps, réconfortante contre ton corps ? Les orphelins n'ont pas cette chance. Du coup, je me sens orpheline. J'ai une mère quasi inexistante. Des fois, j'ai tout simplement envie de passer dans son bureau et de tout saboter. Tout écraser. Tout déchirer. Pourquoi faut-il que je souffre autant pour un peu d'amour maternel ? Est-ce trop demander. ? *Larmes qui coulent encore* Pourquoi les sécher ? Je les laisse couler.

« Pardon maman. Pardon si je suis née. Pardon si je ne suis pas l'enfant tant désirée. Pardon si à chaque fois que tu me regardes tu as l'impression de voir l'échec de ta vie. Pardon si à cause de moi tu as été reniée de ta famille. Soi-disant parce que tes parents trop catholiques n'ont pas supporté le fait que tu aies eu un enfant avant le mariage. Pardon si je ne t'ai pas fait faire une fausse couche. Pardon d'avoir résisté à toutes tes méthodes d'avortement. Pardon spécialement d'avoir tenu bon sur cette boisson que tu avais ingurgitée spécialement pour te débarrasser de moi. Pardonne-moi tout simplement d'exister.

Aujourd'hui, tous les parents, père ou mère ou les deux étaient là pour supporter leur fille dans la journée de talents. J'ai présenté un de mes textes et une de mes peintures. Tu te souviens de celle dont tu qualifiais de stupidité et de déchet ? Oui ? L'une d'entre elles. Et j'ai remporté le premier prix maman. Pardon aussi pour ça... »

Je suis à court de mots. Je ne peux quasiment plus écrire. C'est comme si mon cerveau ne voulait plus travailler. Je n'ai plus qu'une pensée en tête. C'est d'aider ma mère. La libérer de ce fardeau que je suis dans sa vie.

Sans le vouloir, mes pieds m'ont trainé à la salle de bain et mes mains ont ouvert le petit coffret qui détient ma lame de rasoir.

Arrête. Pourquoi es-tu si surpris de lire cette phrase ? Non, je ne vais pas me suicider. *larmes*

Non...*larmes*

Je vais tout simplement me punir en me faisant des traces sur le bras...Me punir pour tout ce tort que j'ai fait à l'humanité tous ces gens qui m'entourent. À ma mère. A Erich...?

- 1ere lame, le sang dégouline sur mon bras et je sens un tout petit peu de ma souffrance s'évaporer.

- 7eme lame...avec beaucoup plus de rage... Je veux me faire le plus de mal que possible. Tas de merde que je suis.

*sang sur la céramique immaculée* *larmes* *cris*

_JE ME DETESTEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE !

-20eme lame. Je sens ma tête tourner rapidement. Le monde disparait peu à peu. Je pense que j'ai eu seulement le temps d'apercevoir une paire d'escarpins, d'entendre un cri strident avant de tomber dans le noir. Voilà maman. J'ai exaucé tes vœux.


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