Premier chamboulement intérieur

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-Viens, me dit-elle joyeusement.

Ma meilleure amie et moi marchons dans le couloir, chacune notre valise à la main. Elle tient la clé de la porte de sa chambre dans sa main libre, et celle-ci cliquette avec le rythme de nos pas. Elle s'arrête devant une porte, d'un seul coup, et me dit alors:

-C'est ici!

Elle lâche sa valise verticalement, et ouvre la porte de sa chambre. Je lui glisse un bisou sur la joue, en chuchotant:

-Je vais voir pour ma chambre, elle est à côté un peu plus loin. Bisous!

-Bisous, me lance-t-elle.

Elle rentre dans sa chambre et ferme la porte en me lâchant un dernier grand sourire radieux. Je continue de marcher, ma valise toujours à la main. Je m'arrête soudain devant la porte numéro 15, l'ouvre avec ma clé et rentre en prenant soin de fermer la porte. La chambre est spacieuse, à mon grand étonnement. À gauche de la pièce se tient un bureau avec une fenêtre: j'ai la chance d'être au bout du couloir de l'internat du lycée, où je passerais désormais ma semaine et où je rentrerais chez moi le week-end. À droite de la pièce, un lit superposé. Au fond, une large commode qui devrait me permettre d'entreposer mes tenues pour la semaine. Je me dirige alors vers celle-ci, allonge ma valise et l'ouvre. J'ouvre les tiroirs de ma commode et pose avec soin mes t-shirts, mes jeans, mes sous-vêtements et ma tenue de sport. Je pose ensuite ma serviette et mon gant de toilette sur mon lit, avec mon pyjama et une culotte propre. Je prépare ma tenue pour le lendemain également, que je mis sur le lit situé en hauteur. Oui, je suis extrêmement maniaque et j'ai tendance à tout organiser pour être tranquille. Je mets ma valise vide dans l'angle au fond de la pièce. Puis je prends mon lourd cartable plein à ras-bord et le vide, pour poser mes cahiers dans le meuble à gauche du bureau. Je fais mon sac pour le lendemain matin, et me pose bruyamment sur le lit en soufflant. Enfin tranquille. Ma tranquillité ne dura que quelques instants. Déjà on toque à ma porte et on entre sans attendre ma réponse, ce dont j'ai horreur. Il s'agit de la surveillante de l'internat. Elle me salue et me rappelle les consignes: je suis exceptionnellement du côté des hommes, avec Victoire, côté handballeurs précisément. Je ne dois pas prendre ma douche lorsqu'ils y sont, car elles sont universelles, ni les rejoindre dans leur chambre. C'est tout. Je la salue et elle part. Je vois que la porte en face de la mienne, de l'autre côté du couloir, est ouverte. J'aperçois donc qui sont mes nouveaux voisins d'internat. Mon coeur s'accélère, en apercevant Hélio. Ce garçon est pour moi le plus beau du lycée, tellement beau que jamais je ne m'autorise à le regarder. Ses yeux sont bleus, d'un bleu pur comme la glace, ses cheveux blonds. Il est mince et grand. Je ne trouve rien à redire à ce garçon, il est parfait. En moi brûle un désir nouveau pour lui, depuis le début de l'année. Quelque chose de fort et d'intense. Il m'aperçoit également et ne me lâche pas du regard. Cela a duré un court instant, juste assez pour que la surveillante sorte de ma chambre et ne ferme la porte. Je reste plantée là, mon coeur battant la chamade, tellement fort que je crois qu'il va finir par s'envoler.

Quelques minutes après je reçois un message. Je pense alors aussitôt à Victoire, qui devait normalement m'envoyer un message pour me signifier que tout se passe bien dans sa chambre. Lorsque je vois le nom de mon correspondant, je sens mon corps se dérober sous moi. C'est Hélio, et son message est simple mais pour moi, lourd de sens:

Hélio F.. - Qu'est ce que tu fais ici?

Je ne sais pas quoi répondre directement, car ce message me semble froid, tout comme sa personnalité. Mes pouces dansent devant mon écran, cherchant quelle lettre assommer en première. Je ne peux que répondre avec simplicité:

Moi - Je suis en internat jusqu'à la fin de l'année! Comme ça, si tu as besoin d'aide en allemand, tu n'auras qu'à venir me demander!

C'est lorsque je vois que j'ai réellement envoyé cela que je me mets à me taper le front d'une main: mais pourquoi j'ai dit ça? Hélio et moi parlons rarement, voir jamais, et par messages exclusivement, il ne m'a parlé que deux fois en face juste comme ça, pour me poser une question! En face on s'ignore déjà! Si il se pointe, jamais je ne saurais quoi lui dire! Je me mets à paniquer, comme la petite nature que je suis. Mais sa réponse me met davantage mal à l'aise:

Le plus beau du lycée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant