Prologue

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La nuit était déjà bien tombée et on pouvait clairement entendre le hululement des hiboux ainsi que les striations incessantes des criquets de la forêt entourant le village. Le froid de l'hiver se donnait à cœur joie de faire frissonner les dormeurs qui, pour la plupart, ronflaient à même le sol. Il y avait pourtant des logements dans ce villages, plusieurs vieilles bâtisses l'ornaient plutôt joliment mais celles-ci leurs étaient interdites. Réservées aux missionnaires par leurs temps de passages. C'était écrit dans "Le Dogme" et jamais personne n'oserait si opposer. "Le Dogme" avait le pouvoir, il était tout puissant, c'était sans conteste bien plus leur Dieu que leur doctrine... Tout le monde s'y opposait mais tout le monde le vénérait; une forme de pharisaïsme dont la bourgade entière était atteinte. Ces villageois ne vivaient pas, ils survivaient et c'était d'autant plus vrai qu'aucun habitant ne dépassait la trentaine d'années.

Dans cette sombre nuit, sombre vérité, un petit garçon pris de violents spasmes nocturnes de réveilla en sursaut. Il chercha, comme par automatisme, sa grande sœur des yeux mais ne la trouva point. Il se dit qu'elle était sûrement partie se rafraîchir au puit et qu'elle n'avait pas voulu le réveiller pour l'en informer. Ça arrivait souvent, la jeune fille n'arrivait à se détendre que lorsque la lune était haut perchée, pourtant, elle adorait tous les aspects du ciel mais sa facette obscure était de loin sa préférée.
Le petit garçon qui n'arrivait pas à retrouver le sommeil se leva et commença à marcher en direction de la bibliothèque du village. La bibliothèque était l'endroit le plus spacieux du bourg, elle prenait d'ailleurs la place d'une mairie en plein centre de celui-ci; la raison en ai bien sûr qu'elle abritait "Le Dogme". Toujours est-il que lorsqu'il arriva devant le bâtiment - qui paraissait immense devant sa petitesse - il ne sût d'un coup plus quoi faire. Il était venu pour lire un ou deux contes afin de trouver le sommeil mais l'envie lui était passée sur le trajet, il se résolu donc à aller voir la mère Francine, la doyenne du village. Enfin... Utiliser le terme doyenne n'était pas très correcte puisqu'elle n'avait en réalité que trente-cinq ans mais pour eux, atteindre cette âge relevait du miracle et puis il fallait dire que ses cheveux qui commençaient précocement à blanchir ne l'aidaient pas à paraître plus jeune. Les villageois la considéraient donc comme leur mère et elle était la première qu'ils allaient voir lorsqu'ils avaient un soucis à gérer.
Le garçonnet alla donc toquer à la porte de sa chambre - et elle était une des rares à en posséder - et secoua doucement la femme pour la réveiller:

" - ... Ewan... Qui a-t-il, mon enfant?
- Je ne peux pas dormir mère Francine et ma sœur n'est pas revenue...
- Je vois... Je vais te donner quelque chose Ewan mais ne dis rien aux autres, ils risqueraient d'être jaloux."

Elle se leva pour chercher dans un de ses tiroirs une petite boussole reliée à une chaîne argent. Derrière, deux lettres étaient gravés: E.H. Il n'en connaissait pas la signification mais peu importait, il était fasciné par l'objet.

Assise devant l'unique puit du bourg, une jeune fille regardait le ciel resplendir dans toute sa majesté. Elle le trouvait magnifique, il la transportait. Elle avait toujours été de nature fleur bleu, son rêve le plus fou était de sortir du village et d'explorer le monde entier, malheureusement, celui-ci lui était inaccessible. Elle était comme une princesse enfermée dans sa tour sauf qu'elle n'avait rien d'une princesse et que la tour était un village à l'allure de morgue. Elle aurait pourtant aimée être une princesse: riche et jolie avec des centaines de robes et de bijoux mais elle n'en était pas une, elle était bien, bien loin d'être riche et n'était pas non plus très jolie. Elle aurait pu être belle mais elle était beaucoup trop pâle et beaucoup trop maigre. Ses joues creusées et son teint blanc la faisait ressembler à un vampire.
Elle se sentait seul dans son petit village, il n'y avait personne de sa tranche d'âge, personne qui partageait ses passions, personne pour la comprendre. Elle n'était pas malheureuse pour autant, son petit frère la comblait de joie et les habitants du bourg étaient tous très gentils seulement elle ne trouvait pas ici un sens à son existence et parfois elle pensait même que la seule issue possible était la mort mais elle chassait bien vite cette idée de son esprit pour ne pas sombrer dans la dépression. Elle cherchait juste une porte de secours, un but à sa vie, quelqu'il soit.

Un hurlement sourd résonna, à l'écoute, il provenait certainement de la forêt par contre il était plutôt spécial, on aurait dit... Un ours?
A l'entente de ce cri, la demoiselle se dit qu'il était plus que temps de rentrer et se mît, le cœur lourd, en route vers sa paillasse.

Lorsque le jour se leva, le petit Kylion fut le premier debout. Il se levait toujours aux aurores pour apercevoir la lune échanger sa place avec le soleil. Le garçon avait la particularité d'être à la fois le plus jeune du village mais aussi et surtout le seul à ne pas être arrivé à la naissance. Il était entré pour la première fois au village à l'âge de quatre ans et il n'avait absolument aucun souvenir de sa vie d'avant. Pour lui ça ne changeait rien, il était trop jeune, mais les gens jasaient beaucoup là dessus, ils se posaient bien sûr beaucoup de questions.
Il se dressa sur la pointe des pieds pour atteindre un angle où il verrait le soleil et finit par l'entrevoir entre deux cabanons. Le spectacle était merveilleux, la teinte rosée du ciel lui donnait envie de danser. Décidément, il aimait vraiment ce défilé du matin!
Son bras le grattait mais il ne fallait pas qu'il touche, ça risquerait de s'infecter. C'était une sensation très désagréable, il se demandait comment les autres faisaient pour la supporter. Lui en tous cas, il la supportait mal.
La neige commença à tomber sur le bourg pour finir en torrent blanc. Il était fatigué, il n'aimait pas la neige, elle lui brûlait la peau, s'il avait pu, il aurait retiré la neige des intempéries.

Un râle animal retentit de nouveau tandis qu'une colonie d'abeilles élisait domicile sur la façade de la mère Francine. Une grosse mygale se trouvant à proximité s'avança vers la ruche à peine construite et dévora les petites bêtes, qui n'avaient pourtant rien fait de mal, à l'intérieur. Elle les dévora toutes.


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Merci d'avoir lu!

J'espère que ce prologue vous aura plu et que vous avez envie de lire la suite !
Si c'est le cas, je vous retrouverai dans le premier chapitre qui sera là bientôt ^^

D'ici là, je vous dit merci et à plus <3

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