Confiance à Hector

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*PDV de Eva, retour dans le passé*

Autant dire que lorsque Hélio est parti, ce n'était pas facile dans ma tête. Je suis désormais à vider mon lot de larmes assise en tailleur, comme précédemment. Une rage profonde et une impression de trahison consume tout moral existant jusqu'alors. J'ai honte de moi, de m'être faite avoir par ses beaux discours fleuris. Je ne me suis jamais faite autant avoir, même pas par mon ex. Je n'ai qu'une envie c'est de pourrir Maxime jusqu'à la moelle, et pour ça je suis prête à tout.
Mais, il y a un mais.
Mes sentiments naissants pour Maxime vont franchement peser dans la balance, et vont faire en sorte que la douleur que je pourrais lui infliger ne soit pas trop grave. Je serre les poings et me mords celui de droite. Je ne suis qu'une pauvre fille incapable d'aimer et d'être aimée correctement. Franchement, ça craint. Je me déteste au plus profond, je me dégoûte.
Je dois mettre le plan d'Hugo à exécution.
J'envoie un message au seul capable de m'aider dans cette vengeance.

Moi:
On mange toujours ensemble ce soir?

Sa réponse ne se fait pas prier:

Hector:
Je ne changerais mes plans pour rien au monde.

Je souris. Une larme chaude coule le long de ma joue. Je ne connais personne de plus honnête que lui, c'est vraiment quelqu'un de bien.

Moi:
J'ai besoin de te voir, là maintenant, je dois te raconter un truc tu vas halluciner.

Hector:
Sors.

Je me lève sans discuter. Mes jambes sont endolories et j'ai l'impression de sentir chaque goutte de mon sang circuler dans ce qui me sert de veines. Je grimace de douleur. J'enfile mon manteau et ma paire de baskets noires et sors. Il m'attend devant ma porte, et arrondit les yeux en me regardant de haut en bas lorsque je rentre dans son champ de vision. Avant d'exploser en fou rire, tout rouge de gêne.
Je sens le vent frais passer sous ma nuisette pour me faire comprendre que j'ai été prendre ma douche et que je me suis mise en pyjama avant d'aller manger. J'étais tellement mal que je n'ai pas réfléchi.
Je suis un boulet.
Je rougis de honte, et rentre dans ma chambre en expliquant et en bégayant à Hector que je vais me changer. La honte, la honte, la honte. J'enfile un jean et un pull sans réfléchir et sors. Ça me fait étrange de ne pas mettre de sous-vêtements, mais honnêtement, je m'en fou. Je ne réfléchis pas, et je ne vois pas en quoi ça pourrait se voir.
Je ressors, et me glisse à son bras. Ça fait quelques temps que l'on fait ça, et j'aime bien. On descend les marches et on sort à l'air frais. Je vais m'asseoir sous un petit préau à côté du bâtiment 7, le gymnase, et invite Hector à s'assoir à mes côtés en tapotant la place vide à côté de moi. Il y vient sans attendre. Il se tourne vers moi et je sens son regard sur moi, m'incitant à raconter ce que je veux tant lui dire. Au lieu de ça je fixe le vide, silencieuse. J'ai besoin de sa présence, et de rester dans le silence quelques minutes avant de parler. Je réfléchis en fait à ce que je vais dire. Dois-je tout lui dire? Par où commencer? Sa main froide se pose sur mon genou et le presse. Je reviens sur Terre et le fixe dans les yeux. Il se fait insistant. Je me lance et lui raconte tout ce que Hugo m'a dit, de A à Z. Je sens que Hector est déjà très proche de moi et qu'il va le rester longtemps. Alors je ne ressens pas l'utilité de lui cacher quelque chose.
Il écoute tout jusqu'au bout, et quand j'ai fini le récit tel que Hélio me l'a raconté, il saisit mes mains et me lève du banc. Il nous dirige vers le self. Le temps est passé à une vitesse folle. C'est dingue.

Il s'installe en face de moi, sous les regards orageux de Victoire, Alice, et notre très cher Hélio. Il me voit fixer son assiette, yeux dans le vague. J'ai l'appétit-zéro, et il n'a pas ouvert la bouche depuis que nous avons quitté le bâtiment. Il saisit mon menton de l'index et le relève à la hauteur de son visage.

-Eva, c'est complètement horrible la manipulation que tu as subis. J'ai besoin de fracasser la gueule à Maxime jusqu'à le tuer mais on va se retenir. Je veux pas aller en prison pour sa pomme. Je vais t'aider à te venger. Mais le plan de Hélio est un peu pourri comme rôle pour toi, t'es prête à faire ça? Ça peut te marquer à vie Eva! Tu peux avoir des remords!

Il marque une pause, et j'en profite pour répliquer:

-Il m'a fait souffrir et a manipulé mes sentiments et mon corps. Je suis déjà marquée et je peux pas l'être davantage.

Il saisit ses légumes avec sa fourchette et les portes à sa bouche. Il mâche d'un air d'automate, songeur, et bidouille sa cuillère qu'il s'amuse à faire refléter avec les lumières du plafond sur celui-ci. Un petit faisceau lumineux se promène au plafond et je ne le quitte pas des yeux.

-Mange, marmonne-t-il. Ça risque d'être chaud, et tu as besoin de fer pour ta mémoire.

-Futur S, ricanais-je.

-Pas du tout, réplique-t-il. Futur STMG, dit-il en appuyant bien sur le nom de sa future filière.

Je baisse les yeux vers lui, surprise.

-Tu te moques de moi?

-Je veux devenir handballeur pro Eva, peu importe la filière je veux privilégier mon sport.

J'incline la tête, signe d'approbation.

-Tu as raison, Hector. C'est sympa la STMG. C'est juste un cliché.

Il semble heureux de ce que je lui sors, et je décide de goûter à mes légumes pour amplifier la luminosité de son regard. Au final, j'y prends goût et me régale.

C'est presque aussi bon que ma vengeance, dis donc!

Le plus beau du lycée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant