Apophtègme II - Ne pas tuer

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"Après avoir rencontré un étrange garçon aux cheveux blancs, notre héroïne revient au village pour sauver son petit frère, toujours sous la menace des missionnaires. Seulement l'inconnu n'en fait qu'à sa tête et se transforme..."


                 

Les missionnaires virent, sous leurs yeux ébahis, un ours blanc se dresser devant eux. La bête rugit à s'en décrocher la mâchoire, et, bien plus que les officiers, le village tout entier frissonna de terreur.

    Paniqués, les missionnaires voulurent s'enfuir mais le mastodonte les acheva d'un grand coup de griffes avant qu'ils n'aient le temps de faire quoi que ce soit. La jeune fille était tétanisée par le spectacle qui s'offrait à elle. Elle s'approcha machinalement des corps sans vie qui gisaient à présent sur le sol alors que l'ours redevenait peu à peu un jeune homme:

-          Pourquoi les as-tu tués?! S'exclama-t-elle. Ils allaient partir de toute façon!

-           Ah oui?! Et que crois-tu qu'ils auraient fait une fois partis?! Ils auraient prévenu leur supérieur, fillette!

Elle allait répliquer quand elle entendit son petit-frère gémir. Elle se précipita vers lui pour l'aider à se relever. Il arborait un large sourire alors qu'il tendit, de sa main tremblante, le petit objet qu'il avait reçu plus tôt:

-          Grande sœur, regarde, j'ai eu une boussole!

Elle éclata en sanglots en serrant fort le petit garçon dans ses bras.

   La mère Francine, doyenne du village, s'avança vers la jeune fille et lui dit d'une voix à la fois douce et effrayée:

-          Ma fille... Je suis désolée mais... Toi et cette... Chose allez devoir partir...

Je ne suis pas une "chose", vieille bique, je suis un être humain, sans parler que c'est moi qui vous ai sauvé à l'instant alors ne m'insulte pas si tu tiens encore à la vie... Intervint le jeune homme.

-          Parle avec plus de respect pour la doyenne! Ordonna la jeune fille au garçon.

-           Ce n'est pas grave ma fille...

-          Enfin... Je comprends, c'est parce que j'ai enfreint "Le Dogme"? Demanda-t-elle.

-          Oui, pars et reste en vie...

-          Au revoir mère Francine.

Elle prit son dit frère par la main, lança un dernier sourire à son village puis elle, son frère et le garçon tatoué "F" quittèrent le bourg.
Arrivés en bas de la colline, la brune lâcha sans se retourner:

-          Tu as bien dit que tu n'avais pas de nom? Alors je vais t'appeler "Break" parce que tu as détruit ces vies.

-          C'est pour que je m'en souvienne, n'est-ce-pas? ... Tu n'as pas idée de ce que j'ai dû faire pour survivre, ces vies ne représente rien pour moi mais soit, pour toi je serais Break.

Cette dernière remarque eut l'effet de les refroidir immédiatement.
    Après quelques minutes de marche, le jeune aux cheveux blancs s'arrêta:

-           C'est ici que nos chemins se séparent.

Puis il partit sans se retourner.

  Ni la jeune fille ni son dit frère ne pouvait survivre seul dans la forêt. Dans les premiers temps, la demoiselle et le garçonnet se nourrirent des seuls petits fruits qu'ils savaient comestibles puis la faim commença vraiment à les consumer. Les petits fruits se firent bien plus rares et le froid épouvantable qui régnait en parfait dictateur de la forêt les affamait davantage.
    Un jour, ce fut à peine deux semaines après que l'adolescent les ait abandonnés, le petit brun se plaignit de terribles maux de tête. La demoiselle qui n'y connaissait pas grand chose en médecine ne pût rien faire pour lui. Ça empira.
Il avait parfois des absences, elle le secouait, folle de panique, pour le faire revenir à la raison. Cette fois là, le garçon se mît à pleurer de douleur:

Le DogmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant