OS Sans titre

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Les larmes aux yeux je te regarde. Ces dites gouttes d'eau salées roulent une à une sur la peau fine de mes joues. Elles roulent, coulent et tombent sans que je ne puisse leur en empêcher. Elles finissent leur trajet sur le sol de béton sur lequel nous nous tenons tous les deux un en face de l'autre. Le sol dur est le lieu d'attérissage des mes larmes. Autrefois complètement sec, il est maintenant parsemé de quelques fines gouttes d'eau, non pas causées par la pluie, mais par moi. Le gris claire du béton devient gris marbre à seulement quelques petits endroits. Je baisse le regard n'osant pas affronter le tien qui est aussi dur que le béton du trottoir sur lequel nous sommes debout en face à face, tel les tireurs qui s'affrontent dans les films westerns. Je regarde mes pieds vêtus de mes bottes noires.

Tu me dis de te regarder lorsque tu me parles, le ton que tu utilises est aussi tranchant que milles couteaux aiguisés à la perfection. Le ton que tu prend est aussi ferme que ton regard et aussi dur que ton coeur de pierre. Je préfère nettement regarder mes larmes imbiber le béton que d'affronter ton regard et par le même fait la honte que j'éprouve.

Tu attrapes fermement mon bras, ta poigne est aussi forte que le son de mon coeur débattant à vive allure. La douleur poignante que ta prise sur mon bras engendre me fait geindre de douleur, attirant sur moi le regard curieux et méfiant des passants. J'ai beau te dire de lâcher ta prise, tu n'écoutes rien. La colère que tu éprouves à ce moment me fait craindre le pire. La rage montant en toi prête à exploser tel un volcant au bord de l'éruption est amplement efficace pour me faire paniquer.

Tu me traîne jusqu'à ta voiture aussi noire que l'ébène, aussi sombre que ta colère. Brusquement tu lâches ta poigne de fer autour de mon bras me bousculant un peu. Tu me hurles d'entrer dans le véhicule à moteur qui produit un bruit incroyable lorsque tu le démarres. Intimidée, j'y entre la tête aussi basse que ton niveau d'estime envers moi. Plus qu'enragé, tu tournes la clé de démarrage, le contact ne se fait guère et le moteur ne se met point en marche. Tu réitère ton geste, avec succès cette fois et appuies sur la pédale de l'accélérateur manquant faucher un piéton au passage.

L'angoisse se loge au creux de mon estomac et l'appréhension ne fait qu'augmenter mon angoisse et mon envie de me jeter hors du véhicule afin d'éviter quelconque réprobation face à mes habitudes. Tu ne fais que secouer la tête de gauche à droite puis de droite à gauche en soupirant. Puis tu me dis la phrase qui tue "Qu'est-ce que ta mère va en penser?". Ces mots me font peur. Aussi peir que le vide. La peur se loge dans ma gorge et fait un noeud à l'aide de mes cordes vocales. Ma voix grave se brise alors que j'essaie de parler. Mes pleures redoublent d'ardeur lorsque je vois au loin notre petite maisonnette.

Mon père me fait sortir de la voiture, ma robe noire se fait happer doucement par le vent. Elle bouge légèrement au rythme de la brise d'octobre. J'essaie de retirer ma grande perruque aussi noire, mais mon paternel m'en empêche.

Je ne veux pas avoir à expliquer à ma pauvre mère ce que leur fils est. Je ne peux pas leur expliquer. Face à ma mère, je me dégonflerai. Mais j'aurai pas autre choix de leur expliquer, tenant compte de ma tenue actuelle.

Je pousse la porte au ralenti en croyant que ça va retarder ce moment fatidique. J'appréhende grandement sa réaction. Ma pauvre mère ouvre la porte. Son sourire habituel fond. Son expression change tout comme le rythme de mon coeur. Il bat tellement fort que j'ai l'impression qu'il va exploser, qu'il va sortir de ma cage thoracique. J'ai l'impression que mes jambes vont fléchir à tout moment. Je tremble tant qu'on pourrait croire que je suis une feuille perturbée par le vent. Ma mère, incrédule, détaille chaque partie de mon habillement. Puis mon père hors de lui me bouscule à l'intérieur de notre maison. Il hurle, elle hurle. Je pleure. Je suis née homme.

Mais je suis une femme.

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Bonjour tout le monde.

Petit OS rapide, je voulais simplement pratiquer mes descriptions dans mes textes. N'hésitez pas à me donner votre avis, commenter, voter et vous abonner. :) Merci ^^

OS Recueil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant